Magazine Culture

20 avril / Battle against cafard(s) 1/4

Par Blackout @blackoutedition
20 avril Battle against cafard(s) 1/4 - Nouvelles de demain Toutes les nuits. Toutes les nuits il(s) revenai(en)t. Ce(s) sale(s) cafard(s) cuivré(s)… On ne peut pas dire qu'ils étaient laids, non. Plutôt, avec leurs antennes tactiles et leur manière de grimper sur du carrelage, qu'ils venaient d'un autre monde. Le premier était plutôt sympathique : Hugo n'en avait jamais vu, il ne savait même pas ce que c'était. Une espèce de libellule, râblée et translucide, qui semblait venir d'à travers le plafond. C'est tout juste si Hugo ne lui aurait pas donné à manger des miettes de pain. Bien sûr Hugo qui n'était pas plus idiot qu'un autre en avait déjà vu des cafards, au cinéma. Victor Victoria. Le coup du cafard dans la salade pour ne pas payer l'addition… Mais il n'avait pas fait le lien, voilà tout… C'est lorsque Lydie vint à manger comme souvent que l'affaire prit une autre tournure. Elle poussa un cri à décoller les papiers peints qui n'en avaient pas besoin à la vue de la bête… Un cafard ! un cafard hurla-t-elle… Hugo ne saisit pas tout de suite. Pour lui, les cafards vivaient dans les coins les plus sales de la terre, vaisselle traînant depuis une semaine dans l'évier, avec des restes de vomis, poubelles débordant de détritus millésimés, troupeau de moutons sous le lit slip douteux et chaussettes itou flottant sur le parquet disjoint, murs lépreux… Là ! Là ! Hugo ramassa un chausson, estourbit la bête qu'il avait failli nourrir et l'on ne parla plus de cet incident. Jusqu'au lendemain. Hugo était d'un tempérament aléatoire. Tout dépendait du premier pied qu'il posait sur le tapis de sol de sa chambre. Il pouvait faire rire aux éclats une troupe de copains béats, ou, dans l'heure qui suivait les faire suer avec des problèmes imaginaires. Etait-ce la péripétie de la veille ? Ce matin-là, Hugo se leva de fort fâcheuse humeur. Le spectre du cafard le lui donnait. Comme tous les matins au petit déjeuner, il sortit un yaourt du frigo. Il ouvrit la pellicule qui le scellait. Et. Il la lâcha. Sa vie allait dépendre du côté où le satané couvercle allait atteindre le sol : d'un côté, vierge de toute souillure, de l'autre tartiné de crème à la framboise. Hugo regarda impuissant le bout d'alu vriller comme feuille morte. Le temps a de ces secrets, là les microsecondes s'égrainaient comme des heures. Las. Le capuchon atterrit sans bruit. Côté confiture. Hugo saisit un verre et le projeta contre le carrelage de l'évier, il s'éparpilla dans la vaisselle de la veille : le monde était contre lui. Il songea un instant au suicide. Se contenta d'avaler un Lexomil, nettoya la minuscule bavure et attendit que le cachet fit effet pour nettoyer l'évier. Il se coupa, bien sûr, mais sous anesthésie, il en rit presque. La journée s'écoula morose et ses amis de comptoir, il ne travaillait plus depuis un certain temps, s'aperçurent tout de suite qu'il avait le masque des mauvais jours et s'abstinrent de chambrer, comme ils le faisaient quelquefois. Le barman osa un "quelque chose ne va pas, Hugo ?". "Rien, le cafard" coupa Hugo, ne laissant rien paraître de l'ambiguïté du propos. Il commanda une mauresque, comme de coutume et s'installa à la table de la belote, comme tous les jours. Hugo grommela toute la partie, ce qui exaspéra un petit nouveau, les autres avaient l'habitude, mais finit par gagner. Herbert le soupçonna de tricher, mais n'en aurait dit mot pour un empire, les colères soudaines d'Hugo étaient redoutables. La vie de cet homme sans âge apparent, moyennement beau, bouteille pleine bouteille vide, c'est selon, prenait des allures de coucou suisse. Il rentra chez lui pédibus, il n'avait pas de bagnole, même pas le permis. A quoi cela sert-ce lorsque l'on habite en ville ? Et puis sa petite pension ne lui permettait pas ce luxe, ni la masse de tranquillisants qu'il avalait chaque jour. A suivre... demain !

Tweeter

Suivre @blackoutedition

© Black-out


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Blackout 292 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines