Magazine Politique

Deux candidats diamétralement opposés : Romney et Hollande

Publié le 10 avril 2012 par Jclauded
Mitt Romney deviendra sans aucun doute le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de novembre prochain. François Hollande, candidat du parti socialiste français, fera face au président Nicolas Sarkozy lors du deuxième tour de l’élection présidentielle. Romney et Hollande ont d’excellentes chances de devenir président de leur pays.
Récemment, ils viennent de confirmer leur programme électoral économique et les actions qu’ils proposent prendre dès leur prise de pouvoir. Hollande a expliqué le sien avec force détails, il y a quelques jours, lors d’un long discours à Rennes. Romney vient tout juste de promettre de faire sien le rapport Ryan « The path to prosperity », du comité de la Chambre des Représentants sur le budget, et de le faire adopter dès sa rentrée à la Maison Blanche en janvier prochain.
Les deux programmes sont diamétralement opposés. L’Américain coupe les programmes, les dépenses et les taxes. Le Français les augmente tous. Qui a raison ?
Dans un premier temps, le plan Ryan-Romney annule la loi sur les soins de santé de 2010 du président Obama et du sénateur défunt Ted Kennedy. Surnommée Obamacare, elle a été créée pour fournir une assurance santé à 35 millions d'Américains qui en sont privés et pour réduire le trou de 43 milliards de dollars creusé par les non-assurés.
Romney supprime l’obligation pour tous les citoyens américains d’obtenir une assurance-maladie.
Romney élimine le programme Medicare, le système gouvernemental d'assurance-santé au bénéfice des personnes de plus de 65 ans, pour tous les Américains nés après 1956.
Il remplace le tout par un nouveau programme de coupons, ou bons-d’échanges, avec lesquels chaque Américain pourra négocier et acheter une police d’assurance-santé d’une compagnie privée.
Les paiements des primes seront versés directement aux compagnies par le gouvernement. Elles seront augmentées annuellement selon le taux d’inflation moyen et non selon l’augmentation réelle des coûts des soins de santé. Ils tiendront compte du revenu des bénéficiaires, de leur âge et de leurs besoins de soins grandissants. Le 2% des plus riches (même s’ils gagnent des dizaines de millions $ annuellement) recevra 30% de la prime, le suivant 6% recevra 50%, le 92% restant la prime totale.
Le plan fédéral Medicaid, qui fournit l’assurance maladie aux individus et aux familles à faibles revenu et ressources, sera aussi annulé et la responsabilité sera transférée aux États. A partir de 2013, la part du fédéral sera versée en bloc aux États. Le montant sera augmenté annuellement pour tenir compte de la croissance de la population, de l’inflation moyenne et non de l’augmentation réelle des coûts des soins de santé.
En rapport avec la taxation, Romney propose des taux d’impôt réduits et l’élimination d’exemptions et de subsides existants. Il veut diminuer les taux de taxes des corporations de 35 % à 25% et éliminer les taxes des compagnies sur les profits à l’étranger. Il veut rendre permanentes les coupures temporaires d’impôt, mis en place par GWBush, pour tous les payeurs de taxe même si cela augmentera la dette nationale de 3,3 trillions $ durant les 10 prochaines années. Il vient ainsi à l’encontre de ce qu’il dit être son objectif principal, la diminution de la dette.
De son côté, François Hollande propose la réduction de 30% des rémunérations des ministres et du chef de l'Etat, ce qui ne représente rien sur le total des dépenses gouvernementales. Il veut augmenter de 25% l'allocation de rentrée scolaire, bloquer pour trois mois les prix du carburant, créer une caution solidaire pour permettre aux jeunes d'accéder à la location, réinstaurer le départ à la retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ans et négocier avec les syndicats pour changer la décision difficile et importante qu’a prise Sarkozy sur le financement des retraites.
