"Écrivain new-yorkais, la cinquantaine, Thomas Nesbitt reçoit à quelques jours d'intervalle deux missives qui vont ébranler sa vie : les papiers de son divorce et un paquet posté d'Allemagne par un certain Johannes Dussmann. Les souvenirs remontent... Parti à Berlin en pleine guerre froide afin d'écrire un récit de voyage, Thomas arrondit ses fins de mois en travaillant pour une radio de propagande américaine. C'est là qu'il rencontre Petra. Entre l'Américain sans attaches et l'Allemande réfugiée à l'Ouest, c'est le coup de foudre. Et Petra raconte son histoire, une histoire douloureuse et ordinaire dans une ville soumise à l'horreur totalitaire. Thomas est bouleversé. Pour la première fois, il envisage la possibilité d'un amour vrai, absolu. Mais bientôt se produit l'impensable et Thomas va devoir choisir. Un choix impossible qui fera basculer à jamais le destin des amants. Aujourd'hui, vingt-cinq ans plus tard, Thomas est-il prêt à affronter toute la vérité ?" (Note Editeur)
Dernier opus du plus frenchy des écrivains américains, Douglas Kennedy, Cet instant-là est indéniablement l’un de ses romans les plus personnels tant les références à sa propre histoire sont présentes. J’avais vu il y a de cela quelques mois, un documentaire sur cet auteur populaire qui s’intitulait « Douglas Kennedy ou l’éloge de la fuite », un sujet récurrent dans nombre de ses romans, fil conducteur de son œuvre tel un reflet de son existence. On y découvrait l’écrivain, sa rigueur dans l’écriture, tant de lignes par jour, à tel moment de la journée, sa machine à écrire positionnée au millimètre de façon à tourner le dos à la fenêtre pour ne pas être distrait. On apprenait aussi beaucoup sur l’homme : son goût du café, du sport, son amour de la grande musique, sa solitude, son besoin viscéral de voyager, et en toile de fond son épouse qui fait le même constat sur son mariage que l'épouse du narrateur dans le livre…
Beaucoup des éléments de ce film me sont revenus à la lecture de Cet instant-là, son attachement à l’Allemagne qu’il connaît bien, notamment pour son Berliner Philharmonie qu’il fréquente assidûment. Passée cette première impression de déjà-vu, je me suis plongée dans cette histoire en me demandant si je n’avais pas la berlue. S’agissait-il d’un roman teinté d’autobiographie ? J’ai donc essayé de garder à l’esprit la petite assertion « ce livre est une œuvre de fiction ».
Nous voilà donc plongés 25 ans en arrière, dans le Berlin coupé en deux par un Mur. Auteur d’essais de voyages, le narrateur américain bourlingue autant que possible pour récolter la matière qui donnera vie à ses écrits. Arrivé en Allemagne après plusieurs histoires d’amour plus ou moins sérieuses, le voilà qui tombe éperdument amoureux d’une jeune berlinoise un peu paumée, réfugiée politique qui débarque tout juste de RDA et fait ses armes de traductrice dans la même radio que lui. Les deux amants s’aiment, s’adorent, se le disent, se le montrent tant qu’ils le peuvent jusqu’au drame : lorsque Thomas découvre que Petra n’est pas vraiment celle qu’il croyait. Bouleversé, son amour détruit, le voilà de nouveau en fuite, l’histoire de sa vie. Retour au présent, Thomas reçoit une lettre qui le ramène à ses souvenirs et va lui permettre de comprendre les circonstances dans lesquelles sa dulcinée de l’époque se trouvait, et qui expliquent beaucoup de choses…
Conclusion : Un roman qui se déroule sur plusieurs époques et dans plusieurs pays et qui malgré une première partie un peu laborieuse, apparaît comme un portrait très réaliste et très beau de la nature humaine et de ses failles. Un roman politico-psychologique sur la difficulté d’aimer, la culpabilité et la propension de l’homme à s’autodétruire. Ma note : 16/20.
Pour en savoir plus :
Paru chez Belfond
/ Octobre 2011
493 pages
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