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La mort de Mohammed Merah mérite bien une minute de silence

Publié le 26 mars 2012 par Titzou
POSITIONS POLITIKART"La République a des questions à se poser" après la tragédie de Toulouse, estimait le candidat François Bayrou lors de son meeting à Paris, dimanche 25 mars. Une façon pour ce Grand Timoré de pointer avec raison sur un devoir de réflexion et un examen de conscience plus que nécessaires : salutaires. Rien que pour cela, la mort de Mohamed Merah mérite bien une minute de silence. Sa MORT, pas sa personne.
La mort de Mohammed Merah mérite bien une minute de silence
On t'a bien amochée, ma pauv' Marianne... Cette exécution retransmise en direct et cependant invisible. Cet assaut du RAID dont on ne sait rien que ce que l'on veut bien nous dire. Ce méli-mélo de "témoignages" et "révélations" des patrons du RAID et de la DCRI, qui font de cet assassin d'enfants décérébré un "loup solitaire" djihadiste impossible à pister, propos fleurant bon la fable barbouzarde rancie...
Tout cela est affligeant. La République, celle qui juge et ne tue pas, celle qui veille sur ses enfants et ne dit pas "je n'ai rien vu venir", celle qui préserve la vie même des pires tueurs afin qu'ils puissent rendre compte au peuple, a encore perdu quelques bons centimètres dans l'histoire. Et quand la Marianne rapetisse on est triste. Cela vaut bien une minute de silence.
La mort de Mohammed Merah mérite bien une minute de silence
Dessin de Christian. Allez savoir ce qui a poussé cette professeure d'anglais de Rouen à demander une minute de silence à ses élèves "en mémoire de Mohamed Merah". Une personne "fragile", selon la version officielle. Qu'importe. Mais, n'en déplaise aux offusqués de tous bords et aux justiciers-après-la-bataille, les actions et réactions des diverses "autorités compétentes" forcent le silence - en nous laissant bouche-bée.
La mémoire de Merah ? Bien sûr que non. Elle n'a pas besoin d'être préservée par une malheureuse enseignante, puisque les "autorités" sont en train de lui bâtir une superbe légende, dont on se souviendra, c'est certain. Et c'est cela qui pousse à la méditation, et pas que pour une seule minute.

Qui est le Janus de l'affaire ?

Prenez ce Bernard Squarcini, dit le "Squale", patron de la DCRI et commanditaire de "fadettes" (mais il fera sauter sa mise en examen, ne vous inquiétez pas). A peine Merah abattu (d'une balle, de trente, de dos, en sautant du balcon en djellaba, en jean, etc...), le voilà carrément biographe - et psychiatre - d'un "Janus" qui a eu des "troubles psychiatriques" dans son enfance et qui a laissé parler "sa deuxième personnalité".
"Nous ne pouvions pas aller plus vite" déclare le Squale au Monde, tout en livrant moult détails sur la bio de cette anodine petite frappe de banlieue vivant du RSA, qu'il semble pourtant connaître comme sa poche. Et de nous brosser le parcours d’un grand voyageur. Car on apprend que ce Janus sans le sou a vu du pays : Turquie, Israël, Liban, Syrie, Jordanie, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan, Iran, Egypte, tout ça pour faire du tourisme, voir son frère, se chercher une épouse... Bref, pas de quoi apparaître "sur nos radars".
Et quand enfin il y apparaît, c'est juste pour faire l'objet d'une petite fiche. Elle est tellement diabolique, la double personnalité de Merah que c'est lui-même qui appelle la DCRI, prend rendez-vous et se pointe leur montrer, sur une clé USB, ses photos de voyages touristiques au Moyen Orient. De quoi rajouter une ligne sur la fiche, sans plus. Une fiche fort plausible…

Un loup solitaire comme au cinéma

Prenez aussi le patron du Raid, le contrôleur général Amaury de Hauteclocque, qui a dirigé l'assaut contre le tueur. "Il a choisi son destin", "il voulait rejoindre Allah", il est mort en sautant du balcon, "l'arme encore à la main"...
Pourtant, dans ce genre d'affaire, il est de règle de tout faire pour éviter de transformer un sordide assassin en héros mort en martyr. Là, c'est raté. Ratage volontaire ? Personnalité diabolique, "détermination absolue", combattant "honoré d'affronter le RAID", loup solitaire "prenant un plaisir infini à tuer", tout ça n'est que du ouï-dire, un portrait dont nous n'avons - et nous n'aurons - aucune confirmation. Comme pour mieux nous convaincre que ces deux piliers de la sécurité et de la défense de la République que sont le RAID et la DCRI ne pouvaient qu'être impuissants face au « monstre ».
Cela rappelle méchamment la fameuse phrase d’Arnaud de Lagardère, lors de l’affaire EADS – délit d’initié :
"Je préfère passer pour un incompétent plutôt que pour un malhonnête !"
Et Marianne, qu’est-ce qu’elle préfère ? Silence…
Lire aussi : A qui profite le crime ?

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