Magazine Journal intime

Où il est question de Craven A, de dérapages et de 123456789 moutons!

Par Vivresansargent

On est Mardi 10 Avril :

Je suis dans la dernière ligne droite de mon séjour dans le Tarn et Garonne. Cet éco-lieu est des plus intéressant. Les habitants ont crées une association (Vallé et co) et ils se démènent, face à l’administration, pour faire en sorte que les terres que se partagent deux membres de l’association, appartiennent un jour, justement, à l’association. Ils veulent créer un endroit qui n’appartiendrait à « personne » mais où de nombreuses familles pourraient s’y installer, dans un esprit de collectivité autonome. L’idée est séduisante. Une solution pour l’avenir ? Penser la propriété autrement, voilà l’idée. Si le projet voit le jour, ces 40 hectares de terres pourront être partagés, loués par l’association. Les principes de base pour intégrer le projet est de penser en collectif, de penser à l’intérêt général, de penser à des constructions à impact minimal sur l’environnent et le plus autonome possible en terme d’énergie et d’apport en eau. Affaire à suivre !

Cet après-midi, je me suis fait plaisir. Seul, comme j’aime l’être, je me suis installé sur un coin de table du bus aménagé. J’ai mis Mano Solo à fond là-dedans. J’ai chopé une pierre plate, mouillée car, il pleut sur les fenêtres du bus, il pleut sur les fleurs, il pleut sur la yourte et il pleut sur les pierres. Ensuite, en passant entre quelques gouttes mais en ne parvenant pas à toutes les éviter, je part à l’atelier, récupérer un marteau.

Quand je reviens dans le bus, mon marteau à la main et le cheveux humide, Mano, hurle doucement (sa spécialité) : « Dans cette Espagne en feu, il brûlait dans mon dos, El mungo ! ». Cette phrase, je l’écoute. Les autres qui s’enchaînent à la vitesse du poète qui saigne (unité de mesure très peu connue), je les gueule avec lui. Je ne sais si le jeûne que je viens de réaliser a, aussi, un impact sur ma voix, toujours est-il que je gueule et gueule si bien, que je vois l’ombre du jeune défunt Mano, là-bas, dans le fond du bus, qui me jette des regards inquiets. « T’inquiètes mec ! que je lui lance, t’es pas près de tomber de ton pied d’Estelle (hi hi), je t’accompagne juste le temps d’une chanson et ensuite je redeviens un humble « écouteur de (tes) chansons » ! »

Et alors, à ce moment précis, si t’as suivi, un minimum, ce que bon diou j’te cause, tu dois te dire un truc du genre : « Mais alors, le marteau, et la pierre (mouillée), bordel, qu’est-ce qu’il en fait ! » Ou alors, ce qui est plus probable, tu te dis un truc du genre : « Faut qu’je pense à payer EDF moi ! » ou « J’espère qu’elle ne va pas me demander où j’étais hier ? » ou « J’ai mal au dos, fais chier ! ».

Pour les deux lecteurs qui suivent (merci à eux), le marteau et la pierre, une fois installé sur mon coin de table, la musique à fond, avec autour de moi, des arbres mouillés, des voitures mouillées, des gens mouillés (v’là qu’il recommence!) et tout un tas d’autres trucs mouillés, me servent à…casser les noix ! Pas les tiennes, padre ! celles des noyers des environs qui ont offert une quantité incroyable de fruits, aujourd’hui secs.

Tout ça pour dire que j’ai cassé des noix cet après-midi ! Faut être tordu pour raconter tout ça, au lieu d’aller à l’essentiel. J’aurais pu écrire, simplement : « cet après-midi, j’ai cassé des noix. » puis, je continuerais cet article comme ça : « J’ai baillé. J’ai épluché un oignon. J’ai éternué. J’ai changé de chaussures. J’ai allumé une bougie. J’ai fait un rêve. J’ai la tête qui éclate. J’ai encore rêvé d’elle. J’ai une tendresse particulière pour celles qui n’ont pas de manière. J’ai du succès dans les affaires. J’ai un piège à fille. J’ai tout fumé les Craven A. J’ai rangé un couteau. J’ai fermé la porte et j’ai marché. » Franchement, ça te plairait un article entier comme ça ? Si ça te dit, tu me le fait savoir et je t’en fais un rien que pour toi ! Et je suis un homme de parole, hey Carole !

