Dans le traité de l'advaita vedanta, le Vivekacudamani, l'auteur compare le sage, celui qui a réalisé Brahman, à un enfant; Le sage sans idée de moi et de mien, joue en lui-même et demeure heureux.
535
Celui par qui les vedas, les traités, les puranas et même tout ce qui existe sont pourvus de sens,
qu'est-ce qui fera apparaitre ce connaisseur?
536
C'est le Soi, lumière par lui-même, pouvoir sans limite, incommensurable, faisant l'expérience de toutes choses
que, après avoir connu, libre des liens, le connaisseur du Brahman, le meilleur des meilleurs, conquiert.
537
Il n'est pas affecté par les objets des sens, ni ne s'en réjouit; il n'y est pas attaché et n'y est pas indifférent;
il joue (krîdati) toujours en lui-même, il se réjouit de lui-même, heureux avec la saveur de la béatitude ininterrompue.
538
Après avoir oublié la faim qui était une gêne pour le corps, l'enfant joue avec ses jouets;
de même, le sage se réjouit sans idée du "mien" ni du "je", et il est heureux.
539
Pour les sages, la nourriture c'est l'aumone sans détresse et sans souci ; la boisson c'est dans les eaux des rivières; grâce à sa liberté, c'est l'état d'indépendance; sans crainte, le sommeil c'est dans les lieux de crémation dans les forêts;
les vêtements ne sont ni lavés ni séchés; la demeure c'est l'espace; la couche c'est la terre; la route c'est dans les sentiers du Vedanta; pour les sages, le jeu (krîdâ) c'est l'ultime Brahman.
540
S'appuyant sur ce corps qui est son véhicule, il expérimente tous les objets apparus par la volonté d'autrui, comme un enfant; le connaisseur du Soi est sans marque manifeste et n'est pas attaché par l'extérieur.
541
Vêtu d'espace, ou avec ses habits, ou vêtu d'une peau de bête, il est vêtu de conscience;
Soit comme un fou, soit comme un enfant, soit comme un démon, il erre sur la terre.
542
Il parcourt les désirs en solitaire, lui dont la nature est vide de désirs.
Avec son propre soi, toujours heureux de lui-même, il se tient comme étant le Soi de toutes choses."
traduction du sanskrit José Le Roy