Magazine Journal intime

Où il est question d’un jeune qui jeûne!

Par Vivresansargent

Mercredi 4 Avril :

Leur (fais c’que j’veux!) d’un premier bilan vient de sonner. Cela fait 24 h que je n’ai pas mangé. Non, je ne revendique rien avec pour arme, une grève de la faim ! Non je ne suis pas fou, non, non, rien à changé et non, non, je ne regrette rien ! Je pratique un jeûne ! Un quoi ? Un jeûne ! Une pratique multiséculaire, hey mon frère !

Mes premières 24 heures se sont très bien déroulées. En guise d’aliment, pour la durée de ce jeûne que j’ai donc commencé hier (je pourrais préciser Mardi mais j’ai décidé, une fois n’est pas coutume, de faire confiance à ta mémoire de poisson rouge car tu as dû lire la date, en haut à gauche, il y a, à peu près 3 secondes!) vers 20 h, je ne boirai que du thé vert légèrement sucré (au sucre roux, bien sûr!).

Avant de revenir sur mes premières impressions de jeûneur, je me dois de remettre les choses dans l’ordre et de commencer par le commencement.

Cela fait un moment que je m’intéresse au jeûne et à ses nombreuses vertus. Mon premier jeûne, je l’ai pratiqué en Argentine, il y a environ un an. Là-bas, durant trois jours, je n’ai avalé qu’une soupe par 24 heures. A la fin du jeûne, j’étais en pleine forme et l’expérience a été si riche pour mon épanouissement que j’ai décidé, au moment même de reprendre une alimentation solide, de recommencer un jour. Ce jour, c’était hier. J’ai recommencé.

Pour jeûner, la règle d’or, c’est le bon sens, l’expérience et l’écoute de son corps. Avant de passer au jeûne à proprement parler, j’ai pratiqué une « descente alimentaire ». La semaine dernière, je n’ai pas mangé de viande, et j’ai diminué les féculents préparant ainsi mon organisme aux repas de ce lundi et ce mardi qui furent très légers. Les repas du matin et du midi étaient moitié moins importants qu’a l’accoutumé. En ce qui concerne les dîners, ils étaient très très légers, constitués de petites salades de graines germées, de fruits secs et autres olives. Il est important de préparer ainsi le jeûne en diminuant aussi, fortement, les excitants comme la clope, le café et l’alcool, avant de commencer le jeûne à salement parler (on peut bien rigoler Mr propre!).

Un jeûne n’est pas quelque chose d’anodin, a prendre à la légère. Des millions d’êtres humains ont déjà pratiqué le jeûne et la somme de leurs expériences nous indique qu’il faut aller progressivement vers la cessation alimentaire. De même qu’il est important de reprendre peu à peu la consommation d’aliments quand on arrête le jeûne.

Ceci étant dit, ma première journée de jeûne est dans sa dernière ligne droite et tout va bien. J’ai déjà « sauté » trois repas et…je suis vivant ! C’est marrant, même si c’est de moins en moins le cas, quand on parle de jeûne, les gens nous regardent avec des yeux dans lesquels ont peut lire : « t’es un malade mentale toi ! »

En fait, si on lit un tant soit peu à ce sujet, on se rend vite compte que le jeûne est à l’opposé d’une folle démarche entreprise par des irresponsables. Bien au contraire, une réelle connaissance et une maîtrise de soi sont essentielles pour entreprendre et réaliser un « bon » jeûne. A la fin d’un jeûne, ces deux qualités se renforcent considérablement.

Jeudi 5 Avril :

H + 48 ! Tout va bien ! Mon jeûne se déroule très bien. Bon oui, c’est vrai, j’ai faim ! Quoi que ! En fait, par moment, une heure toutes les quatre heures environ, j’ai cette sensation de ventre creux. Ce n’est pas douloureux et quand on y prête pas attention, ça disparaît. Tout simplement. En fait, comme toujours, le plus gros du morceau se joue dans la tête. Si tu te dis à chaque instant que c’est dure et que c’est débile alors, l’effort devient tâche et peu à peu la tâche devient labeur. Au contraire, si tu observes la sensation, calmement et sereinement et que tu te remplis de joie et de bonnes sensations alors, les heures passent tranquillement, normalement.

Pour l’instant j’ai seulement eu un petit coup de moins bien, à H + 16, le mercredi après-midi. En fait, normalement, à cette heure là, j’aurais dû apporter à mon corps deux repas déjà. Et lui, pris de panique car les choses ne se déroulaient pas comme d’habitude, il s’est mit à brailler et à me faire part de son insatisfaction, comme un gamin. Ou plutôt, comme le corps d’un drogué qui n’aurait pas eu sa dose !

A H+48, il est ok avec moi car il se rencontre que ce repos est le bienvenu. Tout va bien.

Il existe plusieurs types de jeûnes. L’ultra-court, celui que l’on fait chaque nuit (il est rigolo de noter que dans: petit déjeuner, on « casse » petitement le jeûne de la nuit!), il y a le court, celui que l’on fait un jour par semaine (Jadis, avant d’être le jour du poisson (qu’il n’est plus d’ailleurs), le vendredi était jour de jeûne), il y a le moyen, celui que l’on pratique 3,4 jours (celui que je fais actuellement) et le long qui dépasse la semaine sans s’alimenter pouvant aller jusqu’à 40 jours (incroyable!).

Chacun a une fonction différente. L’ultra-court est un repos vital, le court un repos intelligent, le moyen un « super-méga-bon » repos et un outil fabuleux pour renforcer son esprit et son mental et le long, un outil thérapeutique très efficace pour le corps et un trampoline géant pour s’amuser à décrocher une à une, les étoiles de l’épanouissement personnel.

Vendredi 6 Avril :

Que se passe-t-il quand on jeûne :

Je ne suis pas un expert du jeûne. Je précise, avant de terminer cet article, que mon but n’est pas de faire l’apologie du jeûne ni même d’expliquer de A à Z en passant par F et M et aussi S, ce qui se passe pendant un jeûne. Ce que je peux en dire, tout de même, c’est que dans les premières heures du jeûne le corps utilise le glucose pour compenser le non apport en aliment. Ensuite, autour du deuxième et troisième jour, et ce pendant un temps relativement court, le corps « tape » dans ses protéines pour ensuite se servir dans ses lipides. Ces lipides sont la réserve d’énergie qui permet de long jeûne. Jeûner permet, évidemment, de diminuer ses réserves de lipides qui élargissent les hanches de nos dames et ceinturent les hommes.

Jeûner, sans même parler de ses bienfaits sur l’esprit et la découverte de soi a, selon ses partisans et de nombreux médecins, chercheurs et autres professeurs, d’innombrable vertus sur notre corps. En effet, privé de nourriture, le corps se nourrit de manière différente. Après un jour ou deux sans aliments solide, l’organisme passe en « auto-restauration ». Il puise alors dans ses réserves pour vraiment manger « équilibré », en n’utilisant que ce dont il a besoin. Déjà digérées et assimilées, ces réserves sont facilement accessibles. Le corps va alors utiliser toute l’énergie libérée par l’absence de digestion pour réparer les organes fatigués et recycler les cellules endommagées. La digestion est une activité qui demande énormément d’énergie au corps. On s’en rend compte au moment du « coup de pompe » après un gros repas. D’ailleurs, pour moi, ce coup de « moins bien » est un signe que le corps nous adresse pour prévenir qu’il ne faut pas tant manger. Et le corps, pour nous « punir », nous cloue au canapé pour nous empêcher de faire autre chose, de vivre. Pour « gagner » ces heures, il existe un solution : moins manger !

Le jeûne, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, n’est pas contre nature. Le jeûne est TRES présent dans le monde animal. Pour seul exemple, les papillons deviennent odes à la vie après une période de jeûne, une période où certaines de ses cellules sont « mise à mort » pour laisser la place aux nouvelles et poursuivre ainsi la métamorphose du papillon vers sa plus belle forme. Beaucoup d’animaux jeûnent quand ils sont malades. Le cheval, entre autres, arrête de manger quand il est pas bien. Les animaux, d’instinct, ne gaspillent pas leur énergie à digérer du foin quand il s’agît de faire la peau à une bactérie ou autre virus. Un enfant, quand il est malade, se plaint et, entre deux immenses soupirs, il répète en boucle : « J’ai pas faim ! ». Et nous, bêtement, parce que l’on se le dit depuis longtemps, on lui répond, en colère : « C’est pas bien Bidule ! il faut manger pour prendre des forces ! » Encore un signe du corps qui n’est pas écouté !

Samedi 7 Avril :

Today il ne sera pas question de mon jeûne si ce n’est pour dire que je m’étais fixé jusqu’à ce matin 8 heures, pour casser mon jeûne mais, comme je me sens bien et comme mon premier jeûne, l’année dernière, a duré 3 jours, j’ai décidé de pousser jusqu’à lundi matin 8 heures pour un jeûne total de cinq jours et cinq nuit, 120 heures en tout et pour tousse pour un ! Je souhaite ainsi m’offrir la possibilité de découvrir des trucs, des choses et des bidules!

