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DÉBAT Tome 2, avec Nicolas Sker

Par Phooka @Phooka_Book

FAUT-IL ÊTRE SORDIDE, GORE ET GLAUQUE POUR FAIRE UN THRILLER À SUCCÈS 
LA PREMIÈRE PARTIE DU DÉBAT SE TROUVE ICI
DÉBAT Tome 2, avec Nicolas Sker
Nous reprenons avec cette nouvelle question de Nicolas Sker :

Je viens de m’amuser à regarder un peu les pitch des romans policiers/thrillers en vente en ce moment. Je vous promets que c’est vrai : dans un pitch sur deux, on a le droit à la phrase « une série de cadavres atrocement mutilés ». L’inventivité ou la quantité de mutilation sur les victimes est un argument de vente. C’est cela qui me fait le plus peur. Les éditeurs considèrent (et certainement à juste titre sinon ils ne le feraient pas) qu’ils vendront plus de livres s’ils mettent en avant « des corps atrocement mutilés ».
Ma question à tous est la suivante : à qualité scénaristique égale, achetez-vous le livre qui dit « une série des cadavres atrocement mutilés » ou seulement « une série de victimes ». Si vous répondez tous honnêtement (et jusque-là, tout le monde a été d’une honnêteté réellement passionnante), ça va être intéressant.
Et pour ma prochaine intervention, je vais essayer de donner une perspective un peu plus psychologico-historico à cette question du goût pour le sordide et les mutilations en tout genre. Je suis sûr qu’il y a un truc à creuser du côté de l’évolution humaine.
Dup :
Pour répondre à cette nouvelle question, moi je dis : "Honnêtement, je ne sais pas !"
J'essaye de m'imaginer avec un nouveau Chattam ou un nouveau Thilliez dans les mains et une 4ème de couv parlant d'une "série de victimes", et ça le fait pas ! :))
Cependant pour ma défense, je dirai que je ne cherche pas que ça, "des cadavres atrocement mutilés", et la meilleure preuve est quand même que j'ai répondu ok à l'attachée de presse de chez Michel Lafon qui m'a proposé en SP un certain Premier crâne d'un illustre inconnu, dont la 4ème de couv était plus que soft ;)
Michaël Moslonka, notre MM quoi !
Bonjour à toutes et tous,
(Hello Dup! :) )
Je prends le train en marche en espérant ne pas la rater cette marche et ne pas, du coup, me faire broyer os par os dans une grande gerbe de sang et de cervelle écrabouillée.
Pour répondre à la question, j'éviterai l'intitulé "une série de cadavres atrocement mutilés". Je ne supporte pas le gore :)
Et pourtant en tant qu'auteur, je suis capable d'en écrire, voire même d'en rajouter et surajouter alors que j'ai plutôt tendance à croire en ce fameux rideau de douche hitchcockien où l'on n'aperçoit que les ombres du couteau, de la victime, du meurtrier et au final de la tuerie.
Pourquoi en rajouter alors? Parce que, peut-être sommes-nous enfermé dans notre délire et qu'un auteur a, par définition, tendance à en rajouter. Sur tout (pas uniquement le gore). Alors qu'il suffit de faire un parallèle entre la hache plantée dans l'os de la jambe et un bûcheron enlevant sa lame d'un morceau de bois (Misery de Monsieur King) pour que l'effet soit saisissant et horrifiant (et que cette image vous poursuive ad vitam eternam).
Maintenant, je crois que l'époque est à la surenchère et au voyeurisme. l'on vent tout voir: plus un seul centimètre carré de peau ne doit être caché, et ce qu'il y a en dessous se doit d'être aussi dévoilé hé hé
Des éditeurs l'ont bien compris. Et, parfois, si vous trouvez que l'auteur en fait trop, ou que cette fois il y a trop de gore, la raison est que l'éditeur a demandé à l'auteur d'en faire trop. sans remettre en cause le talent et le travail d'écriture de l'auteur, il faut garder à l'esprit, à mon avis, qu'un livre peut se révéler un objet préfabriqué. Ou du moins avec un cahier des charges.
Pour l'anecdote: j'ai écris un roman sentimental sur commande (ou "commis un roman sentimental", mais j'assume ;) ) Après relecture, le comité de lectrices m'a demandé plus de scènes de... sexe. "ça manque de sexe" m'a-t-on dit moi qui n'avait voulu que suggérer certains, dirai-je, contacts.
Pour finir, je relèverai que le gore n'est pas le seul ingrédient dont on peut abuser dans une bonne recette de livre. Il y aussi le sexe. Voire le scato (si si, lisez "Le Vide" de Patrcik Senécal, si vous ne me croyez pas ;)
J'ai aussi tendance à penser qu'il arrive que l'auteur ne fait pas exprès - peut-être parce qu'il est un psychopathe qui s'ignore? (comme se demandent parfois, ou confirment après lecture, certaines lectrices & lecteurs).
Michaël Moslonka





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