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L’art expliqué aux enfants: Pistoletto nous fait voyager dans le temps (by Stefania)!

Publié le 09 mars 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

Ritratto PistolettoUn portrait récent de Michelangelo Pistoletto

Nous aurons vus tous les médiums de l’art contemporain! Des artistes qui travaillent avec des voitures, des animaux vivants, des BDs, des machines ou des peluches…
Les œuvres dont nous parlons aujourd’hui n’échappent pas à la règle et nous montrent, encore plus, qu’on peut créer de l’art avec n’importe quel matériau, pourvu qu’il y ait derrière l’objet une pensée et un processus.
Quelle était au fait l’idée de Michelangelo Pistoletto, artiste italien des plus célèbres et connu même en dehors de l’Italie?
Observez les tableaux ci-dessous : il s’agit de miroirs sur lesquels l’artiste a collé des éléments fabriqués avec une technique appelée “sérigraphie” qui consiste en une impression sur tissu. Elle permet, comme une véritable photocopie, d’obtenir plusieurs copies d’une même image. Ici, Pistoletto a choisi de représenter surtout des figures humaines, mais on peut trouver toute sorte de représentation dans ses tableaux, des animaux jusqu’aux objets quotidiens.
Même sans lire la date à côté du titre, nous sommes capables de comprendre tout de suite dans quelle époque certains de ces tableaux ont été créés. Faisons un essai: regardez cette fille, assise au sol.

MPistoletto ragazza
Michelangelo Pistoletto, Ragazza seduta per terra (Fille assise au sol), 1962-1967

Comment est-elle habillée? C’est surtout la jupe qui peut vous renseigner: une jupe très courte (mini-jupe) un peu translucide, d’une couleur  très vive. Ce type de pièce était très à la mode dans les années 1960 et 1970, ma mère en avait une qu’elle a malheureusement jetée (sinon je l’aurai portée sans doute!). Et si vous observez ce tableau, vous verrez, même si ce n’est pas très évident, que les vestes des hommes sont un peu étriquées, comme on les portait dans les années 1970. Seulement on ne peut pas voir les pieds des personnages sinon on aurait bien sûr vu des jeans patte d’éléphant, très en vogue dans ces années-là.

Sacra conversazione pistoletto
Michelangelo Pistoletto, Sacra conversazione (conversation sacrée), 1974

Les premiers “tableaux-miroirs” datent, en fait, du début des années 1960 et les derniers sont très récents.
Quelle est donc l’idée qui se cache derrière ces oeuvres?
La première est très évidente, si vous essayez, dans une exposition, d’en prendre une en photo. A moins de choisir un cadrage très en biais, vous resortirez toujours, avec votre appareil photo et votre grimace, sur la photo au beau milieu du tableau. Impossible de prendre une belle photo, je vous l’assure, j’ai essayé plusieurs fois! Les visuels que vous voyez dans cet article ont été pris par des photographes professionnels.

Deposizione pistoletto

Michelangelo Pistoletto, Deposizione (deposition), 1962-1973


Pistoletto se moque, en quelque sorte, de nous. Il veut que le spectateur qui admire le tableau soit inclu dans l’oeuvre, en fasse partie sans même le vouloir, par le seul fait qu’il passe devant. Il appelle ce processus d’”inclusion” l’”autoportrait du monde”, parce que nous tous, nous y sommes représentés comme si un peintre ancien faisait notre portrait.
A nos côtés, en plus des autres spectateurs présents dans la salle d’exposition au même moment, il y a les personnages que Pistoletto a choisi de représenter: la plupart des fois des inconnus, choisis au hasard, mais parfois quelqu’un de bien connu. Lui-même, par exemple, comme ici:

Pistoletto autoritratto
Michelangelo Pistoletto, Autoritratto (autoportrait), 1970


ou parfois ses amis artistes, comme dans le tableau que nous venons de voir avec les trois hommes. Il s’agit des artistes Giovanni Anselmo, Gilberto Zorio et Giuseppe Penone qui se trouvaient à ce moment-là chez Pistoletto et étaient en train de discuter de quelque chose de très important (ils sont très concentrés), je suppose d’art.
Nous nous trouvons donc, avec nos vêtements modernes, à côté de personnages immobiles dont l’artiste a fait le portrait. C’est comme si le temps entre nous, donc le présent, et celui des figures portraiturées, le passé, était supprimé. Imaginez si Giuseppe Penone pouvait se refléter dans le tableau où Pistoletto l’a représenté avec ses amis: il pourrait voir son portrait en plus jeune (à cette époque il avait 27 ans) et, à côté, se voir lui-même aujourd’hui, à 65 ans. Le but que l’artiste voulait obtenir était d’effacer le temps et de faire cohabiter sur le même support (la surface du tableau) deux époques différentes, sans avoir une machine à remonter dans le temps!
Pour y parvenir, il a utilisé un stratagème génial parce que très simple, presque élémentaire, un petit truc qui pourrait presque nous faire dire “J’aurais pu y penser moi aussi!”. C’est ça, être un artiste: créer avec des moyens plus ou moins raffinés des oeuvres qui nous fassent penser, refléchir, rêver, réagir.


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