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L’enchantement des lucioles de Valérie TORDJMAN

Par Lecturissime

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♥ ♥

« Qu’est-ce que la photographie sinon des filets à papillons démaillés qui laissent passer la lumière intermittente du réel ? » (p.110)

L’auteur :

Valérie Tordjman est née en 1960 et vit à Paris. Après des études d'histoire de l'art et d'esthétique, elle a travaillé pour le ministère de la Culture, le Centre national de la photographie et la Caisse des Monuments historiques. Elle est l'auteur de L’Atelier anthropophage (Belfond, 2002), La Pornographie de l'âme (Le Passage, 2004) Médor & Diego (Le Passage, 2006), Une fraction de seconde (Le Passage, 2008),
et Le Jour d’avant (Le Passage, 2010).

L’histoire :

Vers 1850, pour rejoindre son époux à la manufacture hollandaise de Nagasaki, Alexandra Van Polder brave les océans et les convenances. Avec elle, débute la saga océanique des Polder.
Entre le Japon et l’Amérique, c’est le choc de l’Ancien et du Nouveau Monde, des histoires d’hommes qui domptent les mers et de femmes qui se jettent à l’eau par amour, une merveilleuse alchimie d’image et de magie qui se rejoignent par-delà le temps et les océans jusqu’à Sarah, son arrière-arrière-petite-fille.
Et à travers ces êtres de chair et de passions : l’odeur du rivage, le bruissement de la soie, l’arrivée des immigrants sur l’île de Manhattan, la construction du Brooklyn Bridge et partout, d’un continent à l’autre, d’un siècle à l’autre, de l’eau, l’eau primordiale, miroitante, dangereuse. (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

Valérie Tordjman nous convie dans un univers mouvant, fluctuant, au sein duquel les femmes s'épanouissent dans une vie métaphorique dense et passionnante.

« A cet instant, aux antipodes, pareille aux algues phosphorescentes en mer, aux petites lueurs verdâtres des vers luisants sur terre, aux étoiles du ciel et, dans l’air, aux lucioles qui émettent en morse lumineux la fugacité de leur apparition, Sarah Polder se tenait là.

Toujours au bord de sa vie vivante.

Déjà plus là. » (p. 136)

Les images sont au coeur du texte comme au coeur des destinées des femmes pour qui la photographie, l'illusion, la magie constituent une raison d'être et de devenir. Alexandra a mis au point un procédé pour photographier alliant les techniques nouvelles de Daguerre et de Cutting et sa fille Sarah découvre avec tout autant de plaisir et de passion l'art et les secrets de la photographie.

« L’image, la magie, leurs escamotages et autres métamorphoses luttaient à la surface du monde contre le réel, la crédulité, le chagrin ; contre l’amour aussi. Et la mort devait être de la partie. » (p. 83)

Un beau roman aux accents mélancoliques.

Ce que j’ai moins aimé :

Un texte qui se laisse difficilement saisir, aussi fuyant que l’eau qu’il évoque.

Premières phrases :



« Voir brûler de l’eau, l’expression est aussi ancienne que le creux pays : la Hollande des polders. Voir brûler de l’eau, c’est n’en pas croire ses yeux, ce qui avait dû lui arriver car,

en même temps que les langues de feu s’éparpillaient dans la nuit noire des Caraïbes, sa lanterne magique émettait de petites lumières intermittentes dessinant sur la coque fraîchement repeinte du navire une pantomime de spectres familiers, à commencer par elle : Sarah. »

L’enchantement des lucioles, Valérie Tordjman, Le passage, mars 2012, 144 p., 14 euros

Merci aux Editions Le Passage

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