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[anthologie permanente] Clarke Coolidge, traductions inédites de Jean-René Lassalle

Par Florence Trocmé

Mine (extrait) 
 
Plus les hommes étaient vitreux plus ils poursuivaient la noire locomotive dans le crépuscule. Un aventurement parallèle le long d’arrière-plans aux troubles herbes violettes. Ils n’arrivèrent à rien, ne découvrirent rien, dans les tâtonnements des nerfs les plus lointains du cerveau vers les formes sombres de l’extérieur, formes si obscures qu’elles se classaient d’elles-mêmes dans les profondeurs. Et les oiseaux montent jusqu’aux cimes des arbres où personne ne les verra. Comme quand approche le sommeil alors le chat monte et descend. Les liaisons entre toutes branches menacent les fissures de luire au travers depuis l’autre côté de la texture. Et les hommes persistent dans leur quête de la locomotive brouillée. Je n’ai pas d’autre vision ici que celle d’hommes trébuchant autour d’une cave à moteur obscur dans le troublé d’un amas de crasse. Tout autre effort me frappe bourbe. Lueur tabac. Quiconque est patient obtient… quoi ? Dans certaines salles caverneuses je me sentais ramper dans un esprit.  
 
Sous ma vie se trouvent les galeries du circuit sonde. Et beaucoup y demeure démêlé, si ce mot arrivait à signifier désappris. J’avance sur une mince surface de coquillage qui je le crains va de plus en plus se craqueler. Ma voix devient frêle dans la brièveté de la substance. J’ai même peur d’appeler. Pourtant je peux encore l’appeler. Et la fumée gagne sourire dans ses étagements au soleil de fenêtre. Dans une telle mise en tension ces murmures sont billes de verre, et la plus simple notion une crécelle. Flammelettes glacées de bougies sur la pédale vanille. Voici que grandit une autre bouche qui s’enfonce au long du cou jusqu’à la gorge. Grâce à celle-là il deviendra sûrement possible de parler avec les animaux inférieurs. Dehors dans la lumière lente de la glaciale cime ce jour tous les enjeux platinés disparurent. Impression qu’ils s’étaient retirés vers l’intérieur, derrière la surface de toute solidité. Comme quand je dévalais l’abîme dans le rêve muet derrière la radio en essayant de la réparer.  
 
 
Extrait de : Clark Coolidge : Mine, The Figures 1982. 
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle. 
 
 
Mine (extrait) 
The blearier the men the more they stalked the black locomotive in the twilight. A parallel adventuring along backdrops of dull violet weed. They came to nothing, found out nothing, in the touchings of the outermost nerves of the brain to the dark shapes of the outside, shapes so dim they were filing themselves away. And the birds go up to the tops of the trees where no one will see them. As when sleep comes then the cat goes up and down. The links of all the branches threaten cracks to glow through from the other side of the fabric. And the men persist in their seek of the smudge locomotive. I have no further vision here except of men stumbling around a dim engine cellar in dirt pile dullness. All further endeavour strikes me plod. Tobacco light. He who is patient obtains . . . what? In certain cavern chambers I felt I was crawling inside a mind.  
Under my life are the galleries of the circuit delves. And there is much there remains unravelled, if that word could come to mean unremembered. I walk forth on a thin shell surface I fear will increasingly crack through. My voice turns thin in the brevity of substance. I even fear to call. But so far I can still call it. And the smoke gains smile in its shelvings at the window sun. In all thus tensioned such murmurs are marbles, and the merest notion a rattle. Iced candle flamelets on the vanilla throttle. And there grows another mouth further down on the neck, through to the throat. It must become possible to speak with the lower animals through that one. Out in the slow light of the glacial top the day all the platinum stakes disappeared. With the sense that they had gone inward, behind the surface of all solidity. As in the silent dream I climbed down the abyss behind the radio in trying to fix it.  
 
Extrait de : Clark Coolidge : Mine, The Figures 1982. 
 
|○| 
 
Le texte du cristal (extrait) 
 
Et est-ce la même chose ? 
Acquiescé tout en doutant, l’ai halé dehors dans la cour. 
Connaissance des écureuils, minimale, debout quoique hissé,  
éparpillé sur un tapis de perles, ferme la porte, écureuil. 
Il s’était avancé par-delà son dernier. Puis surgi 
au premier. Aucune lettre connue pour entraver son progrès. 
Origan, robuste. Voix fortes bien que seulement sur album. 
Les cellules sanguines étaient répétées, comme les arbres le ciel. 
Pas d’effacements, aucun rien en suspens. Entrée par 
l’approvisionnement, trahison crayonnante de la raideur. 
Singes deçà la limite, sol plein de saletés. 
Visage vierge, avenue noire. La lumière sonna 
quand il leva la main. 
 
Le cristal était blanc, jaune, argent, vierge. 
La transparence donnait matière à lente matérialisation, pour 
se concentrer sous le soleil, sous la mainmise. Jamais on 
ne voit au-delà, plutôt au travers. Lacté, tempétueux, 
abrupt, expectore le long d’un couloir huilé. 
Toute chose est possible, tout chant sous-estimé. Tenu 
pour oxydant, contenu sous son plus bas. Un 
être double qui répète son indice. Véhiculé 
sur une chaise, écureuil observant. Album ployant, 
allumette non-enflammée. Nous voyons, et sa mère, 
le père de tout hymne. 
 
Cartes biseautées, habilitations à joindre un commentaire 
ou une bougie élastique dans un solide dédain. 
Wagon à bestiaux constellé d’étourneaux, camion de pompiers 
dorant hors voie du mal un vote pour brouillard. 
Des amphibiens nous avouerons tous l’être. 
Le cristal en apparence à feu. L’eau 
tout de suite en réservoir. La lumière, la lumière, la lumière 
de sa clôture de pierre. Elle a parlé, mais 
nous avons écouté. 
 
 
Extrait de : Clark Coolidge : The Crystal Text, The Figures 1986. 
Traduit de l’anglais (américain) par Jean-René Lassalle. 
 
 
The crystal text (extrait) 
And is this the same thing?
Nodded while doubting, and hauled it out into the yard.
Knowledge of squirrels, minimal, standing though hoisted,
spread out over a carpet of beads, close the door, squirrel.
He had stepped beyond his last. And then appeared at
the first. No known letters to impede his progress.
Oregano, stout. Loud voices though only on album.
The blood cells were repeated, as the trees the sky.
No erasures, no nothing pending. Entrance through
the hoarding, the penciling betrayal of stiffness.
Monkeys under the limit, the ground full of dirts.
Blank face, black avenue. The light rang
as he lifted his hand.  
The crystal was white, yellow, silver, blank.
Transparence a matter of slowly mattering, coming
to focus under sun under thumb. You never
see beyond but through. Milky, blustery,
sheerly, coughs off down an oiled hallway.
Anything is possible, anything is undersung. Held to
be an oxide, held down under being lower. A
double one that repeats its index. Carted off
in chair, squirrel watching. Album bending,
match unlit. We see, and its mother,
the father of all hymns.  
Marked cards, enablements to attach comment
or an elastic candle in firm disregard.
Cattle car mottled with starlings, fire truck
gilding out of harm's way a vote for fog.
And the amphibians we will all admit to being.
The crystal apparently on fire. The water
immediately on tap. The light. The light. The light
of its stone enclosure. She spoke, but
we listened.  
 
Extrait de : Clark Coolidge : The Crystal Text, The Figures 1986. 
 
 
Présentation de Clark Coolidge par Jean-René Lassalle.  


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