Magazine Journal intime

Où il est question de rouge à lèvres, d’un angle mort et d’un tourbillon!

Par Vivresansargent

Lundi 27 Février : C’est la reprise !

Après quelques jours de « vacances » en ville, je reprends mon sac, je reprends la route et je reprends la plume. Je vais également tâcher de prendre : mon temps, mes jambes à mon cou, la vie du bon côté, les choses dans l’ordre, de la graine, en considération tout un tas de trucs, du recul et, congé.

Depuis le 23 Novembre dernier, je vis à la campagne. Les arbres et les cochons sont mes voisins. Depuis quelques jours, à Nantes, j’ai fait une croix sur les arbres mais pas sur les cochons, ça grouille. Toujours est-il que j’aime la ville, malgré tout. J’aime me balader dans les rues, seul. J’aime me caler sur la banquette d’un bar, commander un café noir, lire un journal et me noircir les doigts. J’aime allumer mon ordinateur et empiler des lignes, tel un « Tétris adict », sur la page blanche et virtuel de mon écran. J’aime l’ambiance de certain bar. Aujourd’hui, à l’heure d’écrire cette (ou 9) ligne, une chanson folk passe sur les ondes, la machine à café fait spchiiiiit, la patronne empile les soucoupes des tasses de café en faisant un bruit bien particulier, le moulin à café se met à mouliner, la fille assise en face de moi fronce les sourcils en lisant des documents. Elle me semble être une working girl qui work un max ! Mon instinct me dit qu’elle est dans l’immobilier. Il m’a semblé entendre du vocabulaire immobilistique (j’fais c’que j’veux, hey neuneu!) lors de sa dernière conversation Iphonique (fais c’que j’veux, te dis-je!).

J’entends Philippe, le serveur, qui réclame: « Un crème, deux 1664 et un noir ! ». La musique est toujours bonne (Jean-Jacques, si tu me lis, je te salue!) et la fille assise en face de moi, aussi (je sais, c’est limite mais ça m’amuse moi!). C’est grâce, ou à cause, du rouge que la fille assise en face de moi, a sur les lèvres. Il fait son effet.

Je connais la date de la reprise de mon voyage itinérant sans argent . Jeudi prochain, le 1er Mars, je pars pour le Limousin, en Corrèze. Si tout se passe bien, je serai à Treignac jeudi en fin de journée. Je vais faire un covoiturage jusqu’à Limoges et de Limoges à Treignac, du stop, pour environ une centaine de kilomètres. A partir de Limoges, je vais reprendre ma vie sans argent. Après quelques jours de vie « normal » à dépenser un max, j’ai hâte de reprendre mon périple de SDFV (Sans Domicile Fixe Volontaire). Depuis quelques mois, cette (ou 6, comme tu veux !) vie m’offre de nombreux cadeaux. Je n’ai jamais été aussi riche que depuis que je vis sans argent. Choisir ses contraintes n’est-il pas le plus grand des luxes ? J’ai hâte de reprendre la route, hey biloute !

PS : La fille au rouge sur les lèvres se nome Noémie et c’est bien une Working girl ! Mon instinct s’est juste planté sur je job en fait, elle est dans le make up !

Mardi 28 Février :

Je rebondis sur les derniers mots d’hier. J’ai une autre bricole qui me vient à l’esprit et je veux t’en faire part. Et si toi, t’as pas envie que je t’en fasse part et bien pars (fait), hey jobard ! Depuis quelques mois, donc, je vis avec pas grand chose. En fait tout ce que j’utilise se trouve dans mon sac à dos et ça me va bien. En fait, c’est ça le truc qui a changé ces derniers temps et c’est ça, justement, dont je veux te faire part. Depuis peu, j’ai décidé de me contenter de ce que j’ai et d’arrêter de fantasmer sur ce que je pourrais avoir. Je me suis rendu compte que j’étais le seul responsable de mon insatisfaction permanente, de ma frustration permanente et de mon mal être, lui aussi permanent. Je me suis rendu compte que je passais mon temps à vouloir ceci ou bien à vouloir cela. Je me disais constamment que ma vie serait bien mieux si j’avais ceci ou bien cela. Si je pensais, par exemple, que ma vie serait nettement mieux avec une voiture, alors ma vie sans voiture était toute pourrie, point ! Et je me suis rendu compte que quand, parfois, j’obtenais ce que je désirais, immédiatement, je désirais autre chose, ce qui avait le don de m’empêcher de jouir de ce que je venais d’obtenir. Une fois la voiture obtenue, par exemple, il fallait qu’elle soit diesel plutôt qu’essence, break plutôt que berline, avec un rétro spécial angle-mort plutôt que sans (hey les filles, laissez tomber ces termes techniques!) qu’elle aurait été mieux rouge plutôt que blanche ou encore, qu’avec trois volants et huit pots d ’échappement, elle aurait été vraiment top ma caisse !

