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Le bilan de Nicolas Sarkozy - Pourquoi une telle impopularité?

Publié le 14 mars 2012 par Pierrehk

A l'heure où le président sortant renouvelle sa candidature à l'élection présidentielle, jamais dans l'histoire de la Vème République, un président n'a été aussi impopulaire. Qu'a t-il donc fait ou pas fait pour mériter un tel désamour de la part de son peuple. Il m'a paru opportun d'y consacrer un article de fond pour essayer de comprendre la ou les raisons de cet échec.

Dans un premier temps, j'ai trouvé opportun de vous faire partager l'opinion de Jean Marichez, ingénieur en retraite, et administrateur de l'école de la Paix à Grenoble qui a eu le mérite de se pencher sur les actions, qu'il juge positives, du Président et d'y consacrer un article fort interessant de par sa recherche assez exhaustive.

Ensuite, je vous livrerai ma propre analyse et j'essaierai de justifier ma position actuelle qui m'incite  à préférer un vote Bayrou au premier tour, alors que j'ai été moi même sous le charme de Nicolas Sarkozy en 2007, m'encartant à l'UMP pour la première fois afin de le soutenir.


 

Les résultats de Nicolas Sarkozy (article écrit par Jean Marichez) 

A l’approche de nouvelles élections, il est étonnant d’observer la violence et l’injustice des opposants de Nicolas Sarkozy. Selon eux, il n’aurait rien fait, il n’aurait pas tenu ses promesses. Alors, regardons le travail qu’il a réalisé car, au contraire, j’ai l’impression qu’il a réalisé un travail considérable.

Selon Alain Minc en 2010 : "En trois ans, Sarkozy a fait plus que Giscard en sept et encore plus que Chirac qui n'a rien fait en douze".

Qu'en est-il exactement ? J’ai extrait de quelques journaux la liste de ses principales réalisations mais aussi de ce qu'on lui reproche.

Concernant les reproches, j’ai toujours été frappé par la fragilité des accusations. Les critiques m’ont toujours paru futiles, superficielles, inconsistantes. Et elles reviennent sans cesse comme si tous les journalistes lui en voulaient :

- Sa soirée au Fouquet's après la victoire aux élections

- Ses réparties en langage trop populaire

- Le soutien d'un ministre de l'intérieur taxé d'injure raciale

- Ses liens avec des grands patrons

 - Son franc parler, sa taille, etc.

Pourquoi cela ? Peut-être parce qu’il dérange par le nombre et l’importance des réformes qu’il fait (celui qui ne fait rien n’est pas critiqué). Mais surtout, je crois, les intellectuels ne lui pardonnent pas d’occuper le terrain des idées qu’ils occupaient depuis 1968. Contrairement à ses prédécesseurs, il dit les choses en toute simplicité, quitte à remettre en cause quelques idéologies sacralisées. Par exemple, sur les sanctions à la jeunesse délinquante, sur l’immigration incontrôlée, sur l’assistanat excessif, etc.

L’intelligentsia parisienne ne lui a jamais pardonné de parler de manière décomplexée de vérités qui ne font pas partie de l’idéologie politiquement correcte. Ainsi, toutes les occasions ont été bonnes pour dire du mal de lui. Difficile d’être réélu lorsque tous les médias et beaux parleurs vous attaquent sans cesse comme le faisaient les prêtres de l’Inquisition.

Or quelle est la réalité ?

Au préalable, pour l’honnêteté de mon propos, je dois dire que je ne suis pas un inconditionnel de la droite, j’ai parfois voté à gauche : en leur temps, j’ai fait confiance à Mendès-France ou à Michel Rocard. Si j’étais américain ou chinois, je serais certainement à gauche. Par ailleurs mes travaux personnels sont très nettement progressistes si l’on en juge par les deux livres que j’ai écrits. De plus, je n’ai pas toujours été d’accord avec les décisions de notre gouvernement actuel, par exemple sur la réduction des droits de succession, sur la baisse de TVA aux restaurateurs, sur le manque d’avancée fédéraliste européenne, etc. mais je constate qu’il a accompli un travail impressionnant, non seulement en nombre (931 réformes en cinq ans) mais en qualité.

Il s’est attaqué aux réformes difficiles que même Lionel Jospin n’avait pas osé faire malgré une conjoncture meilleure. Et c’est vrai, il a remis la France à l’endroit sur des rails moins idéologiques, plus pragmatiques. C’est en tout cas l’avis de nombreux commentateurs étrangers qui se désolent de nos excès de religiosité socialiste.

