EXTRAIT :
« Tant qu’il fut physiquement en état de le faire, H. G. revêtit un casque de volontaire et prit son tour de surveillance des incendies depuis le toit de Hanover Terrace, en partie par devoir patriotique et en partie par sollicitude personnelle pour le tapis d’Aubusson de son salon. Il éprouvait aussi une sombre satisfaction à se trouver en quelque sorte aux premières loges pour observer l’accomplissement de la prophétie qui avait été la sienne dès 1908, dans son roman La Guerre dans les airs, selon laquelle les guerres futures seraient dominées par la puissance aérienne et les villes et les populations civiles se verraient détruites par des bombardements systématiques. Force était de constater qu’il s’était trompé en imaginant que cette stratégie serait mise en oeuvre principalement par d’énormes dirigeables, aussi gros que des paquebots, plutôt que par des avions, mais étant donné l’état de la technique aéronautique en 1908, l’hypothèse n’était pas si extravagante, et ne sembla certainement pas telle quelques années plus tard quand les zeppelins allemands apparurent dans le ciel nocturne au-dessus de l’Angleterre. «
AVIS :
Lorsque l’on termine ce roman, plusieurs adjectifs nous viennent en tête : ambitieux, déroutant, indéfinissable…« Un homme de tempérament » est le nouvel ouvrage d’un auteur prolifique et mondialement connu, David Lodge. Grand écrivain britannique, il a décidé, via ce livre, de dresser le portrait d’un autre grand écrivain : H.G Wells. Qui ? Son nom ne vous dit peut être rien, jeunes que vous êtes, mais ce n’est rien de moins que l’auteur de « La Guerre des Mondes » ou « La machine à remonter le temps » : a.k.a un des plus grands écrivains d’anticipation.
Derrière chaque homme, il y a une légende. H.G. Wells ne manque pas à la règle puisque ses écrits ne se bornaient pas à la science fiction, mais avaient des connotations politiques, sociales et revendicatrices. Il représente à lui seul tout une époque de l’histoire britannique et c’est ce que David Lodge, britannique lui même, tente de démontrer à travers ce roman.
En s’attachant aux relations d’H.G Wells avec les multiples femmes de sa vie, D. Lodge dresse le portrait d’un écrivain en avance sur son temps et fou de désir pour toute source de plaisir.
Comme nous le disions plus haut, ce livre est ambitieux. C’est ce qui ressort de la majorité des avis. Comme très souvent, « Un homme de tempérament » est à la croisée de la biographie et du roman, se frayant un chemin comme il peut et la plupart du temps brillamment. Le terme « ambitieux » vient probablement aussi du fait que le livre est ce qu’on appelle communément un « pavé », un énorme livre qui ne se lit malheureusement pas rapidement. Chez WTFRU, nous ne vous mentirons pas, « Un homme de tempérament » n’est pas à la portée de n’importe quel lecteur. Il faut une certaine habitude pour réellement s’investir dans ce « pavé », tout en qualité certes mais également en longueur.
De même nous vous parlions de tout cet aspect déroutant du roman, et des précisions sont à apporter sur ce terme. Le dernier succès de David Lodge est le roman « La vie en sourdine », paru en 2008, véritable best-sellers dans plusieurs pays. Le synopsis du dit roman est simple : un universitaire d’un peu plus de 60 ans est atteint de surdité très prononcée. Sujet grave s’il en est, mais ce qui a enchanté les lecteurs, c’est l’humour avec laquelle D. Lodge traite le sujet. Balayant le suicide, la maladie d’Alzeimer, la mort et tout autres thèmes fort plaisant, il faut le dire, l’auteur transforme « La vie en sourdine » en un antidote à la dépression.
Avec « Un homme de tempérament », D. Lodge rentre dans un humour plus noir, plus nonchalant et un peu moins anglais. La vie d’H.G Wells est passionnante, et ses relations avec les femme sont sans conteste matière à dissertation, mais ce que D. Lodge en fait a de quoi surprendre, et, pour ces fervents admirateurs, dérouter.
Au final, c’est un bilan mitigé que l’on vous propose. David Lodge est un grand écrivain, et « Un homme de tempérament » est un roman intéressant dans sa construction et son sujet. Il apparaît une trop grande différence avec ses romans précédents, cependant il est important de souligner le « courage » d’un tel changement de cap. Au final, nous ne savons pas réellement si ce livre doit finir dans votre bibliothèque.
Notre proposition est la suivante : si vous êtes fan de H.G. Wells, lisez ce livre.
Si vous êtes fan de David Lodge, lisez le résumé, les premières pages et jugez par vous même.
Si vous ne connaissez pas David Lodge, que pour vous la « Guerre des Mondes » est seulement un film de Steven Spielberg avec Tom Cruise et ses yeux exorbités, évitez.