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[Critique] THE HOUSEMAID (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)

Par Celine_diane
[Critique] THE HOUSEMAID (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)
La servante. Voilà à quoi est réduite le jeune Euny dès lors qu’elle est engagée par une famille de la haute bourgeoisie coréenne, pourrie jusqu’à l’os par le matérialisme et la richesse. L’argent, ce poison : un propos qui alimente et conduit tout le film de Im Sang-soo (Le vieux jardin), par ailleurs remake d’un classique du ciné coréen signé Kim Ki-young. Autour du personnage naïf de la gouvernante s’articulent des monstres d’égoïsme et de méchanceté : une grand-mère acariâtre et calculatrice, une épouse cocufiée et impitoyable, un homme lâche et inexistant. C’est à un spectacle de la cruauté féminine, quelque part entre combat manichéen (le bien, versus le mal) et lutte des classes (faiblesse du pauvre, pouvoir du riche) que nous convie Im Sang-soo, virtuose lorsqu’il s’agit de transcender un scénario plutôt banal par une mise en scène inspirée. Classes et sexes se font alors la guerre (et parfois même, froidement, l’amour), tentent de s’acheter, de se racheter, d’écraser l’autre à tout prix. A tous les prix.
Fric et domination masculine : cocktail éprouvant pour une œuvre stylisée, sorte de soap opera asiatique et au vitriol, où manigances et perversions sont l’occasion pour le cinéaste coréen d’étendre une belle réflexion sur la corruption de l’âme humaine. Personnage masochiste ? Démonstration sadique ? On ne sait de quel côté penche la balance d’un ballet ultra léché, conte roublard et féroce d’une Candide en pays vorace. Dans tous les cas, l’accumulation de souffrances, que subit l’héroïne, symbolise clairement la triste condition des femmes sous le joug des figures masculines : si elle ne peut être ni mère ni épouse, elle ne peut exister. De cette constatation sociale, amenée froidement lors d’un final quelque peu grand guignolesque, The Housemaid offre, paradoxalement, et au travers de la faiblesse d’Euny, une alternative féministe suggérée ici par le silence : l’émancipation nécessaire du corps et de l’esprit.
[Critique] THE HOUSEMAID (Hanyo) de Im Sang-soo (2010)

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