De l'eau pour les éléphantsSara GruenJacob Jankowski vit dans une maison de retraite il a plus de 90 ans, il se pose des questions car les pensionnaires sont collés le nez à la fenêtre et sont particulièrement agités aujourd’hui. Poussé par la curiosité il se sort de son fauteuil et s’approche de la fenêtre avec son déambulateur, sur le parking s’est installé un immense chapiteau. Voilà qui font remontées en lui de vives émotions, des souvenirs lui reviennent pendant ces moments d’assoupissements c’est ainsi que l’on apprend qu’à l’âge de vingt trois ans alors qu’il faisait des études pour être vétérinaire, ses parents périssent dans un tragique accident de la route. Accablé par le chagrin le jour de l’examen, il claque la porte et saute dans le premier train. Ce train transporte le cirque itinérant des Frères Benzini. On est alors en 1930, les Etats-Unis sont en pleine crise économique et le monde du cirque en fait également les frais. Pourtant Jacob réussit à se faire recruter pour s’occuper des animaux, commence alors pour lui une nouvelle vie faite de rencontres et d’amitiés, de jalousies et de cruautés, mais aussi d’amours et de sentiments. Outre des personnages principaux attachants nous faisant découvrir l’univers du cirque, de la ménagerie, des saltimbanques. L’intérêt du roman réside surtout dans le fait que l’auteur nous fait découvrir l’envers du décor du cirque des années 30, à savoir que sous les paillettes se cache, la misère, la maltraitance, la rivalité, le profit et qu’en fait que l’on soit manœuvre ou artiste si celui-ci ne rapporte pas, on l’éjecte sans concessions ni plus ni moins. Quand Jacob sort de ces moments d’assoupissement, il nous parle aussi de sa vieillesse et de sa condition de pensionnaire. Du fait qu’être vieux ne veut pas dire être invalide pour tout, qu’il est avant tout un être humain qu’il a des désirs qu’il voudrait que l’on respecte et qu’être assisté en permanence l’humilie au plus haut point. Le passage de ce cirque comme du temps de sa jeunesse lui ouvre de nouvelles perspectives qu’il n’hésite pas à saisir. J’avais quelques réticences concernant la lecture de ce roman, peur d’un récit un peu mièvre où j’allais m’ennuyer, et bien pas du tout. Ce fût une lecture enrichissante à bien des points de vue, le cirque que l’on soit petit où grand reste un milieu fascinant qui émerveille et l’auteur durant ces quelques pages a su retranscrire avec brio l’atmosphère unique de cet univers.