Hier, c’était la fête au village, dans la vallée, à Verfeil sur Seye. Tout le village était réuni dans un petit bar : la Seye toi ? (rigolo, non ? Si tu rigoles pas, faut aller voire un rigologue pour qu’il te prescrive des blagues de Coluche pour te décoincer la chose que tu as de coincée !)

Puisque tu insistes, j’te raconte !

A peine sommes nous arrivé, Olove (se prononce Olaf) et moi, que je reconnais un chouette gars de la fête de l’autre soir, à Vaour (cf article prés ses dents). Je me dirige vers lui, tranquille et on se salue. Il me présente son amie et vingt minutes plus tard, on parle, elle et moi de…jeûne. Elle pratique régulièrement le jeûne, cool. C’est marrant la vie !

Le temps passe tendrement, y’en a qui boivent, d’autres qui discutent qui rigolent. Y’en a des assis, des debout. Y’en a qui parlent une autre langue. Y’en a un déguisé, euh…habillé en Tyrolien (ou un truc comme ça!). Y’en a des vieux, des moins vieux voire des carrément jeunes. Y’a des barbus, des percés, des tondus, des poivreaux, des salauds, des mecs de droite, surtout des mecs de gauche, des gros et des pas beaux et y’ a aussi, des musiciens !

Ce soir c’est concert ! Deux types aux sourirent si franc qu’il font peur à l’Euro (hi hi), l’un à l’accordéon, l’autre à la batterie entraîne le village entier dans une farandole à faire pâlir tous les marquis de Sade (celle là pour la comprendre, faut avouer que l’on écoute TOUTE la variété Française ou, comme moi, avoir été élevé à la chanson Française bio (sans insecticides)!).

Le village boit et danse, moi, je jeûne. Au moment de la pause repas, un sacré plat en sauce sucré-salé vient remplir les assiettes…de mes voisins. Pendant tout le repas on parle…bouffe. Je l’ai très bien vécu, c’était plutôt rigolo. Je ne fais pas un jeûne pour entrer en guerre avec la bouffe, bien au contraire.

Une fois le « porc à la québécoise » (qui aurait conquit mon frangin!) de madame la patronne terminé, les musiciens reprennent leur set là où ils l’avaient laissé et, une deuxième fois, remportent un dollars succès !

C’est à ce moment que je décide de rentrer…a pied ! Johan me dit qu’il y en a pour 45 minutes à tout péter. Je me prépare donc à une marche d’au moins une heure car, lorsqu’il s’agît de donner un temps de marche, les gens ont tendance à diminuer la tâche, normal, pour pas décourager. Je me lance donc pour une ballade nocturne.

La veste de cuir bien arnachée, les mains au fond des poches, il fait pas chaud quand je quitte la fête, ses plats en sauce et ses musiciens.

Je suis seul sur les petites routes de campagne qui entourent le village. Marcher la nuit est tellement différent qu’en journée. Le silence, le bruit des mes pas sur l’asphalte, le vent qui fait claquer une bâche, là-bas. L’atmosphère de la nuit est propice à la pensé. Je laisse donc mes pensées faire leur job. Au bout de quelques minutes, mes yeux deviennent efficaces dans cette nuit noire et froide. Le ciel est chargé. Les oiseaux sont planqués. C’est beau. Il me faut remonter la vallée, la pente est sérieuse.

Toujours en plein jeûne, je découvre que marcher n’est pas une activité anodine. La marche demande de l’énergie. J’avance, d’un pas certain vers ma yourte et mon poêle à bois qui m’attendent là-haut.

A mi (il faut faire une pause) chemin, un bruit immonde perce la nuit. Je traverse un sous-bois et un truc qui fait « ffghhuuttreoop !ffghhuuttreoop !ffghhuuttreoop ! Ce son (Véronique), ce cri, fait se dresser, d’un seul homme, les 784 poils que compte mon corps. Sensation puissante qu’est la peur. Je pense immédiatement à un chien enragé qui voudrait venger son espèce souvent maltraitée par les hommes. Je pense au bouquin de Stephen King et à son gentil toutou Cujo et j’ai peur. Ma main, cherche et trouve la bombe lacrimo que j’ai toujours sur moi depuis mon voyage en Argentine et je presse le pas, l’oreille tendue comme un string. Je constate rapidement que le monstre à eu plus peur que moi car, leçon (fait c’que j’veux!) de ses cris, se fait de plus en plus ténu et rapidement disparaît dans le bois.

