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Constance "Les mères de famille se cachent pour mourir"

Par Gjouin @GilbertJouin

Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche / Pigalle
One woman show écrit par Constance et Jérémy Ferrari
Mis en scène par Nicolas Lartigue
Le pitch : Constance s’ennuie quand elle est toute seule, alors elle fait payer des gens pour venir l’écouter. Et comme vous êtes des voyeurs, vous vous précipiterez pour découvrir l’expression de son déséquilibre mental.
Sa force est qu’elle est toutes les femmes à la fois. En permanence sur le fil du rasoir, elle de bascule jamais. Son écriture aiguisée et son jeu réaliste sont au service de son regard insolent sur le monde. Et l’insolence, ça a du bon !
Mon avis : Je suis régulièrement emballé par les prestations de Constance dans l’émission de Laurent Ruquier On n’ demande qu’à en rire. C’est donc avec une certaine gourmandise que je voulais la découvrir sur la longueur d’un spectacle au cours duquel, fatalement, elle en livre beaucoup plus sur elle-même et son univers… Et bien je n’ai pas été déçu. Mieux même, elle m’a emporté au-delà de mes espérances, au-delà de limites « politiquement correctes » qu’on n’ose plus espérer depuis belle lurette (sauf avec Gaspard Proust). En étant quelque peu réducteur et en ayant recours à cette foutue manie que nous avons de dresser systématiquement des comparaisons, je dirais que Constance c’est une Lemercier qui ne fait pas dans la dentelle ; ô que non. En plus, quand on découvre qu’elle a vu le jour près d’un village répondant au joli nom de Cuise-la-Motte, on est en droit d’imaginer que les vapeurs qui ont réchauffé son intimité lui sont montées jusqu’à la tête… J’extrapole bien sûr, mais on ne connaît jamais les fondements de la mécanique qui met en branle notre subconscient. Et encore plus quand on est une jeune femme…
Je vous entends déjà crier au misogyne. Que nenni. C’est Constance elle-même qui a construit son spectacle autour de la voix off et virile d’un monsieur qui frise le misogyne intégriste bon teint. Et, en fonction de ses injonctions, elle campe le personnage qui correspond… Je ne veux vraiment rien déflorer de ce one woman chaud. La galerie de personnages qu’incarne la jeune femme, c’est du gratiné. Tant au niveau des tenues vestimentaires, de la gestuelle, du jeu, que du verbe. Car elle ne les mâche pas les mots, surtout les gros. Constance appelle un chat un chat (doux euphémisme). Totalement décomplexée, elle réussit à effacer d’un sourire enjôleur ou d’un œil candide l’énormité qu’elle vient de proférer. De la gamine de CE2 à la mamie, elle visite la féminité à travers les âges. Elle se vautre avec délectation dans l’enlaidissement, revêt des jupes infâmes ou des robes hideuses, arbore perruques et lunettes. Chacun de ses personnages a son look et sa couleur vocale propres. Elle est particulièrement à l’aise avec l’accent de sa région d’origine. Elle pique hard, la Picarde !. Elle touche un peu à tous les genres, passant avec une égale maîtrise du loufoque à l’humour noir. Si Coluche recherchait ce qu’il pouvait y avoir qui soit plus blanc que blanc, avec elle on découvre le noir plus noir. Cruelle, indécente, provocante, nunuche, coquine, fausse naïve, elle sait tout jouer à la perfection. Et on voit qu’elle y prend un sacré plaisir. Très culottée (on peut le vérifier), elle adore choquer. Oreilles chastes s’abstenir. Et malgré tout, elle n’est jamais vulgaire.
Remarquable comédienne, Constance est un monstre charmant doté d’une sacrée présence. Je suis heureux de l’avoir découverte le jour du printemps, au milieu d’une salle pleine comme un œuf. Les rires sont incessants, entrecoupés de petits hoquets horrifiés ou amusés. Ma voisine riait tellement qu’elle secouait toute la rangée de ses soubresauts hilares. Si vous voulez vivre une heure et quart de pur bonheur, ça se passe à la Comédie de Paris à 21 h 30. Si les mères de famille viennent s’y cacher, c’est pour mourir… de rire.

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