Magazine Journal intime

Tarsiers et autres curiosités du Parc National de Tangkoko

Par Laboiteavoyage @laboiteavoyage

Récit


Le Parc National de Tangkoko se situe à Sulawesi Nord, à environ deux heures en voiture de Manado, et à un peu plus d’une heure de Bitung (détroit de Lembeh). Il héberge tout un tas d’espèces endémiques de la région. Après les orangs-outans de Tanjung Puting (Bornéo) l’an dernier, on a eu envie de faire un petit coucou à ces animaux plutôt rares, comme le macaque noir à crête, le couscous ou le tarsier. Cette étape est notre seule pause terrestre de tout le voyage ; un break sympa entre les îles Togian et le muck-diving à Lembeh.

Notre ami Guillaume nous a rejoint à Manado pour finir le voyage avec nous. Nous logeons au Pulisan Jungle Beach Resort, un petit coin isolé entre mer et jungle, à l’extrême nord de Sulawesi. Le resort organise des visites guidées d’une demi-journée dans le parc national. En 40 minutes de bateau, on atteint la petite plage de Batuangus, posée au pied du mont Tangkoko (1500 mètres d’altitude).

Sur le bateau en direction du Parc National de Tangkoko (Sulawesi Nord, Indonésie)

Immersion dans la jungle

C’est là que démarre le trek. Appelons plutôt ça une balade dans la jungle. Le Lonely Planet recommande de porter un pantalon rentré dans d’épaisses chaussettes et des chaussures fermées pour éviter de se faire piquer par des moucherons appelés gonomes. Les piqûres donneraient des démangeaisons qui durent des jours. Mais Catherine, la propriétaire du Pulisan Resort, nous indique qu’il n’y a pas de risque et qu’on peut y aller en tongs, si on a l’habitude de marcher dans la jungle. Jean-François et moi jouons les téméraires, Guillaume lui, préfère être prudent. Car comme il le dit souvent : « Bon vivant rime avec prévoyant » !

Mon équipement pour la jungle, et celui de Guillaume (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)

On n’a effectivement pas croisé de gonomes, mais je conseillerais quand même le pantalon long et les chaussures fermées pour être plus à l’aise et éviter les fourmis ou le contact avec la végétation.

Première impression : la jungle est dense et magnifique. La balade se fait tranquillement ; le terrain est relativement plat, pas besoin d’être un grand sportif. Par contre, il fait une chaleur moite et étouffante sous la canopée. Autour de nous, tout est vert. D’immenses ficus de toutes sortes nous toisent fièrement, on se sent bien petits ! L’ambiance sonore est aussi de taille : sifflements, cris, grincements, craquements… La faune et la flore sont bien vivantes et nous le rappellent à chaque instant.

Avec Guillaume devant un ficus géant (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)
Ficus (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)
Notre guide Jono et encore un ficus, dans lequel nous découvrirons plus tard les tarsiers (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)

Le macaque noir à crête

Notre guide Jono en connaît un rayon sur les espèces vivant ici. Il est avant tout chercheur : il se consacre aux macaques noirs à crête (« Macaca Nigra ») et participe à un programme de sensibilisation et de protection de l’espèce. Malgré le risque croissant d’extinction, la réserve de Tangkoko est le seul endroit où le macaque noir est protégé. La population aurait décliné de 80% en 40 ans, et ce pour plusieurs raisons : chasse illégale (la viande de macaque noir est appréciée à Sulawesi Nord), trafic de bébés macaques (vendus comme animaux de compagnie), et bien sûr, déforestation. Même triste histoire que pour les orangs-outans, à Sumatra et Bornéo.

Macaque noir à crête (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)

Les macaques noirs à crête vivent en groupe, et ils sont très nombreux ici. Ils grimpent aux arbres, se prélassent au sol, les petits se chamaillent entre eux, il y en a partout. Ils sont très sociables à l’intérieur du groupe, contrairement à d’autres espèces de macaques. Avec les humains, ils sont plutôt indifférents. Attention toutefois à ne pas les regarder dans les yeux, ils pourraient prendre ça pour une provocation. Leurs yeux clairs ressortent bien sur leur pelage noir. Leurs parties génitales aussi d’ailleurs, d’un rose écarlate !

Macaque noir... et rose (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)

Le couscous

Cousin du koala, le couscous ressemble pourtant à un singe. C’est un marsupial, qu’on appelle aussi ailurops. On a eu la chance d’en voir deux, mais ils sont généralement assez difficiles à trouver. Le couscous vit tout en haut des arbres, il est donc très difficile à photographier sans télé-objectif.

