Dans son roman “CANADA, ALLER SIMPLE“, paru en 2008 chez les Edition LE FENNEC pour le version commercialisée au Maroc, Rachida M’FADDEL aborde le thème de l’immigration.
Contrairement à beaucoup d’autres auteurs de la dispora, elle s’y prend de manière à la fois originale et maladroite.
Originale, son approche l’est incontestablement. Le héros de son roman a décidé de son plein gré d’immigrer au Canada, sans qu’il ne soit popussé ni misère, ni par une quelconque pression économique, ni par une hypothétique persécution policière du fait de ses engagements ou de ses idées.
Nabil, ingénieur de son état, marié, père de trois enfants scolarisés dans des établmissments de la mission française , possédant villa, résidence secondaire, voiture, confortablement installé dans sa vie de cadre supérieur a décidé de tout laisser tomber et de tenter l’aventure canandienne!
Sa seule motivation semblerait être d’assurer un avenir meilleur à ses enfants!
Nous sommes donc loin de la misère, des pateras, des passeurs!
Nabil s’exile donc, dans les normes et dans les formes, avec ses papiers dument obtenus, ses diplomes, sa petite famille et ses rêves.
Originale encore s’avère la suite de l’aventure de Nabil.
Rien ne va se passer comme il l’aura imaginé ou espèré. Il ne trouvera pas de travail, parce que “surqualifié”. Il ne réussiera pas son intégration dans une société trop libérale et trop permissive.
Au fil du temps, les problèmes surgissent, les difficultés s’accumulent et Nabil n’y trouve pas de solutions. Au contraire, il contribue à l’enlisement, puis à l’aclatement de son couple et de sa famille.
Le récit semble avoir pour visée de dénoncer “la face cachée de l’immigration et le mirage canadien”.
Excellente initiative en effet, venant d’une militante active de l’aide à l’intégration des immigrants au pays de l’érable!
Encore faut-il que le talent d’écrivain soit mis à contribution à cette initiative.
Maladroite est en effet la démarche de l’écrivain.
Le roman est une longue suite de situations ou plutôt de clichés destinés à nous décrire la vie de cette famille déracinée et exilée de l’autre coté de l’Atlantique.
Cliché du couple marocain, désiquilibré au départ, formé par un ingénieur et une jolie jeune femme quasi analphabète.
Cliché des enfants marocains mal dans leur peau d’immigrants et qui tombent l’un dans la drogue, l’autre dans l’islamisme intrangigeant et le troisème dans l’homosexualité.
Cliché des couples mixtes, où l’homme marocain n’arrive pas à se débarasser de sa conditon de machiste invétéré.
Cliché d’un Canada et de des canadiens, froids, introvertis, mais acceptant la multiculture.
Cliché de l’occidental subjugué par la femme marocaine, sa douceur et sa force.
Si l’on ne bute pas sur l’effort bien poussif de Rachida M’Faddel a entrepris pour donner un peu de couleur locale cannadienne à son récit, en y semant ici et là quelques formules typiquement québécoises, la lecture de ce roman peut être utile à ceux qui voudraient tenter l’expérience de l’exil.
Comme il est précisé sur la quatrième de couverture, “si certains s’en sortent vainqueurs, personne n’en sort indemne”.