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Beat culture : l’enfant prodige

Publié le 28 janvier 2012 par Acrossthedays @AcrossTheDays

BEAT CULTURE : L’ENFANT PRODIGE

Il arrive toujours un moment où, à force d’écouter bon nombre de sons, on en vient à se demander: “Et si je faisais de la musique, ça donnerait quoi ?”. C’est une question que Sunik Kim, alias “Beat Culture” s’est très probablement posé. Âgé de seulement 17 ans, ce jeune américain a cherché à concevoir sa propre vision de la musique en partant de quasiment rien. Après “Goldenbacked Weaver”, son premier album “coup d’essai” sorti en Juillet 2011 qui nous offrait des compositions électroniques expérimentales, Beat Culture frappe une deuxième fois avec “Tokyo Dreamer”, sorti le 15 Janvier. A l’occasion de cette sortie, et parce que Beat Culture est un artiste que nous surveillions depuis quelques mois maintenant, nous avons choisi de contacter ce petit génie afin qu’il partage avec nous ses impressions sur sa musique et son parcours.

Across The Days

Salut Beat Culture ! Je tenais à faire un article sur toi après avoir découvert ta musique il y a quelques mois de cela. Je m’en souviens comme si c’était hier, Rimar avait posté un lien sur Facebook, et il s’agissait de “Midori”, clip qui contenait des extraits du film Another Earth que j’aime tout particulièrement. L’instant m’a marqué puisque j’étais épuisé sur l’instant, et lorsque Midori a débuté, je me suis réveillé brutalement genre: “Wow ! Je viens de trouver un truc énorme là !”.

“Tokyo Dreamer” sort demain (NDLR: L’interview a été faite le 14), je pense que c’est le bon moment pour te faire découvrir au public français ! J’ai fait des recherches sur toi bien entendu, mais j’aimerais te connaitre beaucoup mieux, on va donc se lancer dès maintenant avec une première question:

La première chose qui fait réagir à ton sujet, c’est ton age. Si je ne m’abuse, tu as 17 ans, quel age avais-tu quand tu as commencé à produire ? Est-ce que la musique a toujours fait partie intégrante de ta vie ?

Beat Culture

C’est exact, j’ai 17 ans et je suis en dernière année de lycée. J’ai commencé avec mon premier programme (FL Studio) en Février 2011, javais encore 16 ans. Il n’y avait pas de raison particulière, je suppose que c’est parce que je commençais à découvrir la musique électronique que j’ai voulu m’y essayer. En terme de musique en général, ça a toujours été une partie intégrante de ma vie oui.

Pour ce qui est des instruments, j’ai commencé le saxophone en CM2 (et je continue aujourd’hui, je pourrais essayer d’en incorporer dans certains de mes sons dans le futur), j’ai ensuite appris la guitare par moi-même en 5ème. Pour ce qui est de la musique écoutée, j’ai commencé en primaire avec quelques groupes vraiment atroces (Simple Plan, etc.). Au collège, j’ai écouté d’autres groupes un peu moins atroces, Coldplay par exemple, mais aussi des classiques comme Led Zeppelin. A ce moment de ma vie, je n’avais aucune connaissance de la musique électronique; c’est une fois arrivé au lycée que j’ai commencé à en écouter, ce qui m’a mené là où j’en suis aujourd’hui.

A propos de tes influences, quelles sont-elles ? Tes sons sont très orientés électronique en effet mais ce serait trop facile de résumer cela de la sorte, j’ai remarqué sur ta page Facebook que tu avais un large éventail d’artistes que tu aimais, d’Animal Collective à Boards of Canada, en passant par Nujabes ou Hudson Mohawke qui sont plus proches du hip-hop.

Je pourrais aussi parler des samples de jazz que tu utilises dans tes sons, comme dans “Hung Up” par exemple. Est-ce que tu essayes de faire une sorte de “melting pot” de tout ce que tu aimes, ou essayes-tu de créer ton style bien à toi ? Y’a-t-il un artiste qui est au dessus des autres pour toi ?

BEAT CULTURE : L’ENFANT PRODIGEC’est une question difficile, je me bats toujours un peu pour décrire ma musique aux gens, je me limite habituellement à “musique électronique (expérimentale). Comme je l’ai dit j’écoute beaucoup de genres différents. Ceux que j’ai listé sur Facebook sont: Burial, Gold Panda, James Blake, Balam Acab, Animal Collective, Jamie xx, Star Slinger et Hudson Mohawke. Ceux là sont ceux vraiment importants pour moi, que j’essaye de suivre au possible. Quand j’ai commencé j’étais majoritairement influencé par Burial et James Blake, j’ai fait un son qui était quasiment une copie du style Burial.

Mais ensuite j’ai découvert Gold Panda, Star Slinger et Hudmo, qui étaient des sons plus “clairs” avec des rythmes plus lourds. J’ai eu une petite phase chillwave aussi pendant mon premier album. Maintenant avec Tokyo Dreamer, j’essaye de faire des sons plus “réfléchis”, plus lents (mais toujours lourds) avec une grosse influence jazz.