Couscous (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)

Le calao à cimier

Comme son nom l’indique, cet oiseau se nourrit à la cime des arbres fruitiers. On l’appelle aussi calao à capuchon ou à casque rouge (red-knobbed hornbill en anglais). C’est un oiseau tout en couleurs : son bec jaune, son goitre bleu, sa nuque jaune orangée et sa crête rose lui donnent des reflets éclatants dans l’ambiance verte de la jungle. Pendant et juste après la ponte, la femelle se réfugie dans la cavité d’un arbre. C’est là que le mâle qui vient les nourrir, de fruits et de figues. On l’a justement aperçu en train de donner à manger à son petit.

Calao à cimier donnant à manger à son petit qui se trouve dans la cavité de l'arbre (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)

Le tarsier

Ça faisait bien longtemps qu’on voulait voir des tarsiers de nos propres yeux. Mais ils sont souvent difficiles à repérer, puisqu’ils vivent cachés dans les arbres et ne sortent qu’à la tombée de la nuit pour chasser. Dans le Parc National de Tangkoko, c’est garanti, vous verrez des tarsiers.

On attend leur sortie en fin d’après-midi, devant un grand ficus formé de racines entremêlées. L’ambiance sonore et visuelle change. Au cœur de la jungle, quand le soleil décline, la luminosité change radicalement. Il fait tout de suite très sombre. Et progressivement, le murmure des animaux de nuit monte. On se retrouve baignés dans un concert de sifflements très aigus, qui ressemble à celui des cigales en Provence. Ce sont les tarsiers, qui se préparent à la chasse. L’atmosphère est saisissante, la nature nous révèle sa force et nous plonge dans un autre monde.

Mon cœur bat plus vite, où sont-ils ? J’ai du mal à savoir où regarder, le ficus est tellement tentaculaire ! Et les tarsiers ont presque la même couleur que les branches. Dans cette nuit tombante, comment les repérer ? Mais au moment où j’aperçois les premiers, aucun doute, on ne peut pas les rater : leurs yeux brillent dans l’obscurité. Ils sortent timidement, semblant apeurés par notre présence. On a bien les lampes frontales, mais il faudrait peut-être éviter de trop les aveugler !

Tarsiers dans un ficus, à la tombée de la nuit (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)
Le tarsier est le primate le plus petit du monde : il fait une dizaine de centimètres de haut, sans la queue. En revanche il a de très grands pieds, d’où le nom « tarsier », les os de ses tarses étant très développés. Ses longues pattes lui permettent de sauter sur des distances allant jusqu’à dix fois sa taille. Il saute à très grande vitesse (il ne sait pas marcher) pour attraper ses proies.

Les grand pieds du tarsier (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)
Le tarsier a des yeux énormes par rapport à sa taille : ils sont si gros qu’il ne peut pas les faire bouger dans ses orbites. Mais il peut tourner la tête à près de 360 degrés.

Tarsier sorti de sa cachette (Parc National de Tangkoko, Sulawesi Nord, Indonésie)
On reste de longues minutes à observer ces petites boules de poils aux yeux tout ronds : on dirait des peluches et j’aurais presque envie de les prendre dans le creux de mes mains et de les blottir contre mon cœur ! Petit moment d’émotion. Et je suis tout de suite frappée par la ressemblance avec Gizmo. Vous vous souvenez du Mogwai, cette créature imaginaire tout mignonne qui se transforme en Gremlins si elle est exposée à la lumière du soleil ? C’est peut-être pour ça que le tarsier ne sort que la nuit !

⊕ Infos pratiques

» Excursion guidée dans le Parc National de Tangkoko
Organisée par le Pulisan Jungle Beach Resort
Durée : 1/2 journée (3-4 heures)
Départ après le déjeuner, retour avant le dîner
Trajet en bateau : 40 minutes pour atteindre l’entrée du parc
Prix : 18€ / personne (plus de 6 participants), 25€ / personne (4 à 6 participants), 35€ / personne (2 à 3 participants)

» Hébergement au Pulisan Jungle Beach Resort
Bungalow familial (jusqu’à 4 personnes) avec deux mandis, en pension complète : 23€ / personne / jour
☎ +62 811 430744 (portable)
[email protected]
www.pulisanresort-sulawesi.com

Carte



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