On lui a reproché d’augmenter le déficit public. Mais est-ce de sa faute s'il fallait absolument sauver l'économie française suite à la crise des subprimes ? Puis s'il fallait sauver la Grèce pour ne pas engager une spirale contre l'Euro qui aurait été catastrophique pour tout le monde et surtout pour les plus faibles. La crise lui coûte cher car elle l'a obligé à nous endetter lourdement pour ne pas plomber nos emplois.

On lui a reproché d’aider les banques alors qu'elles sont responsables de la crise. Oui, mais sans ce plan de sauvetage les petits épargnants auraient tout perdu et le chômage aurait augmenté au détriment de l'ensemble des Français. De plus, elles ont maintenant totalement remboursé les aides reçues.

On lui a reproché l’augmentation du chômage. Mais la crise n’est pas de sa faute. Au contraire, il a réussi mieux que les Américains, et que la plupart des autres pays européens, à contenir le chômage. Celui-ci ne serait-il pas plus élevé avec des gouvernants de gauche qui, pour l'éviter, auraient dépensé des milliards contre-productifs dans l'assistanat et le dépannage à court terme ? Lui a privilégié le long terme en soutenant l'investissement. C’est courageux car les résultats n’apparaîtront que plus tard et ne lui profiteront pas sur le plan électoral.

On lui a reproché de favoriser les riches. En fait, peu de gens comprennent que son but n'est pas de faire de cadeaux aux riches mais d'empêcher les gens fortunés de quitter le pays et d'investir ailleurs, donc d'avoir suffisamment de gens riches en France pour qu'ils y investissent et créent du travail. Il faut absolument comprendre que la lutte contre le chômage passe par l'existence d’un grand nombre d’entrepreneurs aisés et soutenus dans leurs efforts.

On lui reproche d’être le président des riches. Mais il est au contraire le premier de nos présidents à avoir pris des mesures égalitaires importantes. Ainsi, alors qu’on lui reproche de favoriser le capital et de ne pas le taxer autant que le travail, il a fortement augmenté les taxes sur le capital afin de les mettre à peu près au même niveau (34,6%) alors qu’ils étaient taxés de 10% de moins sous Lionel Jospin. C’est passé inaperçu mais ses opposants ont continué à l’accabler d’une image anti pauvres qui continue, malgré les faits à lui coller à la peau. Même chose pour l’impôt sur la fortune qu’il a maintenu globalement au même niveau mais en sortant seulement les propriétaires de logements dont les valeurs sont conjoncturellement trop élevées du fait de la crise du logement. La baisse de recettes a été entièrement compensée par l’augmentation de fiscalité sur la transmission du capital. Autrement dit, il taxe la transmission de capital plutôt que le capital lui-même, ce qui est souvent décourageant.

On lui reproche d’avoir augmenté son salaire de Président de 30%. La vérité est toute autre. Avant lui, le budget de la Présidence était un mystère, un domaine réservé où les dépenses du président se confondaient avec le budget de l’Élysée. Il a voulu moderniser tout cela et installer la transparence. Il a donc décidé que son salaire serait égal à celui du premier ministre et que les comptes seraient désormais soumis au contrôle de la cour des comptes. Comment comprendre que les journalistes ne nous aient jamais expliqué cela ? Sont-ils si incapables ? Non, plus simplement partisans.

On lui a reproché de ne pas tenir ses promesses. C’est injuste car, non seulement il en a tenu beaucoup, mais il l’a fait dans une situation de crise inouïe que, personne n’avait vraiment prévu avant son élection.

En fait comme on est en crise, tout le monde se plaint et, comme il faut un bouc émissaire, on l'accuse naturellement de nos difficultés. Curieusement, au lieu de parler de "ce qu'il fait", les médias passent leur temps à parler de lui, de sa manière, de ses intentions cachées, de son omniprésence, de ses petites phrases, etc. Pourquoi parlent-ils si peu du contenu, autrement dit des vraies questions ?

Alors justement regardons ses résultats. Ils sont impressionnants.

Des réformes qui vont marquer le pays en profondeur et qui sont un véritable progrès de notre démocratie (elles sont courageuses car les cinq premières réduisent son propre pouvoir de président) :

- La possibilité de recours individuel devant le conseil constitutionnel

- Modification de la constitution et Réduction des pouvoirs du Président de la République au profit du Parlement et des citoyens

- La limitation à deux mandats de cinq ans pour le Président de la République

- Nouveau droit donné aux députés de fixer un tiers de l'ordre du jour de l'Assemblée, leur permettant de mieux contrôler le gouvernement

- Réunion annuelle des deux chambres réunies à Versailles pour entendre le Chef de l’État

- La loi de représentativité syndicale qui les renforcera tout en favorisant le dialogue social.

