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Le noeud coulant

Publié le 20 mars 2012 par Lorraine De Chezlo
LE NOEUD COULANTde Nils TredeRoman - 140 pagesEditions Impressions Nouvelles - février 2012
North, c'est une contrée isolée, une ville entourée d'eaux glaciales, habitée par des hommes et des femmes reclues, ignorants du monde extérieurs. Là-bas, il est un garçon qui observe ses semblables, qui décrit les moeurs inquiétantes et les occupations lugubres des habitants difformes de North, qui accusent souvent des penchants criminels. Chaque année à la même époque, tous sont courbés dans les eaux troubles et tuent férocement les milliers de marlins qui s'y trouvent. Un à un, jusqu'au dernier. Un bain de sang renouvelé, sans besoin, sans but, sans justification rationnelle. A North, il y a peut-être une famille différente qui remet en question ses coutumes barbares et absurdes, cet obscurantisme.Il y a Miss D. et ses enfants, Miss D. qui a osé parlé au journaliste - ou écrivain - et qui a vu son fils sacrifié par la cruauté gratuite.

Dès les premières pages, les premières lignes, l'atmosphère de North nous enveloppe d'une inquiétante et glaçante vapeur. Un silence morbide et cette quasi extinction annoncée : extinction des thons sauvagement exterminés, extinction du milieu naturel voué à sa perte, extinction de l'Homme aussi, se reproduisant en vase clos, s'entretuant, se taisant.
Extrait :"Les habitants de North sont les descendants de nos aïeux et en même temps les parents de nos enfants. Beaucoup d’entre eux ont l’air très étrange. Nous avons des habitants qui ne sont pas en mesure de marcher en se tenant droit et qui ne sont pas non plus capables d'apprendre à lire et à écrire. Certains ont un nez curieux, aplati, déplacé vers le front, des yeux obliques, bridés, qui montent vers les tempes, des lèvres étroites, transparentes et un menton quasi absent, formant une masse flasque avec le cou. Le tout est regroupé dans un visage plat et inexpressif. Ceci s'explique par le fait que personne ne va à North et que North est coupé du reste du monde. Car avec le temps, les visages des hommes reflètent le visage de leur ville. North est une ville uniforme qui est née d’elle-même et qui se maintient par elle-même.L’uniformité de North a réduit notre imaginaire. Et cet imaginaire réduit, nous l’appliquons quand nous passons à l‘acte."

L'écriture est poétique et se savoure, sa mélodie nous berce et l'histoire prend le relais avec un rythme précis. On suit notre narrateur et son quotidien sombre et on lève peu à peu le voile sur ses mystères. On tremble, on est glacé d'effroi, on craint le pire, il arrive et on plaint ce personnage condamné à l'autarcie comme ses congénères dégénérés. Et puis le roman bascule... Et puis c'est déjà l'épilogue, et l'auteur nous prend à contre courant, nous transporte contre toute attente des terres arctiques (supposément) à la Provence du mont Ventoux et des dentelles de Montmirail, aux côtés d'un homme en vacances avec sa compagne, à qui vient soudainement l'envie de ce roman.... Après La vie pétrifiée, c'est par Le noeud coulant que Nils Trede confirme son talent pour des romans courts et singuliers, empreints d'une étrange et attachante poésie. __________[merci à l'auteur Nils Trede !]  
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