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Les écrivains tissent leur toile

Par Mgallot

A l'occasion du salon du livre, le blog du Contre-journal donne la parole à 9 écrivains-blogueurs français, parmi lesquels quelques pointures comme François Bon et Eric Chevillard. Chacun développe sa vision du net, de ceux qui s'y promènent et de ceux qui y ont ouvert un petit espace à vocation littéraire. Très intéressant de voir comment les écrivains se sont approprié cet outil!

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La palme de l'enthousiasme revient à Eric Chevillard: "Ces petites écritures absolument libres de toute injonction (y compris celle de la forme) me rendent aussi euphorique que mes premières tentatives poétiques à l’adolescence. Est-ce parce que le média est neuf que le vieil écrivain piaffe comme un jeune cheval ?"

Emmanuelle Pagano explique assez bien combien ce labo électronique est stimulant pour un écrivain: "J'ai appelé la partie "blog" de mon site "dans la marge" parce que la marge, c'est l'endroit où l'on prend des notes, où l'on se corrige aussi, c'est tout ce qu'il y a à côté du texte lui-même. Et la marge, ce n'est pas rien, c'est ce qui tient ensemble les pages des livres. J'utilise le blog pour partager avec d'autres ce qu'il y a dans mes marges : mes idées, mes projets, mes documents de travail, certains de mes échanges avec des lecteurs, ou mon éditeur parfois. Le blog est aussi une sorte de labo de recherche, et c'est pour cela que mon site s'appelle "les corps empêchés", parce que les corps, et plus spécialement les corps qui disfonctionnent, sont mon principal sujet de recherche."

Christophe Claro, lui, compare son blog aux vestiaires: "À titre personnel, je considère mon blog un peu comme les vestiaires d’un gymnase, avant et après les acrobaties officielles. Je m’y échauffe, m’y plie, m’y luxe, m’y foule, j’essaie des tenues que je ne mettrais pas forcément pour aller acheter les croissants, je tutoie des types qui sont plus baraqués que moi, je dépose des pièges à souris dans les casiers qui ferment mal, je monte sur les bancs, je joue avec l’interrupteur, je cite, phagocyte, récite. Un gueuloir électronique, une carte blanche du tendre et du moins tendre.

Mais il se fait aussi plus sceptique et méfiant, en particulier envers les lecteurs ô combien versatiles du net: "J’ai installé récemment un compteur pour connaître le nombre de visiteurs sur mon blog (j’avais essayé d’en installer sur mes livres mais ça n’a pas marché, à moins que…). C’est très édifiant. Environ cent trente-deux personnes le visitent par jour, les trois quarts n’y restent qu’1'24 seconde et la plupart y aboutissent par erreur après avoir recherché des vocables que la décence m’empêche de reproduire ici. C’est tout à fait le genre de malentendu auquel on peut décemment aspirer quand on chercher à "échouer mieux"."

Charles Pennequin a aussi eu quelques expériences pénibles: "Il y a quelques lecteurs que j'aime bien, je ne les connais pas vraiment mais je les aime bien car on voit qu'ils prennent le temps de lire. D'autres lecteurs m'effraient par contre, ils me voient dans la vie et me disent franco qu'ils sont allés sur mes blogs, et donc parfois je ferme toutes les vannes ! L'écriture est ma seule liberté, c'est ma vie libre. J'ai tout accepté dans la vie pour écrire, c'est-à-dire pour qu'on me foute la paix !"

Eric Chevillard tempère aussi son ardeur, et exprime son attachement au livre papier: "La lecture reste inconfortable. Il est vrai que vont bientôt apparaître les supports souples sur lesquels nous pourrons télécharger du texte à l’infini. De nouvelles habitudes de lectures s’ensuivront qui seront celles, je suppose, des prochaines générations, et déjà sans doute de nos enfants. De nouvelles pratiques éditoriales aussi verront le jour, c’est inévitable. Pour moi qui entre dans une papeterie comme d’autres dans une confiserie, en salivant, je ne me lasserai jamais des livres de papier. Je pense qu’il en va de même pour les écrivains de mon âge qui s’aventurent sur Internet. Nous sommes des conquérants exaltés mais déjà nostalgiques du pays natal."

Pour lire l'intégralité des textes des écrivains: http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2008/03/le-blog-notre-g.html


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