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« Les revenants » de Laura Kasischke

Par Sijetaisdeboutsurmatete
« Les revenants » de Laura KasischkeSélection du Grand prix des lectrices de ELLE 2012On peut penser qu’il y a, dans ce roman, trop de clichés : un campus américain du Midwest avec de beaux et jeunes gens, un irrévocable drame amoureux, des histoires de coucheries à l’origine de pâles scandales ; trop de personnages : des élèves et leurs parents, des professeurs et leur famille. Presque trop d’histoires… Et pourtant, c’est avec une réelle habileté que Laura Kasischke démêle les fils de son intrigue ; elle écrit, ce faisant, un roman au long cours où le lecteur, s’il est parfois agacé par des digressions inutiles, est toujours rattrapé par l’envie d’éclaircir le mystère. Ce mystère est inauguré par une scène d’accident quasi-mystique : dès lors on imagine que rien ne sera aussi simple qu’un drame humain. Pour l’instant, Craig souffre le martyre d’avoir tué dans cet accident de voiture sa copine Nicole Werner pour laquelle il nourrissait, contre toute attente, un amour chaste. Il décide de continuer son cursus universitaire sur ce même campus malgré la haine dont il est l’objet de la part des sœurs de Nicole, car c’est ainsi qu’elle nomme, comme il se doit, les camarades qu’elle fréquente dans la sororité d’Omega Teta Thau. Et malgré aussi tous les souvenirs auxquels il sera confronté sur ce lieu qui a vu naître son amour pour Nicole. Peut-être est-ce la raison pour laquelle il ne cesse d’avoir des apparitions de sa bien-aimée, mais pourquoi serait-ce aussi le cas de ses seuls amis Perry et Lucas ? Il faudra bien cette profusion de personnages, et leur vie plus ou moins maussade, pour donner de l’étoffe à la tristesse esseulée de ce jeune homme. Qui plus est, cette densité narrative rend parfaitement l’ambiance étouffante d’un campus universitaire qui vit en espace clos. L’impression qui parcourt le lecteur est résumée dans ce concept, cité tel quel, du poète John Keats de « negative capability ». Selon lui, elle est cette capacité à rester dans le mystère, dans le doute, sans vouloir à tout prix parvenir à une explication rationnelle. Finalement, on ne sait si elle saura rationnelle ou mystique, crédible ou ridicule mais il est certain qu’on continue à lire les six cents pages pour connaître le mystère qui anime le dernier roman de Laura Kasischke. « Les revenants » (The raising), Laura Kasischke. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Eric Chédaille. Christian Bourgois

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