Mathieu Bénézet sera demain au Petit Palais à Paris, en conversation avec Pierre Vilar, dans le cadre de "A demain, la poésie"
Qui parle au-dedans de toi
qu’est cette voix qui ne te guide pas
et te surprend au sortir des rêves
« il est temps de partir »
« il est temps de mourir »
Tu es l’homme qui marche
dans les choses contaminées le
signe t’a oublié le sens ne
t’accompagne pas le chemin
de roses est un chemin de pierres
pierres imparfumées
pierres sourdes
« se vider de soi » dit le poète
|○|
Pas de destin Pourtant
une âme t’accompagne
est-elle en toi extérieure à
toi vit-elle de toi vit-elle
d’elle-même Pourquoi fuis-tu
si loin si loin d’elle
Ton cœur est une grenade
déchirée en plein midi
que mangent des dents
anonymes et cruelles
Pourquoi es-tu séparé
séparé des fleurs et du bleu
d’une mer Pourquoi
es-tu séparé de toi-même
quand la beauté abonde
Mathieu Bénézet & Philippe Hélénon, Ne te confie qu’à moi, Flammarion, 2008, p. 55 et 56
|○|
XXXIII.
pure solitude de nos nuages souterrains
des voix martèlent l’alliage nu du sommeil
et des corps ô l’enroulement de la mémoire
comme sont choses dispersées dans la mémoire
l’écho là où j’ai un trou visage
moi-même là où j’ai un trou la mort
Mathieu Bénézet, Les XXXX, suivi de Trente-neuf Quatrains, Comp’Act, 1989, sans pagination.
Mathieu Bénézet dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, Mais une galaxie, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, lecture du Lundi des Poètes, La tête couchée de Brancusi (parution), La Terrasse de Leopardi (parution), extrait 7, Ne te confie qu’à moi, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext. 12, ext. 13, ext 14, ext. 15,
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 28 mars à 16:17
Grâce à 'information donnée par Florence Trocmé sur son site, j'ai pu assister à cette fabuleuse rencontre. C'était tellement étrange. Pierre Vilar a su déclencher la parole profonde de Matthieu Bénézet. Une profondeur vertigineuse quand il lisait ses textes, enfoncé dans sa voix multiple. C'était -et je leur ai dit- comme un "Méliès" l'univers de M.B et P.V comme l'explorateur de la galaxie Bénézet. Beaucoup de tendresse, d'humour dans cette rencontre et dans la porosité avec le public de l'auditorium du Petit Palais. J'ai aimé que son travail important à la radio (F.C) soit évoqué (surtout dans le travail de montage précédant les émissions "Reconnaissance à..." ainsi que les revues poétiques. Ce poète à l'écriture protéiforme -qui préfère se dire écrivain- a tant d'identités, "un froissement de soi", écrivant comme on descend dans l'eau obscure d'un puits pour rencontrer ses autres voix et l'étranger en soi. Un homme de dialogues, aussi, de rencontres. Il a su mettre en valeur des poètes méconnus, voire inconnus. Je pose ce commentaire ici car il n'y a pas d'espace commentaire sur Poézibao