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Strangers in the night

Publié le 11 mars 2008 par Hani7684
"Nous qui avons ouvert nos yeux et nos consciences, et qui savons où et comment la plante homme a poussé le plus douloureusement. nous qui croyons que cet épanouissement c'est toujours produit dans des conditions diamétralement opposés, que le précarité de notre situation a dû devenir extrême, nôtre invention et nôtre dissimulation se développaient dans le sens de la finesse et de l'audace, nôtre volonté de vivre s'intensifiait jusqu'à devenir volonté de puissance absolue. Nous qui croyons que la dureté, la violence, l'esclavage, le danger dans les cœurs et dans les rues, le secret, le stoïcisme, la tentation, et les diableries de toutes sortes, que tout se qui est mauvais, terrible, tyrannique en l'homme, ce qui tient en lui du fauve et du serpent, sert aussi bien l'élévation de l'espèce homme que son contraire. Habitants -ou tout au moins- hôtes de nombreuses provinces de l'esprit, évadés sans cesse des obscures et agréables refuges, où une prédilection, où une pré-aversion, la jeunesse, l'origine, le hasard des hommes et des livres, où même la fatigue de nos pérégrinations -sensés nous cantonner. Pleins de méchanceté à l'égard de la dépendance, et de ses appâts cachés dans les honneurs, l'argent, les fonctions, ou les entrainements des sens, reconnaissants même envers la détresse et les vicissitudes de la maladie, parce qu'elle nous affranchit toujours de quelque règle de son préjugé. Reconnaissants envers le dieu, le diable, le mouton, et le ver qui nous habite. curieux jusqu'au vice, chercheurs jusqu'à la cruauté, pourvu de doigts agiles pour saisir l'insaisissable, de dents et d'estomacs pour digérer les viandes les plus indigestes, prêts à toute tâche qui réclame un esprit persan et des sens aiguisés, prêts à n'importe quel risque -grâce à notre surabondance de libre volonté. Doués d'une âme qui se montre et d'une âme qui se cache, et dont personne ne pénètre aisément les ultimes desseins. Animés de mobiles qui s'avouent, et de mobiles qui se taisent, et que personne ne peut scruter jusqu'au bout. Clandestins sous des manteaux de lumières, conquérants sous nos aires d'héritiers et de dissipateurs, classificateurs et collectionneurs du matin au soir, avares de nos richesses et de nos tiroirs pleins. Ménagés de nôtre savoir -qu'il s'agisse d'apprendre ou d'oublier. Inventeurs de schémas, quelques fois fiers de nos tables de catégories, quelques fois pédants, quelques fois hiboux laborieux en plein jour, et même s'il le faut épouvantails. Et aujourd'hui il le faut, car nous sommes les amis nés, jurés, et jaloux de la solitude. De notre propre et profonde solitude, du plein midi, et du plein minuit, voilà l'espèce d'homme que nous sommes nous les esprits libres"
Nietzsch Gai savoir 1882
Quelle utilité y a-t-il, aujourd'hui, pour nous de relire des philosophes comme Baudrillard, qui révèlent de manière définitive l'absurdité et le mimétisme, par lequel se développe toutes nos connaissances (ou presque) en matière de vie et de sentiments. Tout ce qui n'a pas été broyé, rentabiliser et rejeté, par la machine industrielle, en l'homme, est définitivement négligeable. Et c'est précisément là que prend forme, le saut primitif du surhumain, qui se condamne à chercher, et à affirmer le "moi" dans la régénération et la conservation du monde -comme étiage indéterminé de "l'identique à soi" dominant.
Celui qui marche seul dans les tréfonds de la nuit, est coupable. Sans le savoir il piétine des générations de morts, qui somnolent sous ses pas, et tentent de s'y accrocher. qu'il soit à la recherche de la dernière marie, houri ou valkyrie , il n'en demeure pas moins , tout aussi affligé que le reste du l'humanité, que la vie ne pousse plus, à ses instants là, que comme champignon ou autre plante lascive, au rebords des édifices jadis construits. et même si la quintessence de cette quête est le dernier "non" candide, qu'il s'agirait d'abreuver, tout autre représentation ou dérivé n'est pas à décliner.
La nature performative du langage est en encore dans cet optique, le dernier recours à soi, quand toutes les images, et tout les gardes fou, se sont dérobés, pour ne laisser place qu'au sens de la prémonition de soi.

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