Magazine Concerts & Festivals

Interview #3 : Scratch Bandits Crew | 31 Novembre (Infrasons)

Publié le 04 avril 2012 par Splash My Sound @splashmysound

A l’occasion de la sortie lundi prochain de leur premier album, « 31 Novembre », c’est dans un appartement du 7ème arrondissement lyonnais que nous avons rencontré les Scratch Bandits Crew. 1h de discussion avec 3 gars fort sympathiques, un tantinet en retard, et dégageant cet aura imprégné de musicologie.

Interview #3 : Scratch Bandits Crew | 31 Novembre (Infrasons)L’écoute de leur opus revêt une senteur déstabilisante, tellement l’orchestration y est jolie. Surtout quand on les rencontre juste après. L’émotion grandit au fur-et-à-mesure des sons qui se superposent les uns aux autres, tout comme elle a pu perturber certains mots limites bafouilleurs de ma part lors de l’entretien. Partie avec l’idée de mêler review LP et Interview, les échanges se font bon train et se substituent au caractère journalistique et à toute critique subjective. Critique… Cette appellation intrinsèquement liée à toute feuille de chou musicale n’a ici pas sa place. 12 morceaux qui vous emportent dans un univers symphonique parsemé de beats et de scratchs venant appuyer des voix douces et structurantes, voilà ce qui vous attend ce lundi 9 avril, pas de critiques en vue ici même. Retenez bien, et soyez-là, Dj Supa-Jay, Dj Syr et Dj Geoffresh, en plus d’être talentueux sont des mecs sympas. « 31 Novembre » c’est bien une boucherie chevaline auditive, boucherie ou plutôt coup de maîtres (au nombre de 3), chevaline ou plutôt artistique. Nous les suivions depuis un moment déjà (si t’étais chez ta mère, c’est là, là ,là et là), et nous ne sommes en rien déçus.

Avant que vous puissiez un peu les rencontrer, voici leur dernier remix exclusif à télécharger, Five to One des Doors, également utilisé par Jay-Z sur le morceau Takeover, profitez, vous êtes des petits veinards ! Dernier petit rappel des faits, laisse-vous séduire, ce qui arrive lundi c’est bien de l’inédit, promis on vous tient au courant.

——————————————————————————————————————————————————————————————————-

RENCONTRE AVEC LES SCRATCH BANDITS CREW – Interview #3 pour Splash My Sound

La différence, c’est qu’au lieu de prendre des sons sur des disques, on enregistre des gens tout en gardant l’esprit du sample. A savoir prendre des choses et les extraire de leurs contextes pour les mettre dans un autre.

——————————————————————————————————————————————————————————————————-

Pour votre dernier EP « En Petites Coupures » sorti en 2010, vous évoquiez une vingtaine d’instrumentistes ayant collaboré, cette fois-ci, c’est un album de 12 titres qui s’annonce au 9 avril, « 31 Novembre ». Comment s’est passée la création en aval ?

Le processus de création est le même. On a enregistré une grosse matière sonore en allant voir des musiciens. Mais ça, on l’avait déjà commencé pour « En Petites Coupures », et il y avait des sons qu’on n’avait pas forcément utilisés. On a aussi continué à en enregistrer d’autres depuis 2010. Du coup c’est toute une banque de sons créée entre 2006 et aujourd’hui.

Ah ouais, depuis 2006.. ?!

A la base, on a construit cette banque de sons petit à petit. Puis on trouve des concepts de morceaux pour les habiller en musique. On peut alors commencer la composition en essayant de piocher dans nos matières sonores, on arrange le tout, enfin… etc, etc. On prend les choses, on les construit et les déconstruit, jusqu’au morceau fait. Donc même démarche créative qu’en 2006 mais le concept de l’album est un peu différent, les directions fluctuent.

Par processus, c’est-à-dire ? Vous avez un studio dédié dans lequel vous captez les sons et invitez des instrumentistes, clavier, saxo, etc ?

