Il faut maintenant poser sur Jérôme un regard bienveillant que les incertitudes du personnage ne voileront pas : un gosse de vingt ans empli d'une exceptionnelle gravité, née d'une conjoncture à laquelle vous comme moi aurions pu être confrontés sans pour autant en tirer les mêmes conclusions. Le moment de l'histoire où nous surgissons, les déterminants familiaux plus ou moins supportables qui nous sont impartis, les goûts et les dégoûts habiles à nous pousser dans des retranchements pas toujours très bien fortifiés, voilà le lot, la matière palpable jusqu'à l'ivresse.
Mathieu Riboulet, L'Amant des morts, Verdier, 2008.