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JUNKY, de William S.BURROUGHS

Par Geybuss

JUNKY, de William S.BURROUGHS

Roman - Folio Edition - 271 pages - 6.80 €

Parution d'origine en 1953.

L'histoire : William Lee a la trentaine lorsqu'il touche à la drogue pour le première fois. Quelques semaines et le voilà accroc et forcément, installé dans une spirale sans fin : chercher de la came, se piquer, en vendre, de faire prendre, s'enfuir, en manquer, partir, se désintoxiquer,  recommencer... De New York à la Colombie, via New Orleans et Mexico, le parcours d'un Junky dans l'Amérique du début des années 50...

Tentation :Le sujet et le bandeau "Culte".

Fournisseur : Ma PAL récente, grâce à ma CB !!!

 

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Mon humble avis : Si l'objectif de ce roman était "zéro émotion", et bien objectif atteint, par ce que l'auteur le vaut bien !

Bon, alors, comment dire.... Le héros, ou plutôt l'antihéros du roman s'appelle William Lee. Iil est le double romanesque de William Burroughs. Nous sommes donc presque dans l'auto-fiction, mais romancée. Déjà, parce que la fin n'est pas réelle. Et oui, dans la vraie vie, l'auteur ne divorce pas de sa femme. Il la tue d'une balle dans la tête, en voulant jouer à Guillaume Tell. Aucun spoiler là dedans, c'est dans toutes mes biographies de Burroughs, et cela n'a aucune importance dans le livre où... rien n'a d'importance d'ailleurs.... sauf la came et ses dérivés plus ou moins légaux, tout dépend de façon dont on se les procure et de que l'on en fait....

Le style est cru mais pas pour autant choquant. Tout est brut de pomme, pas de panaché. De la description, des faits, on est toujours dans le factuel. Jamais l'auteur ne partage une émotion ou un ressenti. Jamais il ne se dit heureux ou  malheureux, ni pourquoi ni comment. Nous assistons à la descente au enfer d'un homme qui ne se plaint même pas, qui constate, c'est tout, qu'il est malade, en manque ou en début urémie. On ne sait pas de quoi il vit, on ignore son âge et ce n'est qu'à mi parcours qu'on lui découvre une femme qui ne fera que deux courtes apparitions... Le livre prend souvent la forme d'une liste de rencontre de camés, de revendeur, d'homosexuels, de vieux, de jeunes, de clients... Mes ces rencontres ne sont jamais approfondies ni détaillées. On ne sait rien sur ce que vivent intérieurement les personnages, ni ce qu'ils font dans la vie à part se shooter... Certes, pour nombre d'entre eux, la came devient aussi, voire plus vitale que la nourriture... Alors comme en Afrique une femme va pratiquement passer sa journée à chercher, à cultiver, et à cuisiner de quoi nourrir sa progéniture, en Amérique, le camé arpente les rues et les bars louches à la recherche d'une dose, d'une capsule, d'un grain, d'un once, d'un gramme, d'une ordonnance....

La lecture de Junky devient donc quelque peu lassante car répétitive. L'auteur ne cherche manifestement pas à intégrer le lecteur dans son trip et le lecteur lui, ne ressent aucune empathie pour le personnage ni d'envie de s'identifier à lui ne serait ce qu'une seconde lors d'une phrase touchante ou bouleversante. Non, rien. L'intérêt est dans le côté technique de l'utilisation de la came et de ses conséquences dans les années 50. Aussi, en arrière plan, l'époque, les mentalité et l'évolution de la législation au sujet des stupéfiants, législation qui n'avait pas fini d'être hypocrite et illogique... Mais c'est un autre sujet !

Au risque de me honnir devant les puristes de la littérature, j'avoue, j'ai du mal à comprendre ce que ce roman a de culte. Sans doute était-ce lié à l'époque de parution. Il n'empêche, même si la littérature doit jouer un rôle tant contestataire, que révélateur ou dénonciateur, je ne trouve pas là prétexte à faire de Junky un roman culte et de son auteur un héros ou presque. Car William Burroughs, avec Jack Kerouac, est l'un des membres fondateurs de la Beat generation. Expression que l'on voit souvent, sans savoir y mettre un concept réel derrière. Alors, j'ai enquêté pour vous... Oh, je ne suis pas allée bien loin... Jusque chez Wikipedia où vous trouverez tout le détail. Je me contente ici d'un petit résumé maison...

Qu'est-ce que la Beat Generation :C'est un mouvement littéraire et artistique né dans les années 50 aux USA. Le tout premier auteur de ce mouvement fut Jack Kerouac en 1948.  Les certitudes s'ébranlèrent mais il y eu une véritable contribution à l'enrichissement du mythe américain.

Les membres faisaient preuve d'une créativité débordante et libertaire et vouaient une fascination pour le milieu underground, tout en étant très attaché aux grands espaces, à la nature, aux spiritualités chamaniques.

Beat signifiait à l'origine "fatigué, cassé, au bout du rouleau, génération perdue, fin de siècle, exténué, vagabond. Kerouac l'a aussi approché de la signification du mot français Béat.  Et le Beat, c'est aussi la pulsation (le coeur) et le rythme, en musique...

Les oeuvres de la Beat Generation sont dominées par la spontanéité, un quasi automatisme dans l'écriture pour provoquer une prosodie.

La livre Beat Generation par excellence est Sur la route, de Jack Kerouac.

Une lecture qui s'est donc révélé plutôt expérimentale pour moi et j'aime assez ce concept d'expérimentation, ce qui élargie ma petit culture littéraire, même si celle ci n'a pas forcément la dimension pour apprécier pleinement tout cela. Si c'est comme l'estomac qu'il suffit d'élargir pour manger, je suppose que je finirais par apprécier ou du moins, par comprendre réellement et distinguer les différents mouvements et nuances littéraires. Car pour l'instant, j'ai plutôt tendance à considérer la littérature comme un panier à salade, avec pour toute classification les notions de romans, récits, essai, autofiction, classique, contemporain, thriller, polar et SF !


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