Nous sommes Jeudi 12 Avril :

Tout le monde est convié et tout le monde… vient, cool! En général, quand on propose un bon repas de départ, on trouve facilement du monde pour mettre autour de la table. Cette table, faite de bois, se trouve dans une grande pièce, faite de pierre et il y a une grande cheminée qui, pleine de feu, réchauffe la tablée. Le temps froid et humide fait friser les cheveux des filles et gonfler les mains meurtries de ces hommes qui ne rechignent pas devant l’effort.

Je suis aux fourneaux depuis ce matin 11h pour préparer ce repas rassembleur, pour mon départ. Au menu, des graines germées, de la salade de pissenlits que Guillaume est allé cueillir dans les alentours, un beau poulet fermier, des courges cuitent à la vapeur et un velouté de tomates à la crème. Pour dessert, je me suis lancé dans la confection de mon premier pudding.

Je me souviens, le pudding de maman. Ces après-midi passés à rouler comme des fous, mon frère et moi, dans les rues de Mûrs-érigne, aux volants de nos bolides à deux roues pas toujours très rondes. Deux frères en vélo, ça a la petite tendance à la course sans fin. Des après-midi entiers à pédaler, à déraper, à faire des « roues avant », à rouler le plus longtemps possible sans les mains, à rester le plus longtemps possible à l’arrêt sans toucher les pieds par-terre, à rouler en arrière le cul sur le guidon, ou à faire une distance donnée en pédalant le moins possible, bref, que des bonnes idées qui occupent des mômes pendant des heures. Ces heures passées à se dépenser sans compter en sachant que plus tard, on allait se régaler au goûter. Ma maman à moi, elle nous gâtait à quatre heure ! Oh oui, elle nous gâtait ! Elle préparait des goûters pour dix car mon frère et moi on mangeaient comme quatre et ma sœur, elle aussi, à 16 heure, laissait ses poupées et pointait le bout de son nez. Je me souviens des puddings de ma rum, sans rhum ! Mon frère et moi, quand on savait que l’on allait avoir du pudding au goûter, on faisait tout ce qui exigeait vitesse ou agilité avant le goûter. Après, on faisait tout ce qui demandait de l’adhérence ! Les pudding de maman, c’était du plâtre ! Du bon plâtre mais du plâtre quand même. Merci maman pour tous ces « quatre heure » de notre enfance !

Nous sommes Vendredi 13 Avril :

Encore une session de stop, comme à chaque fois, quasiment parfaite ! Réussir à passer entre les gouttes, à choper le moindre rayon de soleil, à faire s’arrêter une dame qui JAMAIS ne s’arrête habituellement, me sauvant ainsi de onze bornes à pied, le sac sur le dos, le long des toutes petites routes de la campagne Aveyronnaise, qui, soit dit en passant, est très belle, c’est ce que l’on appelle une bonne journée de stop ! Pour cette session, j’ai juste marché six kilomètres, c’est bien comme ça ! J’ai mal aux épaules mais tout va bien.

18h30 :Quand j’arrive à Salmiech, ma destination finale (countdown : http://youtu.be/9jK-NcRmVcw) pour aujourd’hui, la pluie tombe drôlement ! Deux filles qui bossent à l’écurie viennent à ma rencontre, en voiture, pour que mon dernier kilomètre ne soit pas un enfer. C’est chouette ! Je rencontre donc Coralie et Fanny dans une « Renaud clito ». Mon dernier kilomètre n’est pas un enfer.

A peine débarqué à l’écurie, Emmanuel, le propriétaire des lieux, chaleureusement, me dit : « Salut ! C’est cool, on va chercher du foin, tu viens avec nous ? » et moi de lui répondre : « Euh…non, je vais plutôt me poser un peu, si c’est possible ! Je vais faire chauffer de l’eau et me désaltérer un chouille ! Je suis sur les routes depuis ce matin dix heure, ch’uis mort ! » Faut pas pousser mamie dans les orties !

Ma première soirée ici se passent très bien. Fanny et moi, on fait connaissance. On parle musique, voyages, WWOOFing et des autres sujets « obligatoires ». Cette première approche se passe bien. Je trouve un brin de motivation pour faire un pain pour le petit dèj de demain et, je file au lit.

