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Hilight Tribe

Publié le 04 avril 2012 par Ludouze @DailyZic

 Hilight Tribe

Hilight Tribe est probablement le groupe que j’ai le plus vu en concert. Forcément, avec les tournées monstrueuses qu’ils font chaque année, on trouve souvent un concert pour aller voyager en leur compagnie. Parce que c’est comme ça que ça se passe, ils sont sur scène pour nous inviter dans leur univers tribal, où se confondent sonorités et rythmiques qui nous mènent d’Asie en Afrique en passant par l’Amérique du Sud, puis beaucoup plus loin, là où les pays et nationalités n’ont plus d’importance, où on est tous en communion avec la musique.

Je me rappelle la première fois où leur son est arrivé jusqu’à mes oreilles. Nous étions en bord de rivière, une fin d’après-midi d’été, là où nous nous retrouvions souvent pour boire une bière les pieds dans l’eau, profitant d’un coin tranquille pour décompresser après le boulot. Ludouze est arrivé avec « Free Tibet » qui tournait dans la voiture… C’était un rythme connu, mais le grand « cri » de didgeridoo me semblait trop réel au milieu de tout ça,  je me suis plongé dedans, et plus j’écoutais, plus je me disais que cette musique avait quelque chose de nouveau et de différent. Je connaissais la Trance, mais l’écoute de cet album là (Love medecine and natural trance) m’a fait découvrir la Trance Accoustique.

Depuis ce jour, beaucoup d’eau a coulé dans cette rivière, et comme je le disais, j’ai eu la chance de voir Hilight Tribe plusieurs fois en concert dans des festivals, ou en salle. A chaque fois ce fût énorme, et je reprendrai un ticket pour embarquer à nouveau avec eux sans la moindre hésitation!

Mais assez parlé de moi, il serait temps de vous en dire un peu plus sur le groupe. Greg, Ludo, Rishnu, Roots, Seb et Mathias parcourent le monde depuis plus de dix ans, s’imprégnant de cultures, apprenant de nouvelles techniques musicales , de nouveaux instruments…

Ils ont sorti 6 albums depuis 1999, ainsi qu’un DVD de leur tournée en Inde, sorti l’année dernière. Quant aux concerts, comme dit plus haut, ils n’arrêtent pas et vont jouer leur set aux quatre coins du globe, avec à chaque fois un accueil unanime!

Une section rythmique, avec batterie et diverses percus, habilement couplée à la basse, soutenue par une guitare qui sonne parfois comme des synthés que beaucoup de producteurs d’electro aimeraient avoir, puis du didgeridoo, et plein d’autres instruments trouvés de par le monde… On y ajoute des mélodies perchantes à souhait et des voix hypnotiques, et on se retrouve avec tous les ingrédients d’un magnifique voyage en musique.

Eklaan a eu la chance de rencontrer Ludo, lors du passage du groupe à Périgueux. Je vous laisse lire leur discussion accompagné d’un des meilleurs morceaux du groupe, qui pour tout vous dire, est un de mes morceaux préférés tous styles confondus, Free Tibet qui ici est jouée en live au Boum Festival au Portugal

Bonjour Ludo.

Salut Julien, Namaste à toi et à tout le site

Tout d’abord, merci de recevoir quelqu’un pour Dailyzic. Ça fait super plaisir de vous voir à Périgueux.

Merci pour ton soutien et celui de l’équipe !

Alors, dis nous, c’est quoi le déclic, le truc qui a fait que vous avez crée Hilight Tribe. ?

Parlons du début de HT, on a eu la chance de rencontrer notre producteur actuel dans les années 90 et il nous a conditionné, car nous étions deux groupes distincts avec des origines musicales différentes, pour que nous devenions un seul groupe en oubliant tout ce que nous savions faire pour réapprendre une nouvelle musique. Et c’est à ce moment la qu’il y a eu le déclic de jouer de la Natural Trance avec un mélange de Trance électronique et traditionnelle. Nous avons d’ailleurs enregistré notre premier album en haut d’une montagne dans les Baléares.