Je me suis rendu compte que je courais après quelques chose d’inatteignable.

J’ai découvert le contentement ! J’ai découvert que plutôt que de vouloir toujours plus, j’avais le droit et la possibilité de me satisfaire de ce que j’avais déjà. Je me suis rendu compte que de me plaindre constamment de ma vie était comme cracher au visage des 9/10ème des habitants de la planète. Et, la plus grande découverte a été de constater que le contentement est applicable à tout les niveaux de la vie, tousse, euh… tous ! Je pratique donc le contentement et ma vie change peu à peu. Je passe d’une frustration toujours plus grande à une satisfaction chaque jour plus…satisfaisante. Il est d’ailleurs quelque peu rigolo (si tu rigoles pas, c’est que t’es triste comme une pierre ! Et si t’es triste comme une pierre, ne t’aventure pas sur la surface d’un lac, la ramayade, euh…la noyade, pardon, te guette, hey Huguette!) de constater que dans le mot contentement, on peut lire le mot content. L’étymologie n’est pas une science du hasard (même si y’a bien un mec ou deux pour remarquer que dans le mot content on peut y lire le mot tent…Si t’as pas compris, c’est que tu dois en être on, euh…en être un, pardon (j’l'aime bien celle là, un peu merdique mais rigolo, non ?)!

Tout ça pour dire que je pratique le contentement et que je conseille (là aussi on peut lire le mot seille!) à tout insatisfait (les insatisfaites sont également concernées!), de découvrir ce que j’ai décourouge, euh…des couverts, euh…découvert, v’la qu’ça m’reprends, Jean  (un artiste ce Jean!) !

Vendredi 2 Mars :

Me voici sur les terres de Chirac et de Hollande, la Corrèze ! Le voyage de Nantes à Treignac à été parfait jusqu’à Limoges. Ensuite ça c’est corsé. Surtout pour Karine, la fermière de Treignac.

Pour arriver sur Limoges, j’ai fait du covoiturage. Charlotte, la conductrice, avait un entretien d’embauche dans une zone industrielle de Limoges. Déjà que Limoges city ne jouit pas d’une réputation très glamour, alors imagine les zones industrielles de Limoges ! Le stress de l’entretien d’embauche et surtout le manque de temps devant elle à fait que je me suis retrouvé comme limogé (facile, n’est-il pas?) de ma place de passager et débarquer sur le parking du centre commercial Cora, gloups ! Impossible de faire du stop, trop compliqué, trop hasardeux. Il aurait fallu qu’elle me sorte de la ville. Mais je comprends, ce n’était pas sa priorité et elle se serait mise en retard.

Toujours est-il que quand j’appelle Karine pour lui dire que je suis bloqué à Limoges, elle me dit, comme elle m’a dit quelques jours plus tôt que c’était du domaine des choses possibles, qu’elle va venir me chercher. Mais je sens que ça pique un peu. Je comprends, il y a une heure de route quand même ! J’espère que ça ne va pas mettre notre futur relation de guingois ! Qui vivra verra !

Samedi 3 Mars : 3 Mars et ça repart !

Karine et son homme Tony nous viennent de Belgique, de Bruxelles. Leur accent chante doux à mes oreilles. Mille et un souvenirs de l’année vécue là-haut me reviennent en tête au point de la faire exploser. Un de ces souvenirs tente de s’enfuir. Je le rattrape par le bout de son « s » et, en guise de sanction, pour lui apprendre à rester à sa place, je l’étale en place public : Il est 9h87, c’est dimanche, je suis sur la terrasse d’un troquet, je savoure mon huitième café et j’ai froid aux mains. Sur la place du jeu de balle, chaque dimanche, il y a un grand marché aux puces. Un vrai capharnaüm. Dans ce fourbi on y trouve pêle-mêle : coussins, chaussures, lampes, tableaux, vaisselles, radio, stylo, poupées de cires et même de son, canapés, radiateurs, rats d’Iateur, peaux de bête, vieux disques, fer à repasser (alors je repasserai plus tard !), guitares et autres tambours. On trouve même du fil à couper le beurre et aussi l’argent du beurre, des parchemins, des ciseaux, des calendriers, de l’huile, des portes-clés, du vins, du Boursin et même des vélos ! Et devine quoi François ! C’est d’un vélo dont j’ai besoin ! Ma mission du jour : dégoter un vélo pas trop cher.