Nous sommes samedi 14 Avril :

123456789, c’est le nombre de moutons que j’ai compté la nuit dernière ! La dernière fois que mon regard a accroché l’horloge de la chambre, il était 01h64, soit, 2h passé ! C’est pas m’endormir à cette heure qui a fait de cette nuit une trop courte nuit, c’est d’avoir ouvert les yeux à 04h49, pour ne plus les refermer de la nuit ! Il m’a fallu une partie de la matinée pour comprendre pourquoi je tournais comme ça dans mon lit c’te nuit ! Ce n’est pas dans mes habitudes, j’ai donc cherché le pourquoi du comment, je voulais comprendre ! Et j’ai compris l’ami ! J’ai réalisé que « obligé » par les codes sociaux et autres contextes particuliers, que j’ai bu trois cafés hier ! Trois ! C’est pas grand chose trois cafés contesteras-tu, hey glandu ! Le truc, c’est que je sors d’un jeûne. Mon organisme est pure comme le cœur d’une vierge ! Les 25 cl de café de la veille ont boosté mon corps bien comme il faut ! Le café, c’est pas bien, poils aux mains !

Ce matin au petit dèj, le programme de la journée est annoncé ! Quel programme ! On va bosser toute la journée, gloups ! J’aime pas ça ! J’aime pas débarquer dans une ferme et me rendre compte que les propriétaires ont carrément besoin de toi, WWOOFer, pour faire tourner la boutique ! J’y tiens à cette charte du WWOOFing dans laquelle on peut lire que les WWOOFers peuvent et doivent constituer eux-mêmes leur planning d’aide plutôt que de travail. Un peu comme le ferait un ami visitant un autre ami. Si le rythme reste le même, je ne resterais pas longtemps ici, c’est moi qui te le dit !

En plus, je découvre qu’il n’y a pas d’accès à internet pour les WWOOFers ! Cool ! Même si là, j’y suis pour quelque chose car normalement, avant de débarquer quelque part, je me renseigne toujours sur ce point. Mais partout où je suis allé, il y avait le net ! Donc, pour la première fois, je ne l’ai pas fait et, évidemment, ici, pas de net ! Grrr !

Une chose positive arrive tout de même. On va faire une balade à cheval, chouette ! Ça fait des années que j’ai monté un canasson. J’aime ces animaux plein de grâce et de Kelly ! J’aime l’odeur de leur peau, mélange de terre, de crottin et de cuir. J’aime le bruit sourd de leur pas sur les chemins. J’aime la puissance de leur musculature. De braves bêtes ces chevaux ! Je monte Calif, un gentil cheval pour gros débutant tout nase comme moi. Je le brosse, je lui parle et lui, fière, ne me répond pas. Mais je sais qu’il m’écoute. Je lui murmure des trucs à l’oreille, comme un autre le fait dans un film.

Fanny, Manu et moi partons donc sur les hauteurs de l’Aveyron. D’après Manu, nous sommes à environ 600 mètres d’altitude. A la fraîcheur du fond de l’air, je le crois ! La goutte au nez, j’admire le paysage. La balade est chouette. Quand on rentre à l’écurie, tout le monde à faim. On déharnache les chevaux et on passe à table.

Manu me dit qu’il a trouvé une solution pour internet. Il m’indique un petit restaurant au cœur du village. Il me dit que là-bas, ça sera possible de me connecter, il a demandé à ses copains les propriétaires. C’est sympa de sa part. J’y vais.

Quand j’arrive au restaurant, je me présente et je ne leur dis pas que je m’appelle Henry, puisque je m’appelle Nicolas (on peut bien se marrer, non?)! La patronne me dit qu’il n’y a pas de problème et que je peux me connecter, cool ! On se retrouve donc dans son bureau, à la recherche du code de sécurité pour que je puisse accéder à la WIFI (dèle, t’es vieux!). Elle trouve le code. Je m’installe entre deux tables dans un coin. Je pousse la nappe de dentelle style1920, je commande un Pérrier et je surf.

Pour finir cet article, une histoire drôle :

C’est l’histoire d’un sucre qui rentre dans un café et…. plouf !

Voyager plus pour vivre plus

 The end


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