Nous ne voulions pas être un groupe comme les autres, nous voulions nous inspirer de la nouvelle mouvance électronique, ce qui nous changeait d’avant.

On sait que vous voyagez beaucoup, en quoi ces voyages vous servent ils dans votre musique ? Allez-vous chercher des influences dans chaque pays que vous visitez ?

Bien sûr, dès qu’on voyage on essaye de s’inspirer des styles musicaux ainsi que des instruments et de la tradition. On a malheureusement pas la possibilité de voyager partout dans le monde, c’est là qu’on a une espèce d’identité « planétarienne » dans le sens où on sent que notre pays est réparti sur toute la planète. C’est cette identité qui nous permet de nous inspirer de la musique Bambara du Mali sans pouvoir s’y rendre, cette influence est aussi présente en France. Même ici on va apprendre la musique aborigène d’Australie et pouvoir apprendre certains mythes et légendes aborigènes. On va également essayer de s’inspirer de la musique Colombienne, Cumbia, Trance Cubaine sans pour autant se rendre en Amérique du Sud dans ces pays là. Par contre, nous nous sommes rendus au Brésil et nous nous sommes vraiment intéressés à la musique locale, ainsi qu’en Inde ! La différence c’est qu’en Inde on se régénère un petit peu. Certains musiciens s’y étaient d’ailleurs rendus avant notre première tournée. Là bas on se ressource, après 50 concerts c’est nécessaire. En allant là bas, nous pouvons méditer avec les tibétains, nous connecter avec la musique électronique à Goa et apprendre de nouvelles signatures rythmiques à Varanasi.

Ca me fait penser au retour dans la forêt amazonienne de Max Cavalera ? Ca avait changé son style musical.

Oui, d’ailleurs, après le voyage de Max cavalera, on a senti un changement dans tout le mouvement Heavy alternatif, entre autre au niveau du look «  roots- metal » avec les dreads et un message engagé. Tout ces voyages nous permettent de nous « dé-programmer » et de découvrir un nouvel être qui est en nous. L’être authentique, plus international.

Quel est ton meilleur souvenir et ton pire souvenir de tous ces voyages ?

J’ai eu la chance d’aller à la la Kumbhamelà qui est le plus grand rassemblement hindouiste de la planête. On peut d’ailleurs le voir depuis l’espace car il y a de 7 à 14 millions de personnes qui s’y rendent. Et il y a 120000 Naga baba, qui sont les Sâdhus nus -les ascètes indiens qui portent les dreadlocks et qui se mettent de la cendre sur le corps-  , qui vont se baigner dans le Gange au lever du soleil, et j’ai eu la chance d’être invité à les suivre . C’était une expérience inoubliable.

Un de nos pires souvenirs, c’est quand quelqu’un s’en est pris à notre producteur et l’a attaqué avec un poignard il y a une douzaine d’années. C’était assez traumatisant mais heureusement tout s’est bien terminé.

Un petit festival qui vous a impressionné en France ?

En grand festival, nous avons été impressionnés par Les Vieilles Charrues et on rêve de pouvoir y retourner dans quelques années pour montrer notre nouvelle musique.

Sinon le Free Music Festival m’a vraiment impressionné ainsi que Décibulle à coté de Strasbourg qui était magnifique avec Max Romeo, entre autres.

Et sinon, dans ta playlist en ce moment, il y a quoi ?

J’écoute un peu Chinese man que je viens de découvrir récemment, ainsi que Rokia Traore mais mon artiste préféré du moment reste Zakir Hussain. J’ai aussi beaucoup écouté Nitin sawhney cette semaine.  En électronique j’écoute Tristan.

Peux tu nous parler de vos projets solos ? ( CristalPhoenix pour Greg, Ludoji pour ludo et Scientyfreaks pour seb)

Pendant qu’on faisait le live in India, il y a eu l’apparition de projets solos. Greg, dont c’est l’anniversaire aujourd’hui ( NDLR le 30/03) qui fait de la Psy-Trance, regroupant à moitié de la programmation et à moitié des instruments donne un set d’une heure et demi très dynamique avec une grande ingéniosité musicale. On sent à travers ce projet qu’il y a des musiciens qui font de l’electro, et ça fait plaisir d’avoir un son moderne avec une grande dextérité de l’instrument.

Scientyfreaks, de Seb ( le batteur), est un projet très original d’ abstract mélangeant drum and bass et techno actuelle. Il fait intervenir énormément d’instrumental avec des filtres, delays etc. Et seb est en plus un grand programmateur de musique électronique. Scientyfreaks fait émaner tout son talent et son savoir faire.

Ensuite, j’ai eu la chance de créer mon premier album, signé par Sony en Inde qui s’appelle Organic Nasha. C’est un peu une élévation version Bio. C’est le Natural High. Cet album a été confectionné dans les iles Baléares avec mon partenaire qui a son studio là bas et qu’on a enregistré en studio à Delhi, avec la participation de cinq musiciens Indiens qui accompagnent ma voix. C’était mon rêve de faire de la world music à consonance méditative. C’est la musique parfaite pour revivre une certaine sérénité. Je ne suis pas Indien mais l’Europe a aussi une certaine sensibilité. Les roots people se reconnaitront surement dans certaines tracks.

Et pour Hilight tribe, un prochain album ?

Nous sommes justement en train de travailler sur un album très spécial qui devrait être un double album. Nous allons reprendre certains sons roots, mais également rentrer dans la matière Hilightribienne avec certains sons des années 70 remis à l’ordre du jour. On espère offrir un voyage spectaculaire à ceux qui nous suivent depuis des années. Cet album devrait sortir pour 2013.

Quelle est l’opinion du groupe sur le téléchargement de la musique ?

Je pense qu’au niveau du groupe on a tous compris que la situation actuelle implique un énorme téléchargement pirate de tous les artistes, nous y compris. On est énormément téléchargés de manière illégale. Je pense que les consommateurs savent acheter un disque pour soutenir un artiste, ainsi que payer pour des titres en ligne. Mais on a aussi accès à cette musique de façon gratuite. Une fois qu’on télécharge un titre ( de facon illégale) le titre est toujours sur la toile. Le vol c’est quand on prend un objet et qu’il n’y est plus une fois que tu es parti. Du coup, le téléchargement n’est pas tout à fait du vol puisque le fichier reste sur le net. Et d’ailleurs, à l’époque, nous nous échangions bien des cassettes entre copains. Je pense que d’une certaine manière le téléchargement illégal est une énorme plate-forme de promotion de tous les groupes undergrounds qui depuis longtemps sont snobés par les médias comme la télé ou la radio. ( Les grandes chaines).  Il faut savoir que les 30 plus grands groupes de cette scène sont très peu exposés par les médias, donc le seul moyen de promotion est le net.

D’ailleurs nos titres et nos vidéos sont plus consultées sur le net qu’à la télé, par exemple, pour qu’une de nos vidéo soit diffusée à la télé, elle doit passer en commission et il n’y  que 30% de chance que ce soit accepté. En gros, à mon sens, le téléchargement illégal est un mal pour un bien.

Question politique, nous sommes à moins d’un mois des présidentielles. Hilight Tribe se sent il concerné par la politique ?

Je pense qu’il faut se rendre compte qu’il y a un problème dans ce pays. Nous sommes depuis toujours un pays de tolérance. On a toujours été le pays de la démocratie et je pense que la tribe doit toujours se diriger vers quelque chose de plus ouvert à la culture, à l’école, et en général aux peuples plus qu’aux plus riches. Pour ma part je pense que la terre a des poumons et qu’elle a besoin de bien respirer pour le moment donc je vais essayer d’allier cette vision des choses à un changement politique prochain.

Est-ce qu’il y a un groupe ou un artiste avec lequel vous aimeriez collaborer ?

Indéniablement, Shpongle qui est pour nous un des plus grands artistes. Ce gars là est un dieu de la musique assez connu dans le milieu trance et nous rêverions de collaborer avec lui sur un album ou un live.

Et bien merci à toi de nous avoir accordé tout ce temps !

Merci Dailyzic, merci à tous, One love !


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