Il aura fallu plus d’un an à la maison de couture française pour élire son nouveau directeur artistique, après la scandaleuse mise à pied de John Galliano en mars 2011. Dotés de style parfaitement différent, les deux couturiers marqueront sans doute la célèbre marque de leur patte unique et inimitable. Face à face anglo-belge de deux personnages charismatiques…
Identité : né le 28 novembre 1960 à Gibraltar, Royaume-Uni.
Parcours : En 1981, il intègre la très réputée Central Saint Martins College of Art and Design, école de stylisme de Londres, d’où sortent les plus grands designers contemporains : Paul Smith, Riccardo Tisci, en passant par Phoebe Philo et Alexander McQueen. Parallèlement à sa formation artistique, il travaille comme habilleur au National Theatre de Londres, expérience qui influencera largement ses créations par la suite. Pour son défilé remarqué de fin d’étude, il s’inspire de la France révolutionnaire. Il découvre alors sa prédestination à l’excentricité. Sa collection 100% organdi sera présentée dans les vitrines de Brown’s, prestigieux grand magasin londonien.
Son diplôme obtenu, il lance sa marque propre et sa toute première collection composée de tailleurs en tissus orientaux. Celle-ci ne sera récompensée que d’un succès mitigé puisque les industriels de l’époque estime que le style Galliano ne peut s’adapter au prêt-à-porter. Mais Madonna commence a devenir une cliente régulière… C’est alors que Le PDG de LVMH, Bernard Arnault, le remarque et lui donne sa chance. Il accède au poste de directeur de la création du Prêt-à-porter et de la Haute-couture chez Givenchy en 1995 puis est transféré chez Dior l’année suivante. Sa mission sera de transformer l’image globale de la maison de couture. Son défilé « Clochards » de 2000, où il rend un hommage luxueux « à l’ingéniosité que déploient les déshérités pour se vêtir », marquera profondément la clientèle et le monde de la mode. Galliano, le rebelle, revendique la beauté de tous et fait défiler des mannequins atypiques : des nains et des géants, des gros et des minces, des jeunes et des vieux, des beaux et des laids.
Son style : Il réinvente les codes du punk-rock et créé un style impudique et érotique, que l’on surnommera bientôt « porno-chic ». Mais les silhouettes se veulent également intemporelles et exagérément romantiques et poétiques. John Galliano travaille le biais avec passion, ainsi que les superpositions et les transparences.
Raf SimonsIdentité : né en 1968 à Neerpelt, Belgique
Parcours : Celui-ci est plutôt inhabituel pour un couturier de mode : Raf Simons est diplômé de design industriel et mobilier en 1991. Une passion qu’il exercera en créant décors et meubles. Il s’adonne même à la construction et à l’architecture. Lorsque sa passion s’essouffle, Raf entreprend un stage chez un créateur anversois, Walter Van Beirendonck. La directrice du département mode de l’Académie royale d’Anvers, Linda Loppa, perçoit alors l’étendu de son talent et l’encourage dans cette voie. En autodidacte, il se dirige donc vers la mode masculine.
En 1995 naît ainsi sa première collection de prêt-à-porter masculin à son nom. Le succès est immédiatement au rendez-vous : sa vision anticonformiste, contemporaine et même futuriste du vêtements pour homme lui vaudra l’applaudissement des foules et la reconnaissance du milieu de la mode pendant les cinq ans de cette première aventure « modesque ». Mais le styliste belge est un touche-à-tout : il s’intéresse notamment aux arts plastiques et aux courants musicaux, pour lesquels il entreprend une année sabbatique afin de se consacrer entièrement à la recherche. Par la suite, il enseignera la mode de 2000 à 2005 à l’Université des arts appliqués de Vienne en Autriche. Peu après le lancement de sa marque Raf by Raf Simons, il est engagé chez Jil Sander en charge du prêt-à-porter féminin et masculin. Sa mission sera de respecter l’héritage de la créatrice originaire de Hambourg, dont les collections sont marquées par l’épuration des matières et des coupes.
Son style : Adepte d’un minimaliste extrêmement poussé, la griffe Raf Simons est caractérisée par un romantisme moderne et une influence du design industriel.
Avec l’arrivée de Raf Simons aux commandes de Dior, c’est un chapitre qui se clôt. Plus discret que son prédécesseur Galliano, élevé au rang d’icône de mode, le designer belge s’apprête à exercer un nouveau métier : la haute-couture. Dès aujourd’hui, rue Montaigne, la lourde charge de réinventer les codes féminins et le romantisme propre à la célèbre maison de couture parisienne, lui est attribuée. Nous lui souhaitons bonne chance.Maé-Lise D.