- L'autonomie de l'Université réclamée depuis 1968 par P. Mendès-France, leader de la gauche. Même imparfaite, elle met à bas le tabou de l'égalitarisme et sera porteuse de fruits sur le long terme.

- Réforme des collectivités territoriales que depuis 20 ans aucun gouvernement n'avait réussi

- Réduction du nombre d’élus avec la création des conseillers territoriaux en lieu et place des conseillers généraux et des conseillers régionaux.

- Redéfinition des cartes judiciaires qu'aucun gouvernement précédent n'osait faire

- Ouverture de la saisine du Conseil supérieur de la magistrature aux personnes qui veulent mettre en cause le fonctionnement de la justice jusqu’à même sanctionner des magistrats

- Redéfinition de la carte des villes de garnison que personne n'osait faire

- Redéfinition de la carte hospitalière

- Mise en chantier de la modernisation du Grand Paris

- Rapprochement des policiers et gendarmes sous la même autorité, d’où une amélioration de 50%d’élucidation des crimes et délits

- Création du service civique volontaire (15 000 jeunes engagés pour 45 000 demandes en 2011 et 75000 en objectif 2014)

Des résultats innombrables, et parmi les plus importants (pour ne pas lister ses 931 réformes) :

- La réforme des retraites. Il fallait la faire. Nécessairement impopulaire, aucun des prédécesseurs n'avait eu le courage de l'affronter mais tous la disaient indispensable et urgente.

- Mise en place du service minimum lors de grèves de secteurs publics

- La suppression de la taxe professionnelle (impôt imbécile selon F. Mitterrand)

- Effort considérable et sans précédent en faveur de la recherche et de l'Université ; et aussi le triplement du crédit d'impôt qui soutient la recherche des entreprises et permet un afflux de capitaux privés vers l'enseignement supérieur

- La suppression de la publicité à la télévision publique : les Français gagnent 20 minutes par jour

- *Revalorisation du salaire des enseignants (équivalent à un 13° mois) en contrepartie de leur réduction en nombre

- Réduction de la délinquance –17% ; des homicides –40% ; des atteintes aux biens – 28% ; de la délinquance de proximité – 40% ; et aussi de la mortalité routière

- Hausse de 20% du budget justice avec 1300 postes supplémentaires – Création de 9400 places de prison

 – Plusieurs mesures pour éviter les récidives (peines planchers, rétention de sûreté, traitements préventifs…)

 – Recouvrement des avoirs illégalement acquis par des condamnés, etc.

- Meilleure maîtrise de l’immigration (32 000 reconduite aux frontières de clandestins, naturalisation en baisse de 30%, 300 000 contrats d’intégration signés depuis 2007, etc.)

Emploi

- *La relance de l'économie par l'investissement et non par l'assistanat comme dans le passé qui ne donnait que des apaisements à court terme mais des affaiblissements économiques graves à long terme

- *L'aide à l'industrie automobile, industrie capitale et vitale pour l'économie française

- *La réduction de 160 000 fonctionnaires dont la pléthore plombent notre économie. Contrairement aux apparences, cette mesure est la plus efficace pour l’emploi

- Création du statut d'auto entrepreneur qui s'avère un grand succès

- Création de 2,5 millions d’entreprises durant le quinquennat avec soutiens renforcés et simplifiés

- Amélioration de la flexibilité de l'emploi avec la rupture contractuelle

- Les demandeurs d’emploi ne peuvent plus refuser plus de deux offres d’emploi valables sans risquer de perdre leur indemnité

- *Développement de l’apprentissage au lieu de forcer des jeunes à suivre des études secondaires qui ne leur servent à rien

Agriculture

 - *Quatre mesures phares en faveur de l’agriculture ont permis aux agriculteurs de dépasser la crise et d’envisager plus sereinement l’avenir et à 7000 jeunes par an de s’installer

- Maintien de la PAC au niveau européen

- *Allègement des charges sociales sur l’heure de travail agricole qui passe de 12,81€ de l’heure à 9,43 payé par la taxe sur les sodas de 0,02€ par canette.

