Ralph Azham T3 : Noires sont les étoiles (Lewis Trondheim) - Dupuis

Le rythme de sortie frénétique continue pour "Ralph Azham", dont le tome 3 sort déjà un an après les débuts de la série. On a l’habitude avec Lewis Trondheim, auteur plus que prolifique, et cela n’est pas inquiétant, car on connait la qualité de son travail même à haute vitesse. Ce troisième volume, "Noires sont les étoiles" conclut le premier cycle de la série. Ralph s’est donné pour mission de voler la couronne de Tanghor, artefact magique pouvant rendre la mémoire à sa soeur. Hélas pour lui, sa tête a été mise à prix et beaucoup de gens sont à sa poursuite dans l’espoir de toucher la prime.

Graphiquement, Trondheim use de sa patte habituelle : personnages animaliers bien sûr, pas mal d’architecture (l’épisode se passe quasi-exclusivement dans les villes de Onophalae et Astolia), utilisation massive de plan en plongée et contre plongée. Si les personnages ont moins d’empathie que la bande à Lapinot ou que les héros de Donjon, les fans de Trondheim ne seront pas déçus par le trait de l’auteur qui se bonifie à chaque album.

Les "super-pouvoirs" des personnages que Trondheim dévoile au fur et à mesure des épisodes lui permettent d’envisager le scénario comme il le souhaite, mais a le vilain défaut de ne pas structurer l’univers de Ralph Azham. Comme tout est possible, on a du mal à s’intéresser aux méthodes de Ralph pour arriver à ses fins, on se dit "bah on va nous servir un nouveau pouvoir de tel personne ou tel objet et le problème sera résolu". On n’arrive pas à grimper dans une tour ? On balance un collier magique qui va tout péter. Des centaines de gardes encerclent le héros ? Il a le pouvoir qui les tue tous à distance. Si certains choix scénaristiques sont discutables, on ne pourra pas tergiverser sur la force des textes. Trondheim reste un expert du bon mot et du dialogue succulent, et bon nombre de répliques vous feront sourire.

Lapinot reste dans le coeur de nombreux fans de l’auteur, mais Ralph Azham ne démérite pas à essayer de lui faire de l’ombre dans cette série dont la première trilogie s’achève sur "Noires sont les étoiles". Une bonne BD qu’on conseillera néanmoins aux plus grands, car un peu complexe pour les moins de 10 ans, malgré son aspect faussement enfantin. Et bonne nouvelle, Lewis Trondheim ayant déjà réalisé les deux tiers du tome 4, l’attente ne sera pas longue pour la suite des aventures du canard à bec bleu.