On l’a déjà dit dans ces colonnes, autant on reconnaît volontiers à Luc Besson un talent pour la mise en scène et un certain flair en tant que producteur, autant on n’est pas franchement fan de ses efforts de scénaristes, pour ses propres films et surtout pour ceux des copains qu’il produit. Généralement, les intrigues des films d’action qu’il imagine tiennent sur un post-it. On y trouve systématiquement un gentil très coooool et plein de méchants pas cooool, une demoiselle en détresse qui permet au héros de faire quelques vannes bien machistes, des flingues pour faire pan-pan, des gros bras pour faire pif-paf-aïe et des voitures pour faire vroum-vroum lors de courses-poursuites en quatrième vitesse… A la fin, le héros terrasse le plus méchant du groupe de méchants et drague la fille qu’il vient de sauver…
Aussi, quand on a vu le nom de Luc Besson associé au scénario de Lock out, on avoue qu’on n’a pas franchement été rassurés. Et encore moins quand on a lu le synopsis, qui tombe pile-poil dans le schéma évoqué plus haut…
Donc, dans Lock out, Snow (Guy Pearce), un gentil très cooool, sorte de super agent secret des années 2070, capable d’encaisser les coups tout en gardant son sens de l’humour, est piégé au cours d’une mission. Il se retrouve accusé d’avoir assassiné un Général de l’armée américaine pour lui dérober des informations stratégiques et est condamné à trente ans de cryogénisation dans le pénitencier MS-1, une prison expérimentale en orbite autour de la Terre.
Mais juste avant qu’il soit envoyé là-bas, la prison est secouée par une émeute d’envergure. Un psychopathe a réussi à se débarrasser de ses geôliers, à décongeler les autres détenus et à prendre tout le personnel en otage, ainsi que la fille du président des Etats-Unis (Maggie Grace), qui n’a rien trouvé mieux à faire que de visiter la prison à ce moment-là.
En échange de la promesse d’une peine allégée, Snow se voit confier la lourde tâche de sauver la fille – la fameuse demoiselle en détresse – pour que l’armée puisse donner l’assaut en toute sérénité. Mais il accepte surtout cette mission pour retrouver un des détenus qui possède les éléments pouvant le disculper du meurtre du général… Au programme, des vannes machistes, des fusillades et des bagarres. Ouf, comme tout se passe dans l’espace, il n’y a pas de poursuite en voiture…
Ah, si, pardon, il y en a une quand même. Au tout début du film. Très rapide, montée à la tronçonneuse et filmée n’importe comment, à grand renforts d’effets numériques assez laids…
Bon, cela dit, si l’intrigue n’est ni franchement originale – c’est une variante de New York 1997 de Carpenter -, ni subtile, elle a au moins le mérite d’être efficace. Au schéma-type des films d’action Europacorp se superpose la bonne vieille recette des Die Hard : Action virile et humour cinglant.
Guy Pearce n’est pas taillé comme Bruce Willis ou Kurt Russell mais il possède ce flegme très britannique qui lui permet de balancer d’irrésistibles vannes assassines qui font aussi mal que des coups de poings au visage. Ses adversaires ont de bonnes trognes de psychopathes, que ce soit Vincent Regan, le chef aux yeux bleus comme l’enfer ou Joseph Gilgun, son frangin à euh… l’oeil vitreux. Quant à la demoiselle en détresse, elle est mignonne à croquer puisque c’est la belle Maggie Grace qui tient le rôle…
Et si on peut tout à fait trouver regrettable que les situations induites par ce thriller à huis-clos ne soient pas mieux exploitées que cela, et que la mise en scène soit particulièrement plate, l’ensemble est quand même suffisamment entraînant pour nous faire oublier ces petits défauts.
A vrai dire, au bout de 85 minutes de film, on en viendrait même à conclure qu’il s’agit d’une série B tout à fait acceptable. Sauf que le film dure encore dix minutes, et que Besson – ou ses coscénaristes – n’ont pas pu s’empêcher de boucler le film sur un rebondissement complètement débile qui vient nous rappeler qu’on est bien dans un film d’action Europacorp. Mais quelle erreur d’appréciation! L’intrigue du film, bien que très classique et ultra-prévisible, se suffisait à elle-même. Pourquoi aller chercher à tout prix le retournement de situation? Cela boucle le film sur une bien mauvaise note… Dommage…
Si vous n’êtes pas trop regardants sur la marchandise, vous pourrez peut-être apprécier cette petite série B (mais alors très petite, hein) décomplexée portée par un Guy Pearce très décontracté. Sinon, attendez plutôt la sortie de The Avengers (pour le spectacle) ou de The Raid (pour l’action bouillonnante)…
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Lock out
Lockout
Réalisateurs : James Mather, Stephen St. Leger
Avec : Guy Pearce, Maggie Grace, Vincent Regan, Joseph Gilgun, Lennie James, Peter Stormare, Jacky Ido
Origine : France, Etats-Unis
Genre : série B comme Besson
Durée : 1h36
Date de sortie France : 18/04/2012
Note pour ce film : ●●○○○○
contrepoint critique chez : Excessif
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