C’est plus compliqué que ça, on vient du hip hop avec comme technique centrale pour faire du son, le sample. Donc nous, la différence, c’est qu’au lieu de prendre des sons sur des disques, on enregistre des gens tout en gardant l’esprit du sample. A savoir prendre des choses et les extraire de leurs contextes pour les mettre dans un autre. Faire se rencontrer des choses qui sont à priori différentes. Donc on n’est pas forcément pour tout enregistrer au même endroit, dans un même studio, ça ferait des sources qui seraient trop proches. On aime bien aller vers là où il y a déjà l’instrument. Par exemple, dans l’album il y a beaucoup de piano, donc on est allé là où il y avait un piano à queue.

Ce sont les mêmes instrumentistes qu’à l’époque qui ont collaboré cette fois-ci ?

Ouais, grossièrement c’est les mêmes. Avec d’autres qu’on aime aussi beaucoup. En 2010, il y avait une proportion plus grande de cuivres, pour « 31 Novembre », il y a plus une dominance de pianos, d’instruments plus orchestraux.

Contrebasse aussi ?

Oui contrebasse aussi, mais en faite pas une vraie. La contrebasse présente a été synthétisée et samplée via un synthé. Il y a aussi l’enregistrement d’un orchestre symphonique. Moi (Supa-Jay), je travaillais un temps avec un orchestre. On a utilisé des passages, des gens ont tapé par exemple sur des vraies contrebasses, et on en a fait des bruitages. C’est tout le jeu de perdre un peu les gens avec le détournement des rôles initiaux de vrais instruments. On ne se prétend pas chefs d’orchestre, donc il y a un moment aussi où nos habiletés sont dans un processus de création qui est différent.

On privilégie l’émotion, de ne pas juste se contenter d’un concept de processus. Au final, tout le monde s’en fout. C’est l’émotion donnée, ou pas, qui nous importe.

A l’écoute, l’album parait pourtant construit comme un album classique avec des montées, des superpositions d’instruments, une dynamique du crescendo. On imagine bien un chef d’orchestre pointant de sa baguette chaque instrument.

Le but est d’avoir effectivement tout un processus de création qui nous est propre mais pour qu’au final, ce soit plus la musique que le processus qui soit mis en avant. On privilégie l’émotion, de ne pas juste se contenter d’un concept de processus. Au final, tout le monde s’en fout. C’est l’émotion donnée, ou pas, qui nous importe. C’est très bien si ça ne s’entend pas vraiment qu’on ait tout trituré et détourné ! Mise en avant de l’atmosphère et de la musicalité des choses.

Ok, je confirme, c’est bien le cas. Quand tu dis que tu as travaillé avec un Orchestre, vous venez d’où les Scratchs Bandits Crew ? Quel est votre parcours musical ?

Supa-Jay >> J’avais un projet parallèle avec un orchestre mais je viens du hip hop, j’ai commencé le scratch en 1996. Pendant très longtemps, j’ai eu à la fois des groupes de rap, et de jazz un peu hybride, entre machines et instruments plus communs. J’ai eu vraiment une grosse variété de groupes jusqu’à ce que tout se resserre autour de Scratch Bandits Crew et qu’on commence à tourner. On pense notre musique comme un laboratoire donc ça demande beaucoup de temps et pas mal de collaborations qu’on inclut généralement au sein de notre projet pour ne pas s’éparpiller.

Syr >> Moi j’ai commencé en 96-97, je viens du rap lyonnais avec un premier crew qui s’appelait les Tapis Versatiles, avec notamment Casus Belli que j’ai suivi pendant un temps jusqu’à la tournée des Zéniths en 1ère partie du rappeur Rohff, que je n’ai pas pu faire. S’en est suivi une série de one shot en scratch musique avec d’autres dj, et des scènes toulousaines, jusqu’à intégrer Scratch Bandits Crew sur scène et sur disque en août 2009. Je connaissais Jay depuis pas mal de temps et suivait SBC depuis ses débuts en 2002.

