Magazine Cinéma

De la rêverie...

Par Irreguliere

chocoshoot_bancsenhiver

Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s'ouvre pour nous.

Swedenborg appelait ces visions Memorabilia ; il les devait à la rêverie plus souvent qu'au sommeil ; L'Âne d'or d'Apulée, La Divine Comédie de Dante, sont les modèles poétiques de ces études de l'âme humaine.

Je vais essayer, à leur exemple, de transcrire les impressions d'une longue maladie qui s'est passée tout entière dans les mystères de mon esprit ; - et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme maladie, car jamais, quant à ce qui est de moi-même, je ne me suis senti mieux portant. Parfois, je croyais ma force et mon activité doublées ; il me semblait tout savoir, tout comprendre ; l'imagination m'apportait des délices infinies. En recouvrant ce que les hommes appellent la raison, faudra-t-il regretter de les avoir perdues ?... (Gérard de Nerval, Aurélia )

Je suis une rêveuse. Créatrice incessante de mondes imaginaires. De réalités parallèles. Irréaliste. Pas les pieds sur terre. Toujours dans la lune. Jamais vraiment là. Et la nuit, dès que je m'endors, je suis ailleurs. Je rêve beaucoup. Dans toutes les phases de mon sommeil, en fait. Rêves concaténés. Je rêve que je rêve (que je rêve). Ou rêves conscients. Conscience d'être dans mon lit en train de rêver. Parfois je passe au rêve suivant parce que celui que je fais ne me convient pas. Mais le matin est dur. Il me faut un temps d'adaptation pour me reconnecter au monde réel. De fait, j'ai l'impression de ne jamais être connectée au monde réel.

J'ai souvent l'impression d'être d'ailleurs. Pas de ce monde. Une nuit, j'en ai même rêvé que je venais d'une autre planète, et que ça expliquait que je sois toujours à côté, perdue dans la vie quotidienne.

D'un côté, c'est bien. Je ne m'ennuie jamais. Ni dans le train où je ne peux pas lire car ça me rend malade, ni à attendre. Dès que je n'ai rien de très concret à faire, je pars dans mes divagations imaginaires. Et puis, réfugiée dans mon monde de chimères, la réalité est moins importune. Moins blessante.

Mais peut-on toujours vivre ailleurs ? C'est épuisant, en fait, d'être toujours dans la lune. Les gens ne comprennent pas toujours. Séduits au premier abord par ce regard étrange où palpitent les rêves, certains se lassent vite d'une imagination débordante et incontrôlable. "Mais bon sang, sois un peu réaliste !". Non, je n'ai pas très envie d'être réaliste. Parce qu'il n'est pas beau, le réel. En tout cas, il n'est certainement pas à la hauteur du rêve. Alors, comment s'en contenter ?

Et puis, comment la canaliser, cette imagination débridée ? Écrire ? Peindre ? Oui, mais ça ne suffit pas toujours... 

(la photo est celle que j'ai proposée pour le Chocoshoot de février sur le thème de l'hiver... j'ai trouvé qu'elle correspondait bien à ma réflexion du jour)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Irreguliere 2572 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte