Quand elle reçoit une Victoire de la Musique, ma perception est étrange. Je vois Catherine Ringer et Rita Mitsouko. Bien sûr, on pense à Fred Chichin. Mais Catherine Ringer, qui s’est sans doute imposé de continuer, nous dit que la vie est là et qu’on ne va pas s’arrêter. D’ailleurs, peut-être que chanter est aussi une façon de continuer avec Fred Chichin. Il est là, dans ce disque, en filigrane. La gamine et la ville entière chantent « vive l’amour », mais l’amour ce n’est pas qu’un oiseau qui « lance ses trilles », c’est aussi le désir d’être prise et de « pleurer si tu te barres ». Mais la mort, qui sépare, ne parvient pas à séparer : « au fond de moi / oui c’est bien toi […] je suis deux ».
Et puis il y a tout ce qui lutte et se bat, comme le chantait Jean Ferrat : couleurs contradictoires, le vent qui souffle, et « y a rien à pardonner ». Puissance de la voix qui monte dans les aigus et qui sait se faire grave, musiques qui me prennent à corps et m’accompagnent, avec et sans Mahler.