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Ferdinand Flouret dit « Dauphiné la Bonne Espérance », Compagnon charron du Devoir (Vinsobres 1851-1939)

Par Jean-Michel Mathonière

Ferdinand Flouret naît à Vinsobres le 24 novembre 1851 ; il est le cadet d'une famille de sept enfants. Son père, ancien aspirant charron, fait de ses quatre fils quatre charrons. L'une de ses filles donnera naissance à un autre compagnon charron : Élie Brun, neveu et filleul compagnonnique de Ferdinand, et reçu plus tard sous le même nom de Compagnon.

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Roue à 504 rais, chef-d'œuvre et prouesse inégalée de Ferdinand Flouret.
Toujours conservée dans la famille Flouret, celle-ci est la seconde à avoir été réalisée ;

l'autre, semblable, est conservée par le musée du Compagnonnage à Tours.
Cliché Laurent Gallet (Buis-les-Baronnies)

Le 8 juillet 1868 Ferdinand Flouret quitte son village, commençant ainsi les huit années de son tour de France ; il s'inscrit à Nîmes comme aspirant puis voyage dans le Midi. En 1871 il se trouve à Marseille, durant les émeutes de la Commune ; il y remplit les délicates fonctions de « Premier en ville » des aspirants. En 1872 il est à Bordeaux ; c'est en cette ville qu'il se présente et est reçu compagnon du Devoir, pour la Sainte-Catherine (patronne des charrons), sous le nom compagnonnique de « Dauphiné la Bonne Espérance ». Il continue son tour de France et arrive à Paris en 1874. Il y remplit les fonctions de « Premier en ville » des compagnons charrons durant près de deux années. On sait que le « Premier en ville » des compagnons est le responsable de toute sa société pour la ville. Il est ensuite élu Président de sa société et conservera cette fonction pendant vingt ans. C'est dans ce cadre qu'il s'occupe particulièrement d'améliorer les caisses mutualistes des compagnons ; il est le fondateur d'une Caisse de retraites autonome pour les compagnons charrons du tour de France.

À l'annonce de l'Exposition Universelle de 1900, les cours techniques des compagnonnages sont invités à concourir ; Ferdinand Flouret exécute et présente huit modèles différents, en collaboration avec d'autres compagnons, en particulier son neveu et filleul compagnonnique, Élie Brun. Sa société reçoit une médaille d'argent et Ferdinand Flouret, comme collaborateur, la médaille de bronze de l'Enseignement technique. À la classe 35 (Agriculture), en collaboration avec la Compagnie Générale des Omnibus, dont il est « brigadier charron », il obtient du jury la médaille d'argent pour les soins qu'il avait portés à l'exécution des travaux exposés par cette Compagnie. Il reçoit aussi une médaille d'argent au titre des services rendus dans le cadre des sociétés de secours mutuels ; durant la même exposition le Ministre de l'Intérieur lui donne la plus haute récompense de la Mutualité, la médaille d'or…

Il se retire un certain temps à Vinsobres « pour vivre tranquillement » ; mais, encore trop actif, il revient à Paris et continue ses travaux. En 1924, à l'Exposition départementale du Travail des « Meilleurs Ouvriers de France », il expose à nouveau et obtient un grand-prix. Enfin, en 1925, lors de la première Exposition Nationale du Travail, il reçoit le diplôme de Meilleur Ouvrier de France. Il reçoit enfin la Légion d'Honneur en 1932.

Nous savons aussi qu'il s'était signalé dans la réalisation des carrosseries des premières automobiles, puis, durant la guerre de 1914-1918, qu'il avait tracé et réalisé les hélices en bois des premiers avions militaires.

C'est dans la capitale, parmi ses chers compagnons, que s'écoule sa longue vieillesse ; mais il fait de fréquentes visites à Vinsobres, dans sa famille. C'est au cours de l'un de ces séjours qu'il décède, en 1939, à l'âge respectable de 88 ans.

[Texte extrait de Ferdinand Flouret et le Compagnonnage, par Francis Laget et Jean-Michel Mathonière, éd. L'Abeille vinsobraise, Vinsobres, 1991.]

Ferdinand Flouret dit « Dauphiné la Bonne Espérance », Compagnon charron du Devoir (Vinsobres 1851-1939)

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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