Geoffresh >> Et bien moi j’ai commencé avec un groupe plutôt hip-hop, rock, featuring. Plusieurs formations comme ça. J’ai travaillé aussi avec un dj sur un projet plutôt électro. Voilà, c’est à peu près mon parcours avant d’arriver au sein de SBC, en même temps que Syr.

C’est un album de cœur « 31 Novembre », on apprécie s’entourer de gens qu’on aime.

Avant que vous arriviez, j’ai constaté que Karimouche avait aussi participé à l’album (vocal). Avait-elle déjà collaboré en 2010 ? Comment ça se passe là ?

Non, pas en 2010. C’est un album de cœur « 31 Novembre », on apprécie s’entourer de gens qu’on aime. Nous, on fait de la musique instrumentale, dans ces projets là ce sont les scratchs qui sont mis en avant, on voulait avoir ce côté voix. Voix pour donner du sens à l’instrumental, que les morceaux aient un concept même s’ils sont instrumentaux. Et en même temps, on voulait traiter la voix comme un instrument, avec aussi des samples extraits de films, de toutes les sources possibles et imaginables. Le grain de voix des chanteuses a été extrait également et utilisé comme un instrument. Une sorte de petits cadavres exquis, comme ça, avec montage.

Le choix d’utiliser l’anglais est volontaire dans ce cadre ? Ca favorise la mélodie ?

La scratch musique est un peu à part malgré ses 40 années, pas très commun dans le monde. On voudrait que notre musique conserve un côté universel. Le titre de l’album est lui volontairement marqué français. Il y a aussi 2-3 clins d’œil, extrait d’un répondeur téléphonique en français par exemple. Dans tous les petits sons qu’on va chercher, il faut bien dire aussi que la base de notre culture c’est le hip-hop américain. Un album, à la différence d’un EP, c’est du temps et on a pris ce temps pour que ça sorte du cœur. On ne tient pas à afficher Karimouche, c’est simplement qu’on aime ce qu’elle fait. Tu ne pourrais pas reconnaître sa voix si t’as pas le disque devant toi. On veut que ce soit pris comme un sample. Marine Pelligrini, c’est pareil, on a retraité en mettant tout à l’envers afin que les 2 univers ne se confrontent pas mais fusionnent.

Vous venez des battles de DJing (DMC France 2004), qu’est-ce qu’il vous en reste ?

A la base, dans l’univers du scratch, il y avait limite que ça. Quel dj peut dire qu’il ne vient pas de là ? C’est la battle qui a créé l’instrument et tout ce qu’on peut en faire aujourd’hui.

A la base, DJ Fly (DMC World 2008) est co-fondateur des SBC. Que s’est-il passé ?

Effectivement, on (Supa-jay) a monté ça en 2002 avec Fly. Lui en parallèle avait tout un cursus de championnats en individuel, et pas qu’avec nous en battles, il a cultivé ça pendant longtemps. Puis il s’est donné les moyens au final d’arriver à être champion du monde en 2008. Et nous c’est à peu près pendant cette même année que les choses se sont enclenchées. On avait enchainé pas mal de résidences pour faire un travail de fond sur l’artistique, la musique, etc. Puis on a été Découvertes Printemps de Bourges, et avons eu un tourneur. Les 2 agendas se sont remplis en parallèle et au même moment. Le collectif d’avant où qui pouvait, faisait, a dû se transformer. Il fallait un noyau dur qui représente le groupe sur disque et sur scène, et que ce noyau dur ne soit qu’au service de SBC. Personnellement j’ai dû arrêter ou me faire remplacer dans les ¾ des projets que j’avais, enfin bref, c’était le moment. Syr et Geoffresh qui nous entouraient depuis pas mal de temps, ont intégré pleinement les SBC dans la foulée.

