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Klub des Loosers - La Fin de l'Espèce (2012)

Publié le 12 mars 2012 par Soulbrotha
Klub des Loosers - La Fin de l'Espèce (2012)1. Vieille branche
2. L’indien
3. Volutes
4. Destin d’hymen
5. L’animal
6. Encore merci
7. La fin de l’espèce
8. La chute
9. Mauvais rêve
10. Jeu de massacre
11. Non-père
12. Carte postale
13. Au commencement
De quoi est faite la vie d'un homme fatigué de vivre mais incapable de se suicider? De souffrance, évidemment, mais probablement aussi de résignation. A la fin de son premier album "Vive La Vie", on avait laissé Fuzati sous un arbre la corde au cou, prêt à en finir avec un quotidien fait de misère sexuelle et de désespérance adolescente. On le retrouve ici quelque secondes plus tard (sept ans en temps réel) le cul par terre et l'air stupide, contrarié dans son funeste projet par une "Vieille Branche". C'est ainsi que "La Fin de l'Espèce" débute par une proclamation cinglante: "je suis vivant!".
Ainsi, le versaillais se résigne. A vivre, parce que oui, techniquement, respirer c'est vivre mais aussi à trouver sa place dans un monde qu'il exècre pour sa fâcheuse propension à créer de la souffrance. Dans cet esprit, il a décidé de mettre une distance entre ce monde et lui. "La Fin de l'Espèce" ne parle finalement qu'assez peu des destinées de l'homme masqué: on y apprend qu'il baise beaucoup sans grand enthousiasme et c'est à peu près tout. Clairement, il préfère observer le monde plutôt que d'en faire partie.
Alors, forcément, le cynisme est partout. Fuzati parle des amours se terminant forcément dans la douleur, de l'inconvénient d'être né et, au fond, de la simple souffrance d'être. Après tout, "l'homme n'est décidément pas fait pour le bonheur" comme le dirait Michel Houellebecq (une référence littéraire évidente au sein de ce disque). Aussi, le discours est plus que jamais teinté d'une violente rancœur envers la femme: objet de fascination devenu, au fil des déceptions, objet à baise méprisable.
Musicalement, "La Fin de l'Espèce" marque aussi une nouvelle étape dans la carrière de Fuzati. On le savait digger acharné, en quête permanente de la boucle parfaite à sampler au fin fond d'improbables vieux vinyles de Jazz ou de Bossa Nova (à ce propos, ruez vous sur les "Spring Tales" et les "Broadcast Sessions", de magnifiques mixs à thème dont il est l'auteur) mais là, le niveau atteint est proprement hallucinant. A certains moment, les prods désenchantées de ce disque sont proprement sublimes. Le piano triste à crever de "La Fin de l'Espèce" ou le beat lancinant de "Mauvais Rêve", par exemple, vont au delà du Rap. On en vient à espérer une sortie des instrus de l'album qui peuvent très clairement se suffire à elles-mêmes.
Evidemment, les détracteurs du KDL pourront toujours dire que le flow de Fuzati est pénible à attendre et ils auront raison, malgré de vrais progrès à ce niveau. Là dessus, il n'y a pas de vérité, l'auditeur s'y habitue et fait avec ou non. En même temps, vu le propos, le contexte et, de manière générale, la personnalité de Fuzati, ne serait-ce pas étrange d'entendre un flow rodé, fluide et expérimenté sur "La Fin de l'Espèce"? Au fond, Fuz' n'est pas vraiment un rappeur (malgré un background et une culture Hip Hop qui ne se démentent pas), c'est plus un homme de lettres qui pose ses textes en musique et, au fond, c'est peut être pas plus mal.
"La Fin de l'Espèce" est clairement l'album que l'on attendait venant de la paire Fuzati/Detect. Sept ans après "Vive La Vie", le versaillais masqué a su nourrir son personnage qui entre un peu plus dans la légende. Dans un album fascinant et hypnotique, marqué par des beats toujours plus sublimes et travaillés, le Klub des Loosers érige une certaine forme de nihilisme et de distance comme mode d'emploi afin de rester vivant.
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* En écoute sur Youtube
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