- *Amélioration des retraites agricoles (création d’un minimum, revalorisation, extension au conjoint)

Logement

- Encouragement de la construction (loi Scellier, pass foncier, prêts à taux zéro doublés)

- Construction au total sur le quinquennat de 2 millions de logements dont 600 000 logements sociaux contre la moitié seulement entre 1997 et 2001

- *Modération des loyers par la modification de l’indexation

- *Instauration du droit au logement opposable (34974 ménages ont pu être relogés après recours)

Assistance

- *Augmentation de 30% du budget de logement des Sans abri qui est passé à 1,13 milliards

- *Annoncés en mars 2010, onze établissements de réinsertion scolaire fonctionnent désormais (cent cinquante élèves de 13 à 16 ans ont rejoint ces structures, 9 autres sont prévus en 2011)

- *Forte augmentation des bourses et des logements pour étudiants

- *Création du RSA (1,9 millions de foyers aidés – mais surtout, il n’est plus aussi intéressant qu’avant de ne pas travailler

- *Revalorisation de 25% sur 5 ans l’allocation adulte handicapé et le minimum vieillesse

- *Création d’un prime pour les salariés des entreprises dont les dividendes augmentent

- *Assouplissement des accords d’intéressement des salariés aux fruits de leurs entreprises

Économie (chiffres selon l’Insee)

- Augmentation de 4% du pouvoir d’achat des Français durant le quinquennat

- Et diminution de 1 million du nombre de personnes qui gagnent moins de 15 000 € par an

J’ai repéré d’un * les mesures ci-dessus à fort impact social ou favorables aux chômeurs. On voit qu’elles sont nombreuses et contredisent radicalement l’idée d’un gouvernement pour les riches.

En politique étrangère :

- Efficacité dans le choix de la méthode (traité de Lisbonne) pour résoudre la crise européenne due aux référendums négatifs en France et aux Pays-Bas

- Leadership de la France dans la résolution des multiples crises européennes. Même si le poids financier de l’Allemagne restait majeur, c’est toujours lui qui fut initiateur, moteur et entraîneur.

- Efficacité dans la gestion du conflit en Géorgie où il assura l’indépendance géorgienne

- Courage et efficacité déterminante dans la gestion militaire de la crise en Côte d’Ivoire

- Courage et efficacité déterminante dans la gestion militaire de la crise en Lybie

- Retour de la France dans l'Otan

- Création du G20 où son volontarisme fut décisif. Cette instance empêchera peu ou prou les facilités du chacun pour-soi en matière économique et réduira les risques de chaos mondial en augmentant la possibilité de prises de décisions internationales

- Meilleures relations avec les États-Unis, l'Angleterre, la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil…

- Signature de nombreux grands contrats dans de nombreux pays

- Engagement acharné en faveur de l’Euro

- Gestion imaginative et énergique de la crise

- Ses qualités d'intelligence, de courage et d'esprit de décision sont largement reconnues par des chefs d'État étrangers

En politique intérieure

- Il a gouverné sans drame et assuré la paix, la justice et le respect des libertés et opinions

- On peut dire que globalement il a gouverné au centre

- *Il a intégralement maintenu notre système de protection sociale.

- *Il a fait preuve d’un grand esprit d’ouverture (comme jamais auparavant) en nommant des opposants à des postes majeurs comme la présidence du FMI en 2007, la présidence de la commission des finances, la cour constitutionnelle et la présidence de la cour des comptes

- Il n'a calé sur aucune réforme qu'il croyait juste malgré des grèves et manifestations importantes pour les Régimes spéciaux et l'Université. Il a reculé sur la réforme des lycées avec Xavier Darcos mais il l’a réalisée avec Luc Chatel. A l'occasion des retraites, il a rétabli le fonctionnement de la démocratie grâce à sa fermeté devant des millions de manifestants qui, enfin, replace la légitimité des décisions à sa vraie place : le parlement. Il en a eu le courage alors qu'il était tellement plus facile de céder (comme l'ont toujours fait avant lui Balladur, Chirac, Jospin …)

- *Il n'a pas taxé nos transactions bancaires comme Angela Merkel en Allemagne

- *Il a garanti les crédits des banques, énorme décision qui a stoppé net la panique des épargnants au point qu'ils étaient prêts à vider leurs compte, ce qui aurait été un pur désastre

Autres résultats

- Réunion des Assedic et de l'Anpe, pour l’efficacité.

