Pour la plupart oeuvres de jeunesse, les monologues du célèbre vaudevilliste présentés au Studio-Théâtre du Français jusqu'à la fin du mois par Gilles David, sous le regard d'Alain Françon, n'ont certes rien d'inoubliable. Ces écrits permettent cependant au spectateur de saisir la loufoquerie naissante de l'auteur, la satisfaction certaine qu'il éprouvait déjà à placer ses personnages dans les situations les plus abracadabrantesques, et la cruauté avec laquelle il se plaisait à peindre ses contemporains et la petite bourgeoisie, d'une médiocrité totale... Sous le rire se cachait bien souvent une noirceur assez glaçante.
Si quelques uns des textes trouvent un écho amusant dans notre société du XXIème siècle, à l'image de ce député sans scrupule exposant ses recettes démagos pour se faire élire, de ce nonagénaire paraissant 30 ans car ayant eu recours à l'injection d'organes d'origine animale (annonciateur de la chirurgie esthétique, des manipulations génétiques et de leurs conséquences), d'autres se révèlent un peu plus poussièreux et poussifs. On pense au type qui se fait uriner dessus par tous les chiens du quartier, ou à l'homme qui soliloque en affirmant qu'il n'aime pas les monologues... Longuet.
Une surprenante petite pépite nous est offerte en guise de final et vaut à elle seule le déplacement. Elle s'intitule "La Mi-Carême" et compte parmi les rares nouvelles retrouvées de l'auteur. A son écoute, on découvre un Feydeau dramatique, très à l'aise dans ce registre et un romancier à la plume aussi efficace que celle du boulevardier. On se met alors à regretter qu'il n'ait plus souvent endossé cet habit.
Grâce à la maestria de Gilles David, le moment s'avère plaisant.
Pourquoi pas.
Photos : Christophe Raynaud de lage.
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