Je me lève (et je bouscule mon voisin), je paye mon café et, plein de courage, pour d’une part, trouver un vélo pas trop pourri et d’autre part, affronter mon futur vendeur qui, comme tous les vendeurs de ce bordel sont de vrais tchatcheurs (Margaret), je me dirige d’un pas décidé vers ce tourbillon devant moi que l’on nome marché aux puces. Après 0,3 kilomètres parcouru, ce qui représente ¼ de la matinée ce qui, en partant du principe que la matinée commence à 8h et qu’elle se termine à 12h, représente une heure, je trouve un stand avec un tas de vélo d’occasion ! Je fouille et déniche un truc qui fera l’affaire. J’inspecte, je tâte, je retourne, je secoue, je soupèse, je freine, je fais tourner la roue avant, je fais tourner la roue arrière, je fais tourner les serviettes, je constate, je juge, j’évalue, je conclu : Combien m’sieur !

Avec mon petit vélo à 35 euros je fais environ 666 mètres et là, patatra, le pneu arrière explose ! Je fais demi-tour, fou de rage, et je pars à la recherche de mon stand et de son tenancier histoire de lui compter l’histoire de France ! Le turque, euh… le truc, c’est que dans un marché comme celui-là, les stands sont les uns sur les autres et se ressemblent tous ! Devine quoi, je n’ai jamais retrouvé ni Ostand, euh…le stand, pardon, ni le vendeur ! Les boules !

Mais, pour que le souvenir soit complet, je dois raconter comment l’histoire s’est bien terminée. J’ai trouvé un autre stand et j’ai retourné le p’tit jeune qui le tenait. J’ai échangé mon vélo tout à plat et un billet de 10 euros contre un putain de vélo de course qui lui, durant toute l’année, m’a rendu de nombreux services. Et même qu’avant mon retour en France, je l’ai revendu. Soit, un carrément super génial chouette bon vélo pour 45 euros, revendu 30 ! Une super affaire, hey Prosper !

Bon, après cette petite histoire de puces je reviens à mes fermiers Belges, une fois !

Leur activité principale est la culture de petits fruits rouges. Ils ont du cassis, des myrtilles, de la framboise, des fraises, du sureaux, de la groseille et deux ou trois autres fruits dont j’ai oublié le nom. C’est une grosse production. Il peuvent récolter jusqu’à 8 tonnes de produits parents, euh… par an. Autant dire que l’été, période de la récolte, ça ne chôme pas ! Ils embauche une quinzaine de personnes durant cette période pour être sur tous les fronts en même temps. Ils congèlent quasiment la totalité de la récolte et ensuite, tout au long de l’année, ils fabriquent des produits dérivés comme la confiture, du coulis et autres nectars qu’ils revendent en direct. Ils ont également un élevage de petites vaches Galloway au poil long, adorables ! Le tout certifié « Bio » bien entendu !

Cette après midi, mission « taillage d’arbustes » ! Tony, sa fille Louise et moi ont va aux cassis. Karine, elle, va aux myrtilles. La taille, c’est pas si simple. Oh que non ! C’est même carrément complexe ! Avant chaque coup de sécateur tu dois cogiter un max. Tu dois observer l’arbuste, observer la branche et ses multiples ramifications, comprendre le flux de la sève et raisonner en terme d’énergie ou de force que la taille contraint et contient dans le but de faire pousser telle ou telle branche prometteuse. C’est pas comme quand tu fais plaisir à ta femme, ça n’a rien avoir avec le hasard. Non crois moi, la taille c’est complexe. En plus, il y a une part d’interprétation. Deux bons tailleurs ne couperont pas exactement pareil un même arbuste. Je me colle donc au taillage du cassis et lentement mais sûrement, grâce aux bons conseils de Tony, j’apprends à tailler le cassis. Louise, qui a 11 ans, nous abandonne au bout de 26 minutes et je la comprends, elle est en vacances ! Tony et moi, sous un soleil de dingue (19°), taillons et taillons encore l’après-midi durant avec, pour rythmer notre travaille de coupe, le bruit rigolo du pic-vert qui, pas très loin de nous, creuse son nid à même le tronc d’un arbre qui lui plaît bien. C’est la première fois que j’entends ce son la et ça me plaît bien.

Dimanche 04 Mars :

Je suis ravi d’être de nouveau sur les routes, à la découverte de mon pays. Je suis quand même mieux là que devant mon poste de télévision, à vivre ma vie par procuration !

Voyagez plus pour vivre plus !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vivresansargent 2031 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte