L'homme n'est plus une bête assoiffée de sexe et la femme une douce colombe en recherche permanente de bon sentiment amoureux. L'image est sans doute caricaturale mais elle résume assez bien la passionnante « Enquête sur la sexualité en France » réalisée par des chercheurs de l'Ined et de l'Inserm.
Car ce que révèle cette étude - troisième du genre après celles menées en 1970 et 1 992 - c'est que les femmes se rattrapent pour ne pas dire s'émancipent de la toute puissance du désir masculin. Longtemps soumises au désir de l'homme, elles ont aujourd'hui des pratiques - toutes générations confondues - qui se rapprochent singulièrement de celles des hommes en matière de précocité des rapports, de nombre de partenaires, de pratiques récréatives mais aussi de longévité sexuelle.
Les filles (17,6 ans) rattrapent les garçons (17,2) pour l'âge du premier rapport sexuel. En un demi-siècle, l'entrée dans la vie sexuelle des hommes s'est abaissée d'un an et demi et celle des femmes de trois ans. Les femmes de plus de 50 ans vivant en couple sont plus actives sexuellement : en 1970, une sur deux avait des rapports sexuels avec son mari (compagnon) aujourd'hui c'est neuf sur dix.
Les femmes déclarent plus de partenaires qu'autrefois (en moyenne 4,4 en 2006), mais toujours moins que les hommes (11,6, chiffre stable depuis 1970). Elles sont aussi plus nombreuses qu'avant à déclarer avoir eu des rapports homosexuels au cours de leur vie (4 % contre 2,6 % en 1992) alors que la proportion reste similaire chez les hommes (4,1 %). « On est aujourd'hui dans une sexualité sans tabou », confirme André Corman, sexologue toulousain. Héritage de mai 1968 dont on s'apprête à célébrer le 40e anniversaire ? Les auteurs de cette étude conduite sur quelque 12 000 Français de 18 à 69 ans ne l'excluent pas. Mais ils insistent surtout sur la révolution apportée par la contraception qui en libérant les ventres de l'angoisse d'une grossesse non désirée a permis aussi une large déculpabilisation des pratiques sexuelles.