Magazine Beaux Arts

Dérives

Publié le 14 mars 2008 par Marc Lenot

fromanger-3-bastille-connexions.1205486818.jpgJ’aborde en général le travail de Gérard Fromanger avec circonspection : un peu trop daté, un peu trop normativement politique, un peu trop esthétiquement correct (ou peut-être est-ce simplement que je ne veux pas vieillir). Je suis donc entré dans cette salle du Musée des Beaux-Arts de Nantes (l’expo est finie, désolé) avec réserve, et ce ne sont pas les portraits où la virtuosité de la ligne tricolore recompose le dessin qui m’auraient seuls fait changer d’avis (en bas, Marcel Duchamp). Mais ces grands tableaux sont autre chose.

La figure du flâneur en art remonte à Baudelaire (ou même, comme je viens de le découvrir hier ici, à Gabriel de Saint-Aubin), qui qualifie ainsi Constantin Guys, ‘le peintre de la vie moderne’, bien oublié aujourd’hui. Benjamin s’en saisit, installant Baudelaire dans les passages couverts parisiens, lieux d’oisiveté, de dandysme et de flânerie anti-économique. Debord et consorts transforment la flânerie en dérive, en trajet aléatoire dans la ville, au gré des sollicitations. Nombre d’artistes contemporains (Vito Acconci, Sophie Calle, Francis Alÿs, Joan Colom, voire Miroslav Tichy) ont été des flâneurs, des marcheurs, des arpenteurs.

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Fromanger a voulu s’inscrire dans cette lignée. Ses toiles exposées ici, titrées Bastilles, (ci-dessus Bastille Connexions) montrent un réseau dense et entremêlé de lignes aux couleurs primaires (comme dans Boogie Woogie), qui représentent ici des personnages, là des immeubles et là ce qui pourrait être un plan de ville, une carte de ses dérives autour de la Place de la Bastille. On change de point de vue d’un endroit à l’autre de la toile, on se plonge dans la ville ou on s’élève au-dessus d’elle. C’est sans doute un développement intéressant du travail du peintre, mais ce n’est pas une avancée marquante dans l’art de la dérive : un peu trop évident et simplificateur à mon goût.

Par ailleurs, brièvement, deux autres expositions nantaises:
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- à l’Espace Entre-deux, mi maison privée, mi lieu public de documentation et d’exposition, la série très pure de photos de Chimène Denneulin, Commuter : le regard froid et perspicace d’une jeune artiste sur les mouvements entre Nantes et Saint-Nazaire, les salariés circulant quotidiennement entre les deux villes, une autre manière d’inscrire la ville et les citadins dans l’art (jusqu’au 29 Mars).
- à la Zoo Galerie, le travail conceptuel du Néo-Zélandais Mladen Bizumic (que Saâdane Affif avait invité à Lyon cet automne dans le cadre de la Biennale), comme un passage entre deux mondes, entre deux langues, entre deux hémisphères (jusqu’au 12 Avril).  


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