S'attaquer à l'oeuvre d'Hergé est un pari risqué. C'est pour cela que Spielberg,
qui a acquis les droits d'adaptation en 1981, a mis du temps avant de nous
pondre ce film d'animation. Le célèbre réalisateur est un habitué des premières
places du box-office, mais avec ce film il y avait un enjeu de taille : plaire à
la fois aux fans de cette bande dessinée, sacrée en Europe, et au public
américain.
Spielberg a choisi de combiner trois tomes qui se suivent plus
ou moins dans la chronologie des aventures du reporteur belge : Le Crabe aux
Pinces d'Or, Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge.
Brièvement, Tintin découvre qu'une maquette de bateau qu'il vient d'acquérir
cache un secret : le trésor de Rackham le Rouge. Après avoir été capturé par
Ivan Sakharine également à la recherche du trésor et libéré par le fidèle Milou,
Tintin fait la rencontre du Capitaine Hadock qui va l'accompagner dans la suite
de son aventure.
La difficulté ne résidait pas dans le scénario, mais
dans la façon de réaliser le film. Après avoir longtemps hésité, c'est la
technique du "Performance Capture" qui a été préférée. Elle a été utilisée dans
Spider-man 3, Avatar,
La Planète des singes : Les Origines, etc. Elle reproduit très fidèlement les
expressions du visage et les mouvements des personnages à travers l'image de
synthèse. Le résultat est bluffant. Ce procédé est en cohérence avec l'univers
de la bande dessinée puisqu'il peut conserver les mêmes traits de visage des
personnages dessinés par Hergé tout en ayant un côté réaliste. Graphiquement, ça
reste très fidèle.
En revanche, du côté de la mise en scène c'est autre
chose. La musique grandiloquente de John William, collaborateur de Spielberg
dans de nombreux films (Dents de la mer, Indiana Jones, E.T, La liste de
Schindler, Jurassic Park, Amistad, etc.), donne du peps, tout comme les scènes d'explosions
très hollywoodiennes. Eh oui ! Spielberg n'est pas un réalisateur indépendant et
doit faire la part des choses entre ses envies et le profit qu'un tel projet
doit générer.
Finalement, cette adaptation testostéronisée est plaisante
et reste proche de l'esprit de la bande dessinée.