- Fusion réussie entre les services des impôts et la comptabilité à Bercy (qui avait même fait tomber un ministre socialiste)

- *Remise de la France au travail par diverses mesures d’encouragement

- *Changement des règles de la grande distribution et mise en place d'une autorité renforcée de la concurrence

- *Refus d'augmenter nos impôts

- *Délais de paiements raccourcis aux entreprises

- *Aide aux PME par les contribuables qui veulent alléger leur ISF

- *Aide aux associations d'utilité publique par les contribuables qui veulent alléger leurs impôts

Chantiers en cours où sa volonté permet d'espérer

- *Lutte (en pointe des autres États) contre la spéculation, l'excès de puissance des Hedgefunds et les paradis fiscaux qui seraient une vraie réponse à la crise mais qui ne peuvent se réussir sans accords internationaux très difficiles à obtenir.

- *Courageuse mise en place cependant de la fameuse taxe Tobin pour freiner la folie des transactions financières

- *TVA anti délocalisation de notre industrie

- Militance pour la mise en place d’une règle d’or assurant constitutionnellement l’équilibre de nos comptes

En conclusion

Un dirigeant politique se juge sur ses réalisations. Alors, même si on n'est pas d'accord sur certaines d'entre elles, ce qui est inévitable, on doit reconnaître l'importance du travail réalisé. La première question à se poser quand on vote pour un homme politique est de savoir s'il joue pour lui ou pour son pays.

La liste impressionnante ci-dessus (et le courage qu’elle a nécessité) oblige à reconnaître qu'il travaille pour la France et pour ses concitoyens. Sinon, il en aurait fait beaucoup moins et sa popularité serait plus élevée.

Ses réalisations permettent de dire qu'il est le meilleur des hommes d'État que nous ayons eu en France depuis longtemps. Doué d’une grande intelligence, il comprend très vite. Il a un grand pouvoir d’entraînement. C’est un leader. Dans les situations difficiles, c’est lui qui comprend le plus vite ce qu’il faut faire, et qui, de l’avis des autres chefs d’État européens, sait trouver le chemin des décisions difficiles. Le sociologue Marcel Gauchet lui reconnaît une grande habileté tactique, une vraie volonté politique, un sens poussé de l'opinion et de ses propres insuffisances. Ne dit-il pas lui-même :"Mon meilleur ennemi, c'est moi-même". Même s'il n'est pas toujours parfait, tout le monde reconnaît largement son énergie, son efficacité, sa connaissance des dossiers et surtout, car c'est la vertu la plusrare en politique, son courage.

Voilà, j’ai tenu à faire cette clarification car, quelles que soient nos tendances politiques, il serait dommage de perdre le bénéfice du meilleur chef d’État que la France ait eu depuis longtemps.

Jean Marichez - 19/2/2012

Comme on peut le voir, le bilan de Nicolas Sarkozy est loin d'être négligeable, et il peut même d'une certaine façon être flatteur d'autant qu'il est opportun d'appliquer à la France le fameux slogan " Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me console".

En effet, mis à part l'Allemagne qui surfe sur les conséquences heureuses des décisions courageuses prises par le chancelier SCHROEDER il y a une dizaine d'année (ce qui lui couta d'ailleurs son poste), on peut dire sans rougir que la France s'en sort plutôt mieux que ses voisins Européens, et tout particulièrement ceux du Sud. On oublie trop souvent de dire que 25% des Espagnols sont au chomage et que dans de nombreux pays, les rémunérations des fonctionnaires et des retraités ont été rognées. Rien de tel en France où l'INSEE indique même que le pouvoir d'achat a cru de 1.7% pendant le quinquennat de Sarkozy. Alors pourquoi le président n'arrive t-il pas à faire valoir son bilan, et qu'au contraire les médias nous ressassent les quolibets de ses adversaires qui plastronnent sans vergogne et sans contestation  que ce bilan est désastreux.

Une grande partie de l'opposition au Président vient de son style des 3 premières années qui a profondément déplu aux Français (ses fanfaronnades, son attitude d'hyper président se mélant de tout et écrasant ses ministres, son refus de certaines conventions et son manque de la politesse la oplus élémentaire, son coté sale gosse, et un certain népotisme; son coté bling bling, l'impression qu'il nous mentait, son populisme, ses façons de dire tout et son contraire et ses nombreuses volte faces qui ont laissé accroire à une certaine fébrilité mal controlée).

C'est pourquoi, alors qu'il a manifestement bien navigué dans la tempête internationale de la crise mondiale, laissant d'ailleurs une trace indélébile dans l'Histoire en étant à l'origine du G20, il a fait de nombreuses erreurs sur le plan intérieur.