Quant à la taxation, Hollande y va gaiement. Il veut élever le niveau d’impôt à 75% pour la tranche d’un million d’euros et plus pour ceux qui gagnent de tels revenus, réappliquer le barème de l'impôt de solidarité sur la fortune, celle de la taxation des revenus du capital comme ceux du travail, annuler la nouvelle TVA sociale qui vise à diminuer le coût du travail (mesure importante pour faciliter l’emploi par les petits entrepreneurs et les artisans).
Il veut créer 60 000 postes dans l'Education nationale et 5 000 postes pour la sécurité et la justice. Il veut lancer 150 000 "emplois d'avenir" par des exonération de charge pour les entreprises embauchant un jeune tout en gardant un senior dans le cadre d'une loi pour l'emploi et la cohésion sociale. Il veut encadrer les loyers et modifier « la tarification progressive de l'eau, de l'électricité et du gaz ».
Et pour payer pour tout cela, Eh bien ! C’est facile ! On taxe les riches et on élimine les niches fiscales mêmes si plusieurs d’entre-elles ont été créées depuis des années dans le but de stimuler l’économie et rétablir une certaine justice sociale. L’argent est là, selon Hollande qui agit comme si la crise monétaire qui fait des ravages en Europe et la situation économique dangereuse qui n’attend que son moment pour ressauter sur sa proie, n’existent pas.
Les politiques de Mitt Romney sont ridicules et « sans cœur » parce qu’il propose d’importantes coupures d’impôt pour les riches et des diminutions des aides aux pauvres et à la classe moyenne. L’élimination d’Obamacare va créer des torts énormes aux Américains et rendra plus difficile la bataille contre la croissance des coûts de soins de santé. Romney ne peut prouver que ses propositions réduisent ces coûts. La valeur des coupons pour l’achat de primes d’assurance basée sur les coûts d’inflation deviendra vite insuffisante car les taux d’augmentations des services de santé sont beaucoup plus importants que les taux de croissance de l’inflation.
Je remarque que le programme de Romney n’inclut aucune coupure de dépenses militaires ni de garantie que les taxes du citoyen moyen n’augmenteront pas. De son côté, le Centre de Recherches Économiques et Politiques prévoit que sa proposition ajoutera des trillions de $ aux dépenses pour les aux soins de santé à cause de l’inefficacité de l’assurance privée comparée au programme actuel du gouvernement.
Quant aux propositions d’Hollande, on ne peut savoir ce qu’il en adviendra car il a démontré être un adepte du lissage. Par exemple, suite aux critiques de la communauté du football sur la taxation à 75%, il a laissé entendre qu’il est prêt à considérer à « mettre en place des mécanismes pour compenser les dommages au football français ». Que fera-t-il devant les demandes des artistes ? Et des autres ? Et du nombre d’exilés fiscaux qui augmentera ? Ce changement de cap met en doute sa sincérité et démontre que ses propositions sont purement idéologiques, sans consistance et vides de réalisme.
Pour la création de nouveaux emplois, Hollande affirme que le gouvernement en est capable, alors que Romney dit que seules les entreprises privées et les riches le sont.
Nous sommes témoins de deux campagnes électorales de candidats qui se situent de chaque côté de l’échiquier politique. A mon avis, ni un ni l’autre n’a raison car les deux proposent des politiques idéologiques et opportunistes. La gérance du pays, les nouvelles taxes, les coupures de dépenses, les programmes de stimulation de l’économie et ceux d’aide aux citoyens doivent viser en tout temps à assurer la solidité financière de l’État, son développement et le bien-être de ses citoyens, dans l’immédiat et le futur.
A mon avis, le meilleur exemple d’une politique bien équilibrée est celle du président Obama ou encore celui du Canada du temps du premier ministre Jean Chrétien et de son ministre des finances Paul Martin lorsqu’ils mirent de l’ordre dans nos finances publiques.

Claude Dupras

Retour à La Une de Logo Paperblog