Le baryton L'Oiseleur des Longchamps, montant sur ses grands chevaux, peut s'enorgueillir pour sa part d'avoir remporté haut la note son pari : il nous offre dans ce CD Hybrid Music une passionnante et originale thématique autour du cheval - la plus noble conquête de l'homme étant une de ses passions. Le livret louange d'ailleurs chaleureusement sa fidèle monture, Son Altesse Équinissime Émir du Rû de la Brousse. Quel récital insolite, surprenant, foisonnant ! Émouvant même : la coexistence de mélodies "sérieuses" et de chansons populaires y coule en effet de source, elle est l'évidence même. L'Oiseleur tutoie Duparc, Saint-Saëns, Chausson, Brassens, Aufray, Chopin... avec aisance. Récusant toute facilité et artifice, il distille une exquise poésie servie par sa voix ductile, agile, aux inflexions tendres et suaves. Timbre aurifère et émission franche : ce Liedersänger attachant ose de subtiles et impalpables nuances, voire un pianissimo mezza voce (Cancion de Cuna de Revueltas). Il est un roi qu'on salue bien bas au passage, au point qu'il faudrait citer toutes les mélodies de ce recueil ! À commencer par les envoûtants Centaures de Patrick Loiseleur (d'après Marguerite Yourcenar), et bien sûr le regretté Olivier Greif, autre génie protéiforme et singulier, à la mémoire duquel L'Oiseleur est visiblement très lié. Souvenons-nous du brillant et passionnant concert du 7 janvier au Conservatoire de la Rue de Madrid, mettant à l'honneur ce compositeur trop tôt disparu ; auteur d'un cycle post-romantique, tourmenté, voire torturé, d'après Heinrich Heine.
Du présent album, plusieurs autres perles ont enchanté notre oreille : le Petit cheval blanc de Brassens, la burlesque comptine d'Aimé Maillard, les Dragons de Villars, entre Offenbach et un certain Honegger - celui du Roi Pausole - caustique à souhait. Sans omettre la première plage, une mélodie sicilienne aux tonalités rugueuses, âpres et pourtant évanescentes, signée Frédérico Alagna. S'ajoute à tout cela la prestation superlative des sémillants comparses de l'interprète : la pianiste Mary Olivon, ainsi que Mathieu Scala et Frédérico Alagna soi-même, respectivement guitaristes et guimbardiste. C'est dire combien nous guettons la parution promise des volumes II et III, annoncés nantis d'autres raretés (tel l'injustement délaissé Victor Massé, dont L'Oiseleur a déjà honoré le Pygmalion).
‣ Pièces à l'écoute en bas de page : 1) Georges Brassens, Le Petit Cheval Blanc - 2) Patrick Loiseleur, Centaures.
‣ Étienne Müller
‣ La vidéo de présentation des CHEVAUCHÉES LYRIQUES.
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Retrouvez tout prochainement L'Oiseleur en concert : ❛Marcel Proust et la musique. Avec Christophe Maynard. Œuvres de : Beethoven, Debussy, Delafosse, Fauré, Frank, Hahn, Saint-Saens, Wagner ; sur des poèmes de Marcel Proust, Gabriel Vicaire, Robert de Montesquiou, Leconte de Lisle, Paul Verlaine❜ Le 12 février à la Petite Malmaison, Rueil-Malmaison (92).‣ Renseignements complémentaires (ET ACHAT DU DISQUE) sur le site de L'Oiseleur des Longchamps.
‣ Crédits iconographiques - Visuel du CD Hybrid Music - Officier sur cheval cabré, dessin de Charles Parrocel (1688-1752), Musée Magnin de Dijon, © RMN / Thierry Le Mage - Un portrait de L'Oiseleur des Longchamps.