Je respire et souris en sentant mes poils reprendre leur position. Je souris d’avoir eu peur. Quelle gonzesse, franchement! Je continue mon ascension.

Je précipite un peu le mouvement car la pluie à décidé de tomber maintenant, pendant ma ballade, alors qu’on l’attend depuis des semaines, en vain.

Au loin je vois ma yourte et ça tombe bien car depuis quelques minutes, il pleut sévère. Après une bonne heure de marche (je le savais!), ruisselant, j’ouvre la porte de ma yourte (nature).

J’ai aimé cette balade nocturne.

Dimanche 8 Avril :

14:27 : H + je sais plus combien !

Y’a plein de monde ! Des copains des copains sont là, cool. Je viens de passer la première partie du déjeuner avec eux. Le vin tourne, je refuse. Le pain tourne, je refuse. Le poulet rôti tourne, je refuse. J’explique à ceux qui ne sont pas au courant que je suis en plein jeûne. On en parle un peu, le débat est lancé. Tout le monde y va de son petit commentaire. C’est fou ce que le jeûne suscite comme réaction ! Je ne sais pas si c’est propice au lieu dans lequel je suis mais toujours est-il qu’il y a autour de moi, de nombreux jeûneurs amateurs, cool.

Je quitte la table en leur disant : « Bon appétit, à tout à l’heure ! »

J’arrive au bout de ce jeûne. Demain matin, au réveil, je vais petit déjeuner. Je me sens très bien et je suis ravi d’avoir réalisé cette expérience. J’avance pas à pas et je me prépare tranquillement à un jeûne plus long l’année prochaine. 10 jours ? Et pourquoi pas ! Qui vivra verra.

Je ne veux pas terminer cet article sans vous parler du professeur Américain Valter Longo, spécialiste en biologie cellulaire. Cet homme fait des recherches sur les bienfaits du jeûne. Il a démontré que le jeûne est un outil thérapeutique fabuleux. Il a constitué deux groupes de souris. Il a fait jeûner un de ces groupes et ensuite injecté des doses de chimiothérapie très importantes à toutes les souris. Devine Evelyne ! Les souris qui ont jeûné se portent bien mieux, pour ne pas dire carrément mieux. Elles sont vives, actives et normales tandis que celles qui n’ont pas jeûné sont prostrées dans un coin de leur cage. Ceci est un exemple parmi des milliers d’autres. Des milliers de témoignages indiquent que cette voie thérapeutique est à prendre au sérieux.

Le problème, c’est que l’industrie pharmaceutique et aussi agroalimentaire ne vont jamais promouvoir une thérapie qui consiste à ne pas prendre de médicament ni de nourriture ! On est dans l’exact opposé de ce que prône notre société de consommation. Si jeûner est bon pour l’esprit, pour la santé, pour notre porte-monnaie et pour notre environnement, pourquoi laisser ça de côté ?

Parce que c’est difficile de ne pas manger. Parce qu’il nous faut remettre en cause des décennies, pour ne pas dire des siècles, d’habitudes culturelles. La France, pays de la bonne bouffe. La France où un gros bonhomme est qualifié de bon-vivant !

Pourtant jeûner n’est pas mortifère. Jeûner permet de ré-apprendre à s’alimenter. De découvrir qu’il n’y a pas que le plaisir à chercher dans la bouffe. Il faut avant tout donner à notre corps ce dont il à besoin et ensuite, chercher et prendre du plaisir à manger.

Pour pratiquer un jeûne, il faut y aller doucement, calmement. La première fois où j’ai passé un dimanche entier sans manger m’a procuré beaucoup de joie et de…plaisir. Peu à peu on découvre son corps et ses limites. Si cet article résonne en toi, lis, lis, lis et passe à l’action Gaston ! Passe à l’action avec prudence, en respectant ton corps et peu à peu, grâce à ce trampoline qu’est le jeûne, tu décrocheras une, puis deux, puis trois étoiles.

Il y a un kiwi sur le bord de la table qui traîne depuis deux jours. Apparemment il ne fait rêver que moi ! Quand ce fruit, demain matin, à l’aube, va éclater dans ma bouche, alors, ALORS, mes yeux se fermeront de plaisir et, laissant couler le fruit bien mûr, dans un torrent de jus, le long de ma gorge, je me délecterai d’un moment que seul le jeûne peux offrir.

Si je peux jeûner, alors, je peux tout (Philippe)


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