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Le Jardin enchanté de Maria Hofker

Par Anne Onyme

jardinenchantedeMariaHofkerMarie France Boyer
photographies de Marijke Heuff
Éditions du Chêne
128 pages

CoupdeCoeur

Résumé:

Maria Hofker est une artiste néerlandaise née en 1902 et décédée en 1999. Jusqu'à sa mort, elle s'est occupé de son jardin dans la banlieue d'Amsterdam et l'a peint dans ses carnets, aujourd'hui conservés par le Rikjmuseum et le musée Teyler de Haarlem aux Pays-Bas. Elle tenait énormément à cette reconnaissance officielle. "Ainsi mon jardin vivra-t-il toujours" répétait-elle inlassablement. Ce livre propose de redécouvrir ce lieu magique et clos, coupé du monde, à travers un regard à la fois botanique, artistique et humaniste. Cette édition est préfacée par anna Gavalda : "Depuis des années... j'avais l'habitude d'emprunter Le Jardin enchanté de Maria Hofker à la bibliothèque... c'était comme Astérix et sa potion magique... j'en avais besoin pour continuer le combat."

Mon commentaire:

C'est en flânant dans le catalogue de mon réseau de bibliothèques, comme il m'arrive souvent de le faire, que je suis tombée par hasard sur ce livre. Je ne connaissais absolument pas Maria Hofker. J'aimais la couverture et la mention "enchanté" dans le titre. Un jardin enchanté se devait assurément d'être quelque chose de beau et d'inoubliable. J'ai donc commandé le livre. Et j'ai vraiment bien fait! Car enchantée, je le suis totalement!

Maria Hofker est une femme d'exception. Elle est née le 4 juillet 1902 à Amsterdam, en Hollande. C'est une artiste, qui a enseigné l'aquarelle et le dessin. Elle a aussi apprit la reliure. Fascinée par le jardin comme inspiration pour ses oeuvres, Maria Hofker a loué une parcelle de terrain, où même à 86 ans elle se rendait toujours à bicyclette, un panier de provision attaché à son vélo. Elle a travaillé à son jardin toute sa vie. Épouse de Wim Hofker, un artiste peintre spécialisé dans les paysages, elle et son mari se réfugiaient au jardin dès que possible, afin de bénéficier du calme et de la sérénité des lieux. Mais c'était véritablement Maria qui gérait et créait le jardin. Wim y trouvait quant à lui un lieu de repos. Pendant la guerre, Maria suit Wim en Indonésie pour son travail. Le couple y sera emprisonné pendant deux ans. Quand ils rentrent en Hollande, ils ont tout perdu.

Pendant les années où elle travailla à son jardin, elle dessina ce qu'elle y voyait: empreintes d'animaux, d'oiseaux, feuillages, fleurs, fruits, la vie, la renaissance et la mort. Ses aquarelles sont douces et jolies. Elle accompagnait ses croquis et ses dessins de réflexions et d'un journal-calendrier de la vie au jardin. L'hiver venu, quand le jardin était plus difficile d'accès et endormi sous la neige, Maria reliait elle-même ses textes et ses aquarelles. Son travail de reliure est impressionnant, on peut en voir des photos dans le livre. Elle dessinait également elle-même les vêtements qu'elle portait.

"Le vêtement fait partie de ma vie. Mon imagination doit s'en occuper au même titre que du reste." p.10

La nature et l'art faisaient partie intégrante de sa vie. Maria Hofker est décédée en 1999, à l'âge vénérable de 97 ans. Ce livre, qui regroupe des extraits de ses carnets ainsi que de nombreuses aquarelles, se veut à la fois un ouvrage botanique, artistique, mais aussi empreint d'humanité. La vie, la joie, la tranquilité d'une vie simple, le bien-être et les réflexions en font un ouvrage d'exception, aussi beau à lire qu'à contempler. Le jardin de Maria, inspiré des jardins sauvages, est terriblement beau. Il inspire la liberté et offre de rares moments de paix.

Il commence par un portrait de Maria Hofker, assorti de photographies et de notes biographiques. Suivent les fameux carnets (des extraits toutefois) qui s'échelonnent de 1949 à 1986. Pour chaque carnet, des détails quant à la reliure sont indiqués. Dans ses carnets, Maria parle de son jardin, de son travail, mais aussi de plusieurs femmes artistes, jardinières ou botanistes: Vita Sackville-West, Marianne North, Edith Holden, Gertrud Jekyll, Beatrix Potter. Maria Hofker s'intéresse à toutes sortes de choses, allant de l'art à la botanique, de la terre de son jardin en passant par les oiseaux qui laissent des traces dans la neige.

Les photographies qui accompagnent le volume sont très belles. On peut voir le jardin de Maria, sa petite cabane qu'elle a construite en récupérant de vieilles fenêtres à carreaux par exemple et l'atelier où elle vivait à Amsterdam. Les aquarelles et les croquis de Maria complètent les carnets en illustrant tout ce que nous n'avons pu voir. J'adore son arche de roses "New Dawn", une arche comme j'aimerais bien avoir dans mon propre jardin...

Un petit mot sur la préface signée par Anna Gavalda. Elle raconte dans ces quelques pages, sa passion pour ce livre et sur son habitude de l'emprunter régulièrement à la bibliothèque, jusqu'au jour où il fut élagué et donc, introuvable. Elle disait qu'elle ressentait le besoin de consulter cet ouvrage, comme une nécessité, et qu'elle a travaillé à le faire rééditer, puisqu'il était épuisé. Je dois avouer que je peux tout à fait comprendre la passion de Gavalda pour ce livre. Il fait un bien immense. C'est un ouvrage qui inspire le calme, le bien-être. Qui prône la simplicité d'une vie belle, en symbiose avec la nature. J'ai aimé, comme c'est difficile de le décrire.

Je crois, qu'il y a de ces livres, qui apportent de la quiétude et du bonheur. Une sérénité qui apaise et fait un bien fou. Le Jardin enchanté de Maria Hofker fait partie de ces livres-là. C'est une pépite, un livre qui donne envie de s'arrêter et de contempler...

Quelques extraits:

"Autrefois, raconte Maria Hofker qui a visité nombre de parcs botaniques, j'aurais souhaité un grand jardin, mais j'ai compris que le bonheur ne vient ni de la dimension, ni de la possession. Avec l'âge qui arrive, je suis ravie de sa taille et le fait de le louer ne change rien. Dès que j'entre au jardin, le temps disparaît, l'âge ne compte plus. J'ai la certitude que rien de triste ne peut m'y arriver, si ce n'est la difficulté de le quitter." p.9

"Maria Rueter-Hofker est un être exceptionnellement intense, constamment animé de cette vibration intérieure tout à fait singulière que l'on trouve chez les jeunes filles de la littérature anglaise du XIXe siècle comme les aimait Jane Austen. " p.12

"Nous avons un hiver très dur. Pas question d'aller au jardin à bicyclette. J'y vais à pied, ce qui me fait du bien. Il me fait une heure de marche. J'emporte mon thermos de thé et de quoi nourrir les oiseaux affamés. Je m'inquiète pour mon jardin." p.82

"Comme il fait chaud, je fais mon sirop de sureau habituel car il n'y a rien de plus agréable que de boire dans le jardin ce qu'il donne lui-même." p.92


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