Pour résumer: Burial a marqué les bases, Star Slinger/Hudmo m’ont permis de connaitre des sons plus lourds, Gold Panda m’a fait connaitre le style glitch que je pratique maintenant, James Blake m’a vraiment inspiré pour tout ces instruments à corde qu’il utilise d’une façon géniale, Balam Acab/Jamie xx m’ont plongé dans des sons plus “atmosphériques”, quant à Animal Collective, ils font des sons vraiment “étoffés”, chose que j’essaye d’atteindre. Donc oui, c’est définitivement un melting pot, mais avec Tokyo Dreamer, j’essaye de forger un son qui m’est propre.

Doucement mais sûrement, les choses commencent à devenir sérieuses pour toi. J’entends par là que tu es de plus en plus connu dans l’industrie musicale, quelques artistes comme Youth Lagoon t’ont félicité pour ton travail. Tu ressens une pression par rapport à la sortie de Tokyo Dreamer ou au sujet de la suite de ta carrière ? Est-ce que tu penses que ton métier sera lié à la musique ?

Ouais, les félicitations de Youth Lagoon étaient géniales. J’ai toujours du mal à y croire ! Absolument, je ressens de la pression au sujet de la sortie, mais j’en ressentirais aussi si j’avais 10 fans, j’ai tendance à être très exigeant envers moi-même, et lorsque je finis un son, souvent je me dis encore et encore : “Est-ce que c’est assez bon ?” et j’ai tendance à ne pas demander autour de moi, puisque la plupart sont soit trop gentils ou pas assez investis pour dire autre chose que “C’est bien, j’aime !” (par exemple). Ça a tendance à me frustrer, mais je pense que c’est mieux que si je finissais un son et que je le laissais en l’état. A propos du futur, je n’ai aucune inquiétude à ce sujet puisque je ne compte pas sur la musique pour vivre (en tout cas au moment où je vous parle). Je pense définitivement que la musique va occuper une place importante dans ma vie future, mais je ne peux pas vous dire où cela va me mener, on verra !

Dis nous en plus sur “Tokyo Dreamer”, ou mieux encore, dis nous TOUT à son sujet.

Wow, encore une grosse question ! C’est un album de dix pistes qui dure 42 minute, il sort le 15 janvier à 20h heure américaine. Musicalement parlant, il inclut tout ce dont j’ai parlé auparavant au sujet de mes influences, c’est très “atmosphérique” mais très glitchy et jazzy en même temps, avec ce qu’il faut de basse. Je l’avais annoncé en septembre, avec une sortie en Juin, en ne pensant pas du tout que je le finirai bien plus tôt que prévu. Entre septembre et maintenant, je dirais que j’ai passé deux mois sur l’album, puis les deux suivants à attendre sa sortie, en continuant à apporter quelques modifications. C’est tout ce que je peux vous dire.

Une question un peu chauvine mais je dois avouer que j’adore poser ce genre de questions… Qu’est ce que tu penses de la musique française et serais-tu prêt à faire des lives en France ?

La musique française est ÉNORME ! Tout particulièrement en matière d’électro. Honnêtement: Air, Justice, Madeon, Daft Punk, SebastiAn, et bien d’autres [sont géniaux]. On y retrouve une utilisation intéressante des cordes, plus précisément chez les artistes house comme Justice/Madeon/Daft Punk, c’est un style vraiment unique et génial qui ne peut être égalé par personne. J’ai souvent dit que j’aurais aimé être français juste parce que je serais automatiquement doué pour produire. Pour ce qui est des lives en France, je suis totalement prêt, en fait j’ai commencé à travailler avec un bookeur européen donc je devrais être chez vous cet été ! Advienne que pourra…

Quelque chose à rajouter ?

Pas vraiment, j’espère juste que vous apprécierez l’album !

Et en effet, j’ai apprécié ! J’ai très vite compris ce que Beat Culture exprimait à travers la transition entre ses deux albums, on perçoit ce qu’il a voulu faire passer en produisant Tokyo Dreamer. La petite touche jazzy très timide sur “Goldenbacked Weaver” est beaucoup plus assumée et les pistes sont plus planantes les unes que les autres; on s’éloigne là de l’électro très “brute” du précédent opus, mais rien de violent, la “patte” Beat Culture reste présente.

Je reprocherai peut-être un abus de samples très “aquatiques” (pluie, bruits des vagues, etc.) utilisés sur la quasi-totalité de l’album et quelques samples vocaux qui ne sont pas toujours les bienvenus (sur Coastal Sentiment par exemple), mais en dehors de ça, “Tokyo Dreamer” est un album qui charme le tympan, ce qui fait de lui ma première bonne surprise de l’année (en espérant que ce ne soit pas la seule).


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