HOTEL DE CRILLON, PARIS. Alors que François Hollande et Nicolas Sarkozy s’affrontaient au deux bouts de Paris lors de rassemblements géants en plein air, un incident dramatique a terni celui du président sortant, qui avait réuni la « majorité silencieuse » à la Concorde.
A la fin de son meeting, Nicolas Sarkozy s’est en effet livré au traditionnel bain de foule. Au moment où il s’approchait ainsi d’un groupe de jeunes majoritaires et silencieux, plusieurs d’entre eux, profitant de la cohue et de la confusion des mains se tendant pour toucher le candidat, ont tenté d’arracher la montre de prix du poignet présidentiel, contraignant celui-ci à utiliser ses réflexes éprouvés de prestidigitateur pour l’enlever lui-même et la glisser dans sa poche. Passablement choqué selon son entourage, il a ensuite, aussitôt ses obligations remplies, été exfiltré vers ses appartements.
Sarkozy manque de perdre sa montre à la Concorde par LeNouvelObservateur
La presse d’opposition n’a pas tardé à diffuser la vidéo de l’agression, qui a très vite circulé parmi les membres de la majorité silencieuse encore présents à la Concorde, occupant toutes leurs conversations. Comment un tel acte odieux avait-il pu se produire en plein triangle d’or, malgré une forte présence des services d’ordre de l’UMP, de la police, des CRS, des vigiles des sociétés privées, des agents en civil de la protection civile et de la DCRI, du Service de Protection des Hautes Personnalités, des drones de surveillance de l’armée, et surtout de la majorité silencieuse, que le président avait appelée à son aide ?
Parmi les Jeunes Populaires et les Étudiants avec Sarkozy, chacun avait son explication sur le triste événement. Pour Edith, 69 ans, cadette du groupe, cela ne pouvait être qu’un acte d’affection mal compris : « ces jeunes savaient très bien qu’ils voyaient le président pour la dernière fois, et ils voulaient garder un souvenir, c’est tout ». Hypothèse vivement balayée par Simone, 75 ans, référente des Jeunes Actifs avec Sarkozy du Bas-Rhin : « l’explication sociale n’annule pas la responsabilité ! Nicolas a été trop bon avec les jeunes pendant son mandat, ils se sont amollis, ils ont perdu toute fibre morale ». Gaston, 81 ans et tout récent porte-parole des Apprentis avec Sarkozy de Haute-Garonne, s’interrogeait quant à lui sur le traitement infligé à la majorité silencieuse. « A force d’être méprisée par les bobos et les médias parisiens, à force de voir la justice traîner dans la boue son candidat, elle se révolte, il y a une colère qui bout, et qui pousse les moins sages d’entre nous à passer à l’acte. C’est le président qui a pris, c’est malheureux, ça aurait aussi bien pu être un gauchiste ».
A moins que les « mains baladeuses » dénoncées par Gaston n’aient pas appartenu à la majorité silencieuse ? « La majorité silencieuse ne « dépouille » pas son porte-parole », nie farouchement Germaine, fondatrice à 78 ans des Cadets Sarkozystes, qui a repéré dans la foule et sur la vidéo « des jeunes d’apparence musulmane ou même africaine », dont elle ne voit pas « ce qu’ils avaient à faire là ». « Ils n’avaient qu’à aller chez l’autre zouave au zoo de Vincennes ! ». Très remontée, la sémillante septuagénaire dénonce l’organisation trop légère du meeting de la Concorde. « D’habitude, on ne laisse entrer que le public rémunéré ou emmené par un car homologué, c’était beaucoup trop ouvert aujourd’hui, je ne comprends pas qu’on laisse le président aussi proche d’une foule spontanée et mal contrôlée ». « Encore un coup de Copé ! », lance un de ses voisins, qui ne souhaite pas voir son nom publié.
C’est à Achille, jeune volontaire de 87 ans « dont 70 ans de PMU » que revient le dernier mot : « en 10 ans notre Nicolas n’a pas eu le temps de nettoyer toute la racaille de ce pays, faut lui en donner encore au moins 5 de plus ! ». Un enthousiasme qui réchauffait visiblement le cœur de tous les autres jeunes majoritaires silencieux présents.
Reportage par Romain Pigenel pour l’Agence de Presse Variae