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Expiation de Ian McEWAN

Par Lecturissime

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Un chef d’œuvre appelé à devenir un classique du XXIème siècle… 

L’auteur :

Considéré comme l'un des écrivains britanniques les plus importants, Ian McEwan est lauréat de nombreux prix et membre de la très sélecte Royal Society of Literature. Remarqué dès son premier recueil de nouvelles 'Premier amour, dernier rite', il reçoit le prix Somerset Maugham en 1976. Découvert en France avec 'L' Enfant volé', Ian McEwan interroge dans ses oeuvres, parmi lesquelles 'Expiation' ou 'Délire d'amour', les questions de la sexualité, de l'inceste et du rapport ambigu entre les hommes et les femmes. L'écrivain rencontre l'un de ses plus grands succès avec 'Amsterdam', un ouvrage sur l'ambition et l'adultère qui alimente la controverse. Tourmentés par l'idée de la mort, les livres de McEwan traitent également des grands enjeux spirituels et scientifiques du monde moderne, notamment dans 'Samedi' qui met en scène un neurochirurgien confronté au deuil. Revenu à un univers plus intime avec 'Sur la plage de Chesil' paru en 2008, Ian McEwan s'impose comme une voix essentielle de la littérature contemporaine. (Source : Evene)

L’histoire :

Sous la canicule qui frappe l'Angleterre en ce mois d'août 1935, la jeune Briony a trouvé sa vocation : elle sera romancière. Du haut de ses treize ans, elle voit dans le roman un moyen de déchiffrer le monde. Mais lorsqu'elle surprend sa grande sœur Cecilia avec Robbie, fils de domestique, sa réaction naïve aux désirs des adultes va provoquer une tragédie. Trois vies basculent et divergent, pour se recroiser cinq ans plus tard, dans le chaos de la guerre, entre la déroute de Dunkerque et les prémices du Blitz. Mais est-il encore temps d'expier un crime d'enfance ? Un roman dans la grande tradition romanesque, où Ian McEwan, tout en s'interrogeant sur les pouvoirs et les limites de la fiction, restitue, avec une égale maîtrise, les frémissements d'une conscience et les rapports de classes, la splendeur indifférente de la nature et les tourments d'une Histoire aveugle aux individus. (Quatrième de couverture)

Ce que j’ai aimé :

Expiation est un roman complet, admirablement bien construit. Il est divisé en trois parties bien distinctes : la première partie nous plonge dans un monde raffiné, ouaté, protégé au sein d'une grande propriété anglaise. En août 1935, une réunion de famille s'organise, chacun s'agite dans la chaleur caniculaire, la jeune Briony essayant d'accaparer toutes les attentions. Briony est une jeune fille qui joue sa vie, persuadée d'être au coeur d'un spectacle passionnant dont elle maîtrise parfaitement les rôles et les dialogues. Perdue par une imagination passionnée, elle peut aller jusqu'à s'imaginer reine de la soirée à l’enterrement de sa propre mère :

« Elle se voyait debout, seule, au milieu de la grande arène d’un immense Colisée, observée non seulement de tous les gens qu’elle connaissait, mais aussi de tous ceux qu’elle connaîtrait, toute la troupe de sa vie, rassemblée là pour la chérir dans son deuil. (…) Il fallait des témoins. » (p.214)

Petite personne égocentrique, elle a besoin d’être au centre des attentions, elle veut jouer le rôle principal quelle que soit la pièce. Cette aspiration à jouer les jeunes premières la conduira à commettre l’irréparable : pour que le monde qui l’entoure s’adapte à la « pièce de sa vie », elle va transformer la réalité et l’insérer dans son propre scénario.

« Tout collait. Elle le découvrait. C’était bien son histoire, celle qui s’écrivait autour d’elle. » (p. 220)

La deuxième partie du roman nous entraîne au cœur de le guerre, cinq ans plus tard, sur les traces de Robbie. Le monde a basculé et ce qui était stable vole en éclat. La culpabilité, thème phare du roman, est remise en question elle aussi, vivre cette guerre ne peut être que synonyme de culpabilité :

« Vous n’avez tué personne aujourd’hui ? Mais combien en avez-vous laissé mourir ? » (p. 345)

Dans la troisième partie, nous retrouvons une Briony plus âgée, plus mûre et lucide, une Briony qui va chercher à expier ses fautes.

Mais l'ultime épilogue remet tout en question dans une magnifique virevolte orchestrée par les metteurs en scène de talent que sont Briony et l'auteur... Ce dernier nous mène vers une réflexion profonde sur le pouvoir de l'écriture et de l'écrivain, scénariste, metteur en scène, menteur et affabulateur.

« C’était la pensée, la perception, les sensations qui l’intéressaient, l’esprit conscient, comme une rivière à travers le temps, et la manière de représenter la progression de son cours autant que tous les aflluents qui la gonfleraient, et les obstacles qui la détourneraient. Si seulement elle avait été capable de décrire la lumière limpide d’un matin d’été, les sensations d’un enfant à une fenêtre, la courbe et le plongeon d’un vol d’hirondelles au-dessus d’un bassin. » (p. 370)

Grâce à une étude psychologique très fine placée sous l’égide de Bergson et de Virginia Woolf, Ian McEwan nous offre un chef d'oeuvre inoubliable.

Ce que j’ai moins aimé :

J’ai lu ce roman pour la première fois il y a 10 ans et à l’époque la partie concernant Robbie à la guerre m’avait semblé longue et violente. A ma deuxième lecture, elle m’apparaît comme totalement cohérente, s’inscrivant parfaitement dans l’ensemble magnifiquement construit du roman.

Premières phrases :

« La pièce de théâtre – dont Briony avait conçu affiches, programmes, billets, construit la caisse à l’aide d’un paravent renversé et garni la boîte à monnaie de papier crépon rouge -, elle l’avait écrite en deux jours de furie créatrice, au point de sauter un petit déjeuner et un déjeuner. »

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