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"Le Capitaine Fracasse"

Publié le 12 avril 2012 par Artemisia72

Hé oui, si improbable que cela paraisse, je n'avais pas encore lu Le Capitaine Fracasse, de Théophile Gautier ; j'ignorais le jeune et pauvre Baron de Sigognac (son nom pourtant ne m'était pas inconnu : il figure dans le Roman Comique de Scarron) et la ravissante Isabelle...

C'est un beau roman de cape et d'épée, situé au début du XVIIème siècle (l'époque même du Roman comique !). Le jeune Baron de Sigognac, totalement désargenté, suit une troupe de théâtre pour se rendre à Paris, tombe amoureux de la "jeune première" qui, bien entendu se révèlera de naissance noble, lutte contre un méchant séducteur qui, naturellement, se découvrira le frère de la belle, et deviendra le meilleur ami du Baron...

Tout ceci est amusant, séduisant - comme l'amour réciproque du jeune Baron pour son vieux chien et son vieux chat, dans sa demeure délabrée... 

Mais il ne faudrait pas avoir lu avant le Roman comique ! Quelle platitude dans les personnages de "grotesques" que compte la troupe, à côté de Ragotin et de la Rancune ! Et si Isabelle vaut bien Mlle de l'Étoile, le Baron de Sigognac, alias le Capitaine Fracasse, paraît bien fade auprès du Destin !

Et puis surtout, chez Scarron, malgré l'écrasante prédominance du récit sur les dialogues (même les disputes sont narrativisées), la multiplicité des tons, la brièveté des chapitres, donnaient une impression de rapidité, de légèreté, un peu analogue à ce que l'on retrouvera chez le Stendhal de la Chartreuse de Parme. Chez Théophile Gautier, l'on va d'un train de sénateur, parce que la narration est sans cesse alourdie de descriptions aussi lourdes qu'inutiles. D'entrée de jeu, le château de la misère nous est décrit dans les moindres recoins ; on ne nous épargne pas une vitre cassée, par un grain de poussière, pas une moisissure. Jusqu'au pelage du chat à la queue et aux oreilles coupées... De même, on ne peut rencontrer un nouveau personnage sans que l'on nous détaille sa tenue (sous-vêtements compris), sa coiffure, la couleur de ses cheveux et celle de ses yeux...

Alors le lecteur, lassé, saute allègrement aux scènes d'action, les plus réussies.

L'on est loin, ici, de la description balzacienne qui est déjà de l'action, qui en quelques traits campe une atmosphère, dessine un personnage...

Il faut lire le Capitaine Fracasse, mais pour mieux revenir à Scarron. 


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