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Happy! : quand Urasawa met Princesse Sarah au tennis

Publié le 21 mars 2012 par Paoru

Happy !Alors les papiers sur Billy Bat commencent à fleurir dans la presse, laissons un peu de temps pour en mieux connaître le dernier Urasawa, avant de vous donner un avis. Le mangaka maîtrise toujours ses entrées en matière donc si c’est pour le répéter une fois de plus, je pense qu’on peut encore patienter un ou deux volumes.

Néanmoins, c’est bien de Naoki Urasawa dont je vais vous parler aujourd’hui. Après Pluto il y a quelques mois, c’est au tour de Happy ! de passer à la casserole. Voici un titre très différent et antérieur à Monster et 20th Century Boys, qui ont valu sa célébrité à notre cher maître es-thriller. Ce shōnen sportif mérite néanmoins le détour pour ses personnages hauts en couleurs ou sa mise en scène prenante.

Son éditeur français, Panini Comics, nous a proposé le mois dernier le dixième tome de l’édition Deluxe (qui en comptera 15 au final) et voici plusieurs bonnes raisons de vous les procurer.

Direction maintenant le court central… Bonne lecture

;)

Les malheurs de Miyuki

Umino, l'héroïne de Happy
Miyuki Umino n’a pas de chance. Vraiment pas. Dotée d’un grand talent pour le tennis depuis que son entraineur de père lui a mis une raquette entre les mains, Miyuki a malheureusement mis ce sport de côté depuis de la mort tragique de ses parents. L’adolescente élève maintenant ses petits frères et sœurs, jusqu’au jour où deux yakuzas frappent à sa porte… Son grand grand frère leur doit de l’argent, beaucoup d’argent : 250 millions de yens. Et il est bien entendu introuvable.

La jeune Umino semble alors condamnée à se prostituer pour rembourser cette dette. À moins que son talent pour le tennis ne change la donne. En apprenant les revenus de la numéro une mondiale, Miyuki décide de retourner sur le court pour empocher ce pactole. Mais ce n’est pas parce qu’elle retrouve son sport favori que la chance a tourné, car ce retour n’est que le point de départ de son calvaire.

La route de notre tennis-woman va croiser celle de la jeune étoile montante : Choko Ryugasaki, aussi douée et adulée du public que fourbe, manipulatrice et perfide. Pour Choko, Miyuki est un cafard, bien trop résistant à goût, qu’elle a le plus grand mal à écraser malgré ses coups en douce qui font toujours mouche. Seule contre tous, Miyuki ne se doute pas une seconde de la méchanceté de son entourage… Et elle va en faire les frais, encore et encore !

Mais elle n’est pas prête à abandonner et elle gagne le soutient d’amis qui lui sont fidèles. Néanmoins, est-ce que le talent et la détermination de Miyuki Umino seront suffisants pour devenir la number one et venir à bout de ses créanciers ?

Happy ? Plus facile à dire qu’à faire !

Happy! débute le 28 février 1994 au Japon chez l’éditeur la maison Shōgakukan. À l’époque, Naoki Urasawa vient de finir Yawara, un titre sur le judo féminin qui a connu un immense succès : 30 millions d’exemplaires vendus et une recrudescence des inscriptions dans les clubs de judos nippons.

Naoki Urasawa
L’auteur aimerait bien passer à un registre différent mais son éditeur ne veut pas que la poule aux œufs d’or prenne de risque : ce sera encore une fois du sport au féminin. Cependant Urasawa ne désire pas se répéter auprès du  jeune public : dès le départ c’est la prostitution qui attend son héroïne si elle échoue. Elle doit s’occuper seule de ses frères et sœurs, subit les dettes de son frère et tout le Japon va rapidement la détester. Les personnages sont des adultes ou des jeunes adultes, avec la sexualité et les réflexions personnelles qui vont avec, bien au-delà de l’innocent et pur désir de se transcender pour la victoire.

Cependant, il faut bien reconnaître que la jeune Umino a tout de l’héroïne sportive qui n’abandonne jamais, qui fait preuve du meilleur d’elle-même lorsqu’elle est acculée et que toute chance s’est évanouie.

Umino est une gentille fille, une gourde a-t-on envie de lui dire parfois, qui veut le bien de ses frères et ses sœurs et s’obstine à voir le bien partout et surtout chez tout le monde. Elle continue de croire en son grand frère, même si celui-ci est indirectement responsable de la mort de ses parents et plus directement de la ruine de toute sa famille. Elle se lie même d’une amitié fidèle avec sa pire ennemie, Choko, qui va lui faire les pires crasses : lui faire perdre des matchs, la faire détester de tout le public, ruiner ses chances en amour, etc, etc.

Injustices et tête à claques…

En caricaturant son héroïne et plusieurs de ses personnages principaux, Urasawa a décidé d’aller au bout de ses protagonistes : Umino est énervante de gentillesse et de naïveté mais ce n’est rien a coté de la perfidie d’une Choko pourrie gâtée, de la froideur de matrone Ohtori ou de la mollesse éminemment patentée de son fils, dont la relation amoureuse avec Umino est littéralement navrante.

Peut-on aimer les personnages principaux de Happy ? Peut-on s’y identifier ?

Globalement… Non. Mais ce n’est pas grave. Ils ne sont pas là pour être aimés. Qui aimait Princesse Sarah ? Tout le monde la plaignait et détestait les personnes qui la malmenaient, chacun était révolté par ces injustices à répétition et espérait qu’enfin un jour la roue tournerait et que les comptes seraient soldés. Et ça Urasawa l’a bien compris et laisse les rôles les plus sympathiques aux personnages secondaires comme Junji, le yakuza au cœur tendre.

Les personnages de Happy !

Avec ses rôles titres tous plus typés les uns que les autres, le mangaka enchaîne les rebondissements et joue aux montagnes russes entre bonnes et mauvaises nouvelles… Umino gagne un huitième de finale difficile ? Elle se perd dans les couloirs avant le début de son quart de finale. Elle gagne son premier gros cachet de joueuse ? Oui mais trop tard, elle est exclue de chez elle et se retrouve à la rue.

Les matches de tennis sont sympathiques et bien rythmés mais ne sont pas l’élément clé du récit, car les victoires et les défaites se jouent aussi souvent sur le court qu’en dehors. On joue donc plus avec nos nerfs plus qu’avec notre amour du sport… Et ça marche : on se prend à ce jeu grâce au chara-design efficace d’Urasawa, qui nous sert quelques visages colériques ou sadiques dont il a le secret. Le format Deluxe et ses 224 pages permet également une meilleure immersion.

Happy ! est donc un moment prenant de lecture, bien ficelé, avec des recettes qui ont déjà fait leurs preuves, remises à la sauce Urasawa. Ceux qui ne jurent que par Monster ou 20th auront tout intérêt à se tourner vers le tout récent Billy Bat qui semble en être plus proche. Mais comme nous l’a montré Pluto, Naoki Urasawa n’est pas un mangaka monolithique et voici une facette des plus amusantes !


Happy tome 10
Titre : Happy !
Auteurs : Naoki URASAWA
Date de parution : 07 avril 2010
Éditeurs fr/jp : Panini / Shōgakukan
Nombre de pages : 224
Prix de vente : 10,95 €
Nombre de volumes : 10 (série finie en 15)

Plus d’informations sur le site La base secrète.

HAPPY! © 2003 by Naoki URASAWA / Shogakukan Inc.


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