Quand François Fillon, précurseur, annonçait en 2007 qu'il était à la tête d'un état en faillite, Nicolas Sarkozy lui a cloué le bec, refusant de voir la situation telle qu'elle était, et préférant continuer à bercer les Français dans la douce illusion que "tout va tres bien, Madame la Marquise" comme il était de bon ton de le chanter juste avant les ravages de la guerre. Il aurait fallu avoir le courage de dire aux Français que certaines mesures qu'il avait proposées lors de sa campagne de 2007, et qui correspondaient à une période de forte activité économique, ne pouvaint plus avoir cours dans une période de crise. Et alors sciemment, il aurait dû annoncer qu'il assumait la responsabilité de tirer un bord pour épargner au vaisseau France les lames de fond de la crise mondiale. Ainsi, il aurait dû rapidement corriger sa mesure d'exonération fiscale des heures supplémentaires et aussi ne pas avoir peur de corriger les effets pervers du bouclier fiscal. Au lieu de cela, en s'accrochant obstinément à des mesures improductives et impopulaires pendant 4 ans pour finalement détricoter en fin de course ces mesures phares, il a perdu beaucoup de crédibilité.

Alors qu'il avait la possibilité de nouer un nouveau pacte social avec les syndicats, sa fanfarronerie l'a conduit à en faire des adversaires acharnés, plus décidés à le détruire qu'à défendre les interets de leurs adhérents et de la classe ouvrière. Une erreur de méthode donc.....

Dans ses voyages internationaux, s'est-il seulement rendu compte de l'humiliation qu'il infligeait à ses hôtes auxquels il ne réservait que quelques heures, pour s'envoler d'un coup d'aile vers une autre destination à peine sa réunion avec le chef d'état visité conclue. Mr Sarkozy n'a pas de manières: les Français s'en sont rendus compte et ils n'ont pas apprécié de le voir toujours accroché à son portable (même en présence du Pape), ou houspillant la chancelière Allemande comme il l'a fait à plusieurs reprises dans les 2 premières années de son mandat. Je ne parle même pas de ses bravades envers des conttradicteurs qui l'ont fait passer pour un voyou. Les Français attendent de leur monarque républicain une meilleure conduite, car au fond d'eux même, ils souhaitent en être fiers. N'oublions jamais que le coeur des Français penche plutôt vers les perdants magnifiques que vers les vainqueurs arrogants (c'est toujours la même histoire qu'avec Poulidor vs Anquetil)

Son attitude sans gène l'a d'ailleurs conduit à un népotisme dont il ne s'est qu'avec grand peine rendu compte qu'il était insupportable aux Français. Ainsi de la nomination par lui-même du Président du CSA ou de la nomination de son fils à la direction de l'EPAD. Mr Sarkozy ne s'est pas préoccupé que cette attitude pouvait heurter la conscience de ses compatriotes. Empereur de droit divin et beaucoup plus intelligent que nous autres, il décide et exécute (à l'inverse de Chirac :)) sans consulter son entourage, que souvent il a tendance à mépriser, comme l'a révèlé son attitude envers François Fillon ou d'autres ministres .

Enfin, un certain nombre de gens, souvent ses principaux soutiens en 2007, lui reprochent ses gesticulations et ses effets de manche qui ne pallient pas le manque de persévérance dans le déroulement  de quelques réformes que nous aurions souhaité voir plus profondes. Ces gesticulations sont de nouveau au programme de sa campagne: une proposition par jour, et chaque jour plus iconoclaste. A qui fera t-il croire qu'il pourra les mettre en oeuvre. Un fois de plus Mr Sarkozy fait de l'esbrouffe pour appater le chaland comme un batteleur sur la place du marché. Et le pire, c'est que ça marche.... il remonte dans ls sondages.

En tous cas, pour moi, il n'est pas de bon management dans l'urgence, dans la surenchère démagogique et dans les paillettes de réformes qu'on sait d'avance qu'elles ne se feront pas. Je préfère un style plus posé, plus réfléchi, qui s'appuie sur une détermination sans faille. C'est mon coté Pompidou qui parle.... Si la France a pu muer d'une puissance agricole à une grande puissance indutrielle, nous en sommes en effet redevables à la vision futuriste de grand président, trop tôt disparu.

Voila pourquoi au premier tour, le bulletin que le gaulliste que je suis mettra dans l'urne, portera le nom de François Bayrou et non celui de Nicolas Sarkozy. Le retour au bercail se fera 15 jours plus tard.


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