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Censure vs BD : Tintin (1 sur 3)

Publié le 27 mars 2012 par Edelit @TransacEDHEC

Accusé de racisme par les uns (Tintin), d’antisémitisme par d’autres (Les Schtroumpfs), de faire l’apologie de la cigarette (« Lucky » Luke) etc… Les Bandes-dessinées de  notre jeunesse déchainent bien des passions. Mais d’où vient un tel acharnement envers ces œuvres classiques ? Est-il justifié ?

Tintin, Les Schtroumpfs, Lucky Luke… Ces 3 sagas font parties des plus grand succès de l’histoire de la bande dessiné. C’est bien simple, il suffirait d’y ajouter Astérix pour avoir un quatuor parfait. Sauf que la création de Goscinny, elle, ne souffre pas d’un Taulé retentissant qui dure depuis quelques années. Seules les œuvres de Hervé, Peyo et Morris respectivement auteur de Tintin, Des Schtroumpfs et de Lucky Luke sont dans l’œil du cyclone. Le dénominateur commun entre ces 3 aventures ? Tous serraient accusés de répandre des idéologies aptes à corrompre notre jeunesse, via des idées racistes, antisémites ou encore des passages idéalisant la consommation de cigarettes. En outre ces 3 auteurs sont Belges, ce qui aura -de façon tout à fait accidentel?- son importance dans la suite de la démonstration des pro-censures.

Ainsi, le e-Délit vous propose cette semaine de se pencher sur les différentes problématiques liant les 3 principales œuvres citées plus haut, avec rien de moins qu’un article par titre.

Nous commencerons aujourd’hui par le plus célèbre : Tintin.

L’affaire Tintin

 

Ahhhh Tintin… Plus qu’un héros, une icône ! Tant de jeunesses (plus de 200 millions d’album vendus dans le monde depuis 1920) ont été rythmé par les pérégrinations du jeune homme à la houppette. L’œuvre d’Hergé a une force évocatrice extrêmement rare auprès de toutes les générations d’européens, ce qui est une preuve du génie de ces albums.

Mais après moult et moult voyages, des aventures plus risqués les unes que les autres, des défis impossibles relevés au pied levé, notre fameux reporteur du Petit XXème semble en passe de faire face à son ennemis le plus coriace : la censure. Que se passe-t-il? Pourquoi une œuvre aussi unanimement saluée comme l’une des meilleurs de l’histoire de la littérature tous genres confondus doit être mis en cause aujourd’hui ?

Tintin : objectif censure

Pour nombre de détracteurs, dont Louis George Tin, président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN), il suffit de lire Tintin au Congo pour se rendre compte de l’infâme dose de racisme que comporte cette BD. Depuis 4 ans, en association avec Bienvenu Mbutu Mondondo, ressortissant du Congo, Mr Tin essaye par voie judiciaire, sinon de faire interdire la parution de l’œuvre en France, de faire ajouter une bande expliquant le contexte de l’époque. En effet, il faut bien comprendre que Tintin au Congo comporte de nombreuses scènes où les noirs sont esclaves. En outre, quand bien même serait-ils libres, il existe un constant rapport de dominant a dominé (cf la scène du train où Tintin est le fautif du déraillement et où il est le seul à ne pas mettre la main à la pâte, ainsi que les multiples scènes où il est traité comme une divinité).  Et si ces critères étaient largement inscrits dans les mœurs à l’époque de l’écriture (1930, en pleine période coloniale), ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans une ère où le multiculturalisme peine encore à s’affirmer de manière équilibrée les critiques ne tardent pas à s’exprimer de manière raisonnée parfois, de façon disproportionnée souvent. Ce raisonnement s’applique également sur les autres albums « carte postale » de Tintin (en chine ; au pays de l’or noir… etc), mais reste particulièrement repris sur le titre décrit plus haut.

Tintin : au service de la veuve et de l’orphelin… Sans distinction ethnique !

Hergé, le grand Hergé, avait été interrogé sur cet aspect peu reluisant de Tintin. Qu’a-t-il répondu aux accusions de racisme ? : « Toutes les opinions sont libres, y compris celle de prétendre que je suis raciste… Mais enfin, soit! Il y a eu Tintin au Congo, je le reconnais. C’était en 1930. Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque: ‘Les nègres sont de grands enfants… Heureusement pour eux que nous sommes là! etc…’ Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le plus pur esprit qui était celui de l’époque, en Belgique ». Et il ajoute : « Plus tard, au contraire, dans Coke en Stock – et même si l’on parle ‘petit nègre’ -, il me semble que Tintin fait assez la preuve de son anti-racisme, non?… C’est comme avec les romanichels des Bijoux. L’attitude de Tintin et celle du capitaine Haddock sont identiques: ils prennent leur défense, à l’encontre de tous les préjugés ». Le maître marque un point : Tintin défend toujours l’opprimé, quel que soit son appartenance ethnique. Ces accusations perdent alors leur poids principal de racisme ultra colonial, d’autant que tous les autres arguments peuvent être contrés avec un minimum de bonne foi ou/et en se replaçant dans le contexte de l’époque.

 

Tintin aux pays Anglosaxons : puritanisme ou multiculturalisme exacerbé ?

Pour reprendre notre petite histoire de procès, Casterman, l’éditeur qui diffuse Tintin en France, s’est déclaré « fier » de cette œuvre et fera tout pour la défendre telle quelle. Les jurés semblent encore lui donner raison, mais dans certains pays la machine à censurer fonctionne à plein régime, que se soit de manière formelle ou informelle. Il faut voir comment est l’œuvre d’Hergé est très difficile d’accès aux Etats-Unis, et réservé à un public averti en Angleterre, la Commission britannique pour l’égalité raciale (CRE) ayant jugé l’ouvrage raciste et insultant. Puritanisme de la culture anglosaxonne ? Puissance des lobbys ethniques qui n’hésitent pas à faire pression sur les institutions ? Toujours est-il que Tintin n’a jamais vraiment réussi à s’implémenter dans ces pays, pourtant bercées par les BDs et la culture Européenne. Les raisons sont peut-être encore plus simples que des considérations raciales : le second degré est trop développé pour un lectorat de jeunes américains habitués à l’action frénétique des Comics, et Tintin ferait trop l’apologie de l’Europe pour les insulaires du continent.

Une bien belle démonstration d’humour ironique a été faite concernant l’album Tintin au Congo, mais nous la réservons pour la conclusion de notre cycle d’article, afin de finir sur une note légère. En attendant, rendez-vous Jeudi pour la suite de nos aventures, avec nos amis les Schtroumpfs !!!


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