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« Pensées de Jules Renard » (éd. Le Cherche Midi – 2010-)

Publié le 29 mars 2012 par Dubruel

Dans la Préface, Jean-Louis Trintignant écrit : « Ce que j’aime chez Jules Renard, c’est la lucidité, sa tendresse immense derrière son côté brillant : il a beaucoup d’intérêt pour les autres. Au-delà de l’œuvre, il avait un comportement humain qui me plait beaucoup : c’était un homme de gauche, un socialiste.

Ce qu’il écrivait pouvait passer pour des méchancetés ; en fait, ce qu’il écrivait pouvait passer pour des méchancetés mais ça n’en était pas – ou alors des méchancetés pour les imbéciles !

il n’y a pas davantage de misanthropie chez Jules Renard. Il était trop à l’écoute des autres pour être misanthrope.

Il parle beaucoup des autres d’une façon qu’on peut juger cynique mais qui est pour moi pleine d’amour.

Comment peut-on dire de Renard qu’il est misogyne ? Il adorait les femmes.

On sait qu’un tiers de son journal a été brûlé par sa femme. Ce tiers manquant contenait, parait-il- des histoires de filles, de tromperies…Il avait une garçonnière. Je n’aime pas beaucoup chez lui ce côté un peu  bourgeois libertin. C’est dommage. »

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N’écoutant que mon courage qui ne me disait rien, je me gardai d’intervenir

Il y a des gens si ennuyeux qu’ils vous font perdre une journée en cinq minutes.

Écrire, c’est une façon de parler sans être interrompu.

Si l’argent ne fait pas le bonheur…rendez-le

Un mot si joli qu’on le voudrait avec des joues pour l’embrasser

La sottise pousse sans qu’on l’arrose

Je sais que la littérature ne nourrit pas son homme. Par bonheur, je n’ai pas très faim.

Je lis roman sur roman, je m’en bourre, je m’en gonfle, j’en ai jusqu’à la gorge, afin de me dégoûter de leurs banalités, de leurs redites, de leur convenu, de leurs procédés systématiques, et de pouvoir faire autre.

La critique, c’est un botaniste. Moi, je suis un jardinier.

Ne jamais être content : tout l’art est là.

La prose doit être un vers qui ne va pas à la ligne.

Il n’y a qu’une chose qui me gênerait : c’est mon propre mépris ; mais, matériellement, je ne peux pas me cracher à la face.

La peur de l’ennui est la seule excuse du travail.

la clarté est la politesse de l’homme de lettres

Je ne m’embête nulle part, car je trouve que, de s’embêter, c’est s’insulter soi-même.

La récompense des grands hommes, c’est que, longtemps après leur mort, on n’est pas bien sûrs qu’ils soient morts.

Je ne vais dans le monde que quand j’ai envie de ne pas m’amuser.

Sachez écouter. Malheur à celui qui, sans le ramasser, laisse tomber une parole d’or de la bouche d’autrui.

Prendre la vie au sérieux burlesque.

Ma littérature, c’est comme des lettres à moi-même que je vous permettrais de lire.

Si j’avais du talent, on m’imiterait. Si l’on m’imitait, je deviendrais à la mode. Si je devenais à la mode, je passerais bientôt de mode. Donc, il vaut mieux que je n’aie pas de talent.

Vous ne direz jamais autant de mal de moi que j’en penserais de vous, si je pensais à vous.

Si l’on bâtissait la maison du bonheur, la plus grande pièce en serait la salle d’attente.

Maladies : les essayages de la mode.

Le vote : une arme sournoise et dégradante.

L’artiste, c’est un homme de talent qui croit toujours qu’il débute.

Ne comptez pas trop sur la société pour faire des réformes : réformez-vous vous-même.

L’écrivain qu’il faut relire le plus souvent pour se corriger de ses défauts, c’est soi-même.

Théâtre. Quand je pense que Dieu, qui voit tout, est obligé de voir ça !

La politique devrait être la plus belle chose du monde : un citoyen au service de son pays. C’est la plus basse.

Si mes livres ennuient autant les peintres que leurs peintures m’embêtent, je leur pardonne.

Je ne connais qu’une vérité : le travail seul fait le bonheur. Je ne suis sûr que de celle-là, et je l’oublie tout le temps.


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