On trouve aussi le graffeur Brusk au sein du crew. Votre rencontre date de la même époque ?

Je travaille depuis 10 ans avec Brusk (Supa-jay), la filiation est tout à fait naturelle. On essaie de mettre tout un univers graphique autour de notre musique. Notre musique est plutôt onirique, on ne veut pas mettre des photos réalistes dessus, on préfère y mettre des visuels. En plus, ça rejoint tout à fait le côté interdisciplinaires du hip hop. Il y a du graffitti, du scratch, des voix tirées de maxis centraux dans la culture hip hop, l’univers street.

Et Ice@ream aujourd’hui ?

On l’a rencontré par Matcha (com/vidéo/photo), mais on connaissait son travail, et de nom. Lyon, c’est petit, tout le monde se connait plus ou moins. On voulait aller plus loin dans l’univers visuel du groupe et le transposer sur scène pour créer un univers au service et en interaction avec la musique. On le pense depuis 2006, avec des résidences, des collaborations avec des scénographes, notre technicien lumière Rémi Mallet, avec nous depuis le début, pour dépasser le côté performance du scratch. Ça reste un moyen et pas une fin, il y a tout plein de choses et d’univers qu’on cherche à défendre via ce biais-là.

Vous étiez d’ailleurs ce week-end sur la scène du Festival les Giboulées. Toute la scénographie live est donc déjà mise en place ? Ou c’est voué à évoluer, changer, s’adapter ?

On a été amené à le mettre en place mais oui, bien sûr, ça va également évoluer. Les lives ne sont jamais arrêtés, on adapte les morceaux aux concerts, avec des versions inédites en live. Ce n’est jamais identique à ce qu’on peut trouver dans le disque. Réadaptations, des morceaux exclusivement réservés aux lives, comme d’autres réservés au disque. On a eu la chance de faire 2 semaines de résidence aux Abattoirs, qui est une très belle salle, on a été super bien accueilli. Donc voilà, ça a été fait dans ce processus-là. Et c’est bien sûr amené à évoluer au fur-et-à-mesure des dates.

Qui sera derrière le visuel de scène ? Toujours Brusk ou d’autres collaborations ? On pourra assister à du mix VDjing ?

Ice@ream et Brusk nous fourniront la matière, mais pas de VDjing. On va synchroniser les images avec la musique via des ordinateurs. Mais pas de tierce personne dédiée pendant. Ce sera fait avant la scène. L’essence même du groupe est qu’on peut collaborer avec plusieurs personnes, sans qu’ils soient présents pendant le live. Au final, c’est une équipe de 25 personnes qui travaille sur un projet afin que nous puissions, nous, le retranscrire sur scène.

On vous suit maintenant depuis pas mal de temps sur Splash My Sound, et je me demandais comment vous avez pensé votre promotion. Notamment les délicieux free DL que vous nous proposez chaque semaine.

SBC aura 10 ans en juin (jour de la fête de la musique), quand la question de l’album se pose, on souhaite que le disque soit cohérent. En Petites Coupures ça a été un peu notre carte de visite. Sur cet EP, les titres étaient liés au live. Les morceaux de notre dernier disque sont eux dédiés à ce disque. On ne les a jamais joués sur scène. C’est fait pour être écouté et les versions live seront différentes. Or certaines personnes nous demandaient des remix qu’on avait pu faire en live, notamment Requiem For A Dream, et on ne trouvait pas leurs places sur le disque. Donc on a eu envie de les donner. On souhaitait garder cette pertinence du support disque où ce n’est plus un prétexte pour faire des concerts mais quelque chose où il y a du liant, où l’artistique vit par lui-même et est pensé de A à Z.

Les prochaines dates de scène vont-elles être intégralement en France, ou le Scratch Bandits Crew s’exporte-t-il plus loin ?

