Magazine Beaux Arts
Moeno Wakamatsu, Printemps futile : "I only do as I need it to be"
Publié le 11 mars 2008 par Jérôme DelatourMoeno Wakamatsu, Printemps futile (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)
Le titre est déjà tout un programme. Sombre, pour ne pas dire noir.
Moeno est Source, mais source tarie, des fleurs mortes pour cruche. Un peu Sylvidre, un peu Ophélie. Un peu christique, avec son bouquet, possible couronne, dégouttant de larmes noires sur sa peau nue, comme si les épines venaient à elle.
Elle s'appuie à la colonne pour goûter sa passion. Yeux vitreux mi-clos, bouche fermée, ou entrouverte, ou franchement ouverte, comme pour exhaler une âme pressée de fuir sa prison. Ce pourrait être une sainte chrétienne, abîmée dans le martyre ou dans l'extase, quand ses bras maigres, ses doigts de grenouille tendent vers un Créateur invisible sa morne offrande, sèche comme une mammelle sans lait.
Moeno Wakamatsu, Printemps futile (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)
Moeno Wakamatsu dit volontiers que son travail n'a rien de sombre, qu'elle se laisse guider par la nécessité. A moi qui ne connais rien au butô, il m'apparaît, chez elle comme chez Masaki Iwana, au-delà de leur paysage intérieur respectif, que c'est l'esprit japonais qui parle, soucieux d'exalter l'âme et de réfréner l'arrogance du corps. Je ne m'étonne pas, dès lors, que le solo de Moeno fasse si fort penser à un martyre chrétien, et je comprends que le Japon impérial ait craint les progrès du christianisme sur son sol.
♥♥♥♥♥♥ Printemps futile, de Moeno Wakamatsu, a été donné à la Fond'action Boris Vian les 22, 23, 29 février et 1 mars 2008.
Retrouvez ici Printemps futile en images.