A l’occasion de son exposition à la Maison Européenne de la Photographie, nous avons voulu poser quelques questions à Dominique Issermann. Cerner davantage l’univers sensuel et mystérieux d’une grande photographe.
Votre exposition actuelle à la M.E.P présente une série de photographies de Laetitia Casta prise aux thermes de Vals. Quelle relation concevez-vous entre le corps de la femme et l’architecture?
C’est le thème-même de ce livre qui fait suite à celui que j’ai réalisé avec Anne Rohart au Château de Maison-Laffitte en 1987 : une femme nue traverse un bâtiment exceptionnel.
Pourquoi Lætitia Casta?
Comme avec Anne Rohart , j’ai travaillé une dizaine d’années avec Lætitia Casta avant de faire ce livre. C’est comme une chorégraphie qui se serait forgée naturellement après de longues heures de travail et pour laquelle je cherchais un lieu. Je n’ai pensé à personne d’autre.
Un lieu, un corps de femme, nu. Que cela vous évoque-t-il?
Je ne sais pas vraiment, je n’ai fait que deux livres et à chaque fois sur ce thème. J’aime l’architecture, je ne sais peut-être la photographier qu’avec un être humain s’y inscrivant comme une évidence, j’aime la proportion du corps dans un lieu vaste.
Votre image de la femme est-elle influencée par les milieux pour lesquels vous êtes amenée à travailler (mode, luxe, publicité)?
Le contraire serait mieux… mon image de la femme influençant le milieu… mais présomptueux… Mais on est toujours pétri par le milieu, même si on se détache de la norme.
Vous considérez-vous comme féministe?
Oui .
Quelles sont les femmes qui vous accrochent?
Marguerite Duras, Jeanne d’Arc , Marylin Monroe, Ingrid Bergman et les millions de femmes qui mènent chaque jour une vie de résistance héroïque.
Quel rapport entretenez-vous avec l’autoportrait?
J’en ai fait quelques uns, sans plus, et maintenant j’évite les miroirs ….
Pourquoi le choix du noir et blanc?
Je n’ai même pas pensé à faire de la couleur…
Quel rapport entretenez-vous avec votre appareil photo?
Je me souviens de l’émerveillement devant le premier Rolleiflex, le premier Hasselblad, les Leica magnifiques, toutes ces belles machines qui faisaient de beaux clic-clac et on entendait la pellicule s’accrocher. Maintenant les appareils numériques ne me font pas cet effet, à part l’iPhone.
Le numérique a rendu accessible la photographie au plus nombre et internet a permis sa large diffusion. Pensez-vous que le “savoir regarder” peut survivre à une telle profusion d’images?
Oui, pourquoi non ? l’écriture littéraire n’a pas disparu avec le stylo Bic…
Quels sont les artistes, peintres, photographes, cinéastes qui vous inspirent?
Ingmar Bergman, Antonioni, Rilke, Eisenstein, Steichen.
Photographies : © Dominique Isserman
Portrait de Dominique Issermann : © Sean Bolger
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Lætitia Casta
du 18 janvier au 3 mai 2012
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy
75004 Paris
Remerciements chaleureux à Dominique Issermann pour son temps et sa disponibilité
et à Aurélie Garzuel