On a eu pas mal de propositions l’année dernière à l’international qu’on a dû malheureusement refuser car à ce moment-là on était encore en train de finir notre précédente tournée et par la même finir « 31 Novembre ». Jusqu’à présent, on est resté concentré à fond sur notre planning mais dès cet été, on va essayer de voir un peu ailleurs dans le monde. On a déjà fait quelques trucs en République Tchèque, en Espagne ou en Suisse, ça restait très proche. Là on a des demandes pour l’Inde par exemple.

Faire rejoindre le voyage par la musique et le voyage tout court, génial ! Et sinon, qu’est-ce que vous écoutez ?

Il y a des fois des livres où l’auteur dit ce qu’il a lu afin d’écrire son livre… Nous, pour dire un peu ce qui nous a inspiré de façon proche ou très lointaine quand on a fait ce disque-là, il y déjà Amon Tobin par exemple, notamment son premier album. Pour notre travail sur les voix on a pas mal écouté l’album de Kanye West « My Beautiful Dark Twisted Fantasy », au niveau des grains et des batteries acoustiques, traités et modernes, tout son travail où la forme prend le pas sur le fond. Il y a aussi le groupe The Do, plus éloigné de nous, mais pareil tout un travail sur l’acoustique et les rythmiques, les voix, c’est des projets à l’identité artistique très très marquée. Enfin bon, il y en a pleins. Vous trouverez pleins de clins d’œil à l’écoute du disque, notamment Heart Beat qui fait référence à la BO du film Beat Street de Stan Lathan. Un moment la voix fait « It’s like a heart beat, beat street »… Quarante années de hip hop américain.

D’ailleurs, toutes mes félicitations, pour votre intégration à la Vestax Team ! Cocorico ! Comment ça arrive ce genre de choses pour des français ?

Le milieu de la scratch musique est international, du fait de ses battles, des concerts, etc. On est donc tous amenés à se croiser. Tout le monde ramène ça à une compétition constante mais ce n’est pas le cas. C’est super de pouvoir échanger, rencontrer des personnes qui nous influencent. Dans ces réseaux, avec comme principe que les platines sont des instruments, les constructeurs sont aussi un peu au centre de cette musique, et au service des musiciens pour faire évoluer ça.

Mais par exemple, vos nouvelles lutheries comme la « Guitare-scratch », le « derbouka-lampe », ou encore le fameux « scratch lunaire », il y a le nom Vestax dessus ?

Non, non, ce sont nos propres créations. Rien à voir avec eux. On est en rapport avec eux de la même manière que les autres scratcheurs puisqu’on utilise aussi le matériel acheté en commerces. Nous, on crée nos instruments effectivement à partir de ce matériel préexistant et on le modifie, mais Geoff crée aussi du nouveau matériel à partir de rien du tout d’existant, totalement propre au groupe. Les nouveaux dispositifs présents sur scène cette année ont été conçus par Flavien (notre manager) avec Geoffresh et Olivar d’Oli Lab : les rubans, une machine qui s’adapte à nos lampes pour jouer de la musique comme un instrument à cordes, on peut passer par exemple d’une note à l’autre avec toutes les transitions harmoniques et faire pleins d’autres choses encore… et un autre qui n’est pas encore sur scène, un pad a base de vinyles découpés…

Tout ça au service de la musique, intention première pour nous !

——————————————————————————————————————————————————————————————————-

A voir en live absolument !Interview #3 : Scratch Bandits Crew | 31 Novembre (Infrasons)

>> Scratch Bandits Crew seront en concert :

  • Les Abattoirs, Bourgoin-Jallieu, le Samedi 7 Avril
  • Concert gratuit le Jeudi 12 Avril au Club Transbo de Lyon, invités de la release party de fOwATilE
  • A Arles, le 4 Mai (Cargo de Nuit)
  • A Paris, le 12 Mai (Le Plan)

>> Toutes les dates mises à jour et à venir via le site Officiel